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Le Flem Paul
1881-1984

Paul Le Flem

Né à Radon dans l'Orne le 18 mars 1881, mort à Tréguier dans les Côtes-d'Armor le 31 juillet 1984.

Né dans une famille bretonnante, sa mère décède en 1885 et son père en 1893. Il est recueilli par sa famille à Lézardrieux dans le Trégor.

En 1895, il intègre l'École navale de Brest, mais sa mauvaise vision l'oblige à poursuivre sa scolarité au lycée de Brest où il obtient le baccalauréat, et apprend la musique en autodidacte.

Son premier professeur de musique est Joseph Farigoul, chef de la Musique des Équipages de la Flotte à Brest.

De 1899 à 1902, il étudie médiocrement l'harmonie en auditeur libre au Conservatoire national de Paris sous la direction d'Albert Lavignac.

Après l'obtention d'une licence de philosophie à la Sorbonne (il a suivi les cours d'Henri Bergson), en 1902, il séjourne à Moscou où il est employé comme précepteur jusqu'en 1903. Il y acquiert une bonne connaissance de la langue russe.

À son retour à Paris, il s'inscrit à la Schola cantorum jusqu'en 1909, où il suit les cours de composition avec Vincent d'Indy, de contrepoint avec Albert Roussel, et de plain-chant avec Amédée Gastoué.

Il est mobilisé à la Grande Guerre. Revenu à la vie civile, il doit veiller à sa situation pécuniaire, et ralentit le rythme de production de ses compositions.

De 1921 à 1937, il est critique musical à « Comœdia », de 1920 à 1939 (aussi à « L'Écho de Paris » et au « Temps présent »), professeur de contrepoint à la Schola cantorum, en 1924-1925, il dirige le chœur de l'Opéra-Comique, et de 1925 à 1939, la maîtrise de Saint-Gervais.

Atteint de cécité, il met un terme à son activité de compositeur en 1975.

Héritier de Claude Debussy, son œuvre évolue entre modalité et atonalité et vers l'abandon de la structuration thématique (4e symphonie). Ses premières œuvres sont instrumentales, puis à la fin des années 1930, revenant à la composition, il s'intéresse particulièrement à l'art lyrique, avec notamment la composition en 1938 de son premier opéra, Le Rossignol de Saint-Malo, créé à l'Opéra-Comique en 1942. Après l'échec de La Magicienne de la Mer, il se tourne à nouveau vers les œuvres instrumentales.

Jesús Arámbarri y Gárate (1902-1960), André Jolivet (1905-1974), Knudåge Riisager (1897-1974), Marcel Mihalovici, Roland-Manuel, furent, parmi d'autres, ses élèves.

ll a reçu le Prix Lasserre de l'Institut de France et le Grand Prix de la ville de Paris. Il siégeait au Conseil d'administration de la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique).

Paul Le Flem

Documents

Landormy Paul, La musique française après Debussy. Gallimard, Paris 1943 (6e édition), p. 272-274.

Paul Le Flem nous vient de Bretagne, comme Guy Ropartz, comme Louis Aubert, comme Louis Vuillemin. Il a tout du Breton les yeux surtout, de petits yeux gris-bleu sous des cils foncés, des yeux qui rient, qui chantent, qui disent le courage, la fantaisie, la rude gaîté, peut-être pas tant la mélancolie. Il a aussi le poil roux si fréquent en Bretagne et le parler rapide. Un petit homme solide, carré, d'aplomb et allant.

La Bretagne est certes un pays musicien. Je n'en veux pour preuve que les admirables chansons populaires qu'on a pu y récolter. Consultez seulement le recueil de Bourgault-Ducoudray : vous y trouverez des merveilles, et non seulement des chansons gaies, plaisantes, des chansons amoureuses, des chansons tendres, mais aussi des chansons d'une grandeur ou d'une profondeur d'inspiration vraiment extraordinaire, exprimant tout l'intime du cœur par les moyens du plus haut et du plus large style, le Semeur, le Soûl monte, Dimanche à l'aube, Mona.

Dans aucune autre province, vous ne rencontrerez des mélodies populaires de cette envergure.

Donc, les Bretons sont musiciens, puisqu'ils ont inventé ces chansons magnifiques.

Et pourtant, quand on se promène en Bretagne, on peut éprouver l'impression contraire. Écoutez-les chanter. Ils chantent mal, ils chantent faux, ils crient, ils braillent à tort et à travers. C'est qu'ils ne chantent plus les vieux airs de leur pays. Ils les ont abandonnés pour les airs à la mode qui leur viennent de Paris, affreuses productions d'une industrie à bon marché. Ces airs-là, ils ne savent pas les chanter. Ils ne savent pas, parce que leur gosier, formé par la rude langue bretonne, a ses exigences et ne s'accommode pas de n'importe quelle musique. Il lui faut la sienne, faite pour les accents du langage celtique.

De ce pays enchanté de Bretagne, de ce pays du mystère, des légendes et de la mer changeante, nous vient Paul Le Flem. Il est né à Lézardrieux, entre Paimpol et Tréguier, le 10 mars 1881. Et il nous en apporte une musique toute parfumée des senteurs de ses landes et toute imprégnée du souvenir de ces beaux chants anciens que chante encore le paysan en retournant sa terre ou la foule en suivant dans les vieilles chapelles de granit moussu les offices sacrés.

Des pièces de piano de Le Flem s'appellent : Par landes, par grèves, le Vieux Calvaire, le Chant des Genêts.

Toute son enfance, aux heures de loisir, il l'a passée à errer parmi les grèves, les landes et les bois. Puis il fit un long voyage en Russie, où il retrouva la musique, une musique toute proche du chant populaire. Il avait tâté du Conservatoire de Paris : mais l'enseignement ne lui en plaisait guère. Le hasard d'une promenade le mène un jour rue Saint-Jacques. Une pancarte attire son regard : École supérieure de musique. Schola Cantorum. Il entre. Il demande à travailler la composition. Vincent d'Indy l'inscrit à un de ses cours. Entre temps il avait pris une licence de philosophie à la Sorbonne. Esprit curieux, ouvert par mille portes sur les choses, sur la science et sur l'art. Il retrouve, à la Schola, dans l'enseignement de d'Indy quelque chose de ce sérieux, de cette méthode, de cet esprit d'analyse qui l'avaient séduit à la Sorbonne. Le voilà dans son milieu, dans son atmosphère. Le voilà sur sa route. Il se plaît en cette Schola, où l'on encourage les jeunes gens à rester fortement attachés à leur province d'origine, à cultiver en eux l'amour de leur petite patrie, à s'inspirer des chants qui les ont bercés en leur pays d'origine, et d'Indy donne lui-même l'exemple.

Dans cette Schola qu'il aime, Paul Le Flem reviendra plus tard. Aux côtés de d'Indy, il enseignera le contrepoint quand il sera devenu un maître à son tour. Ou plutôt, cette Schola, il ne la quittera jamais. Et peut-on dire même qu'il soit devenu un maître ? Oui et non. Oui, car il a, certes, acquis un talent et une autorité de valeur magistrale. Non, car il est resté trop jeune d'allure, de façons, de caractère, pour qu'on songe jamais à le qualifier de maître. Il aura toujours 20 ans.

Il a pourtant derrière lui un bagage important : une Symphonie qui fut composée en 1906 et 1907 et n'a été jouée intégralement que vingt ans après, en 1927, par Straram. La même année du reste, elle faisait son tour d'Europe. On l'entendait à Copenhague et à Bucarest, à Strasbourg et à Nancy. Elle revenait à Paris où Albert Wolff la mettait au programme des Concerts Lamoureux. Elle repartait pour Marseille.

A côté de la Symphonie, il faut citer parmi les œuvres pour orchestre : la Voix du large, la Fantaisie avec piano principal, le Triptyque, qui se divise en trois parties : Pour les Morts, Danse et Invocation.

Une des œuvres les plus charmantes de Paul Le Flem, c'est Aucassin et Nicolette, chante-fabie en un prologue et trois parties avec soli et chœurs. Outre les exécutions au concert, on en donna une quinzaine de représentations au théâtre Beriza, où elle reçut du public le meilleur accueil.

Paul Le Flem a encore écrit un beau Quintette et une remarquable Sonate piano et violon.

Il importe de signaler aussi Sept pièces enfantines pour le piano, tout à fait délicieuses. Paul Le Flem y a mis tout son cœur, toute la poésie, tout le charme, toute la tendresse dont il est capable et qui se rencontrent si rarement dans les ouvrages destinés au jeune âge.

Tout dernièrement (mai 1942), Paul Le Flem faisait représenter à l'Opéra-Comique un acte extrêmement joli, le Rossignol de Saint-Malo, d'après un vieux conte breton, mis en scène par Jacques Rouché avec un goût exquis, une œuvre pleine de couleur, d'esprit, de fraîcheur d'impression et d'une justesse de touche étonnante. Un des plus francs succès qu'il m'ait été permis de constater dans un théâtre de musique.


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Catalogue des œuvres

Paul Le Flem, Avril, Armand Bex (piano).
Paul Le Flem, Le vieux calvaire, Armand Bex (piano).
Paul Le Flem, Fantaisie pour piano et orchestre, Orchestre du Théâtre de Rennes, Annie d'Arco (piano), Pierre-Michel Le Conte (direction).
Paul Le Flem, Sept pièces enfantines, orchestrées, Rhenish Philharmonic Orchestra, James Lockhart (direction).

Bibliographie

Discographie

Aubade à la luneAubade à la Lune, Ensemble Aeneas : Œuvres de Charlotte Sohy (Triptyque champêtre), Jacques Pillois (Cinq haikai), Claude Debussy (Suite bergamasque), Paul Le Flem (Clair de lune sous bois), Paul Pierné (Variations au clair de lune). Sandrine François (flûte), Élodie Adler (Harpe), Christophe Ladrette (violon), Laurent Camatte (alto), Joëlle Ladrette (violoncelle). Hybrid'music 2013 (H1831). [+...] Lire la présentation


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