Né à Drucat-Plessiel (près d'Abbeville), le 15 février 1760 — mort à Paris le 6 octobre 1837.
Il est enfant de chœur à la collégiale d'Abbeville, puis à la cathédrale d'Amiens, où il suit ses études au collège.
En 1778 il obtient le poste de maître de chapelle de la cathédrale (Saint-Gervais) de Sées (Séez). Il y reste 6 mois, puis étudie l'harmonie auprès le l'abbé Nicolas Roze (1745-1819) qui l'emploie comme sous-maître.
Anonyme, Saint-Gervais de Sées, dessin à la mine de plomb, 1842
En 1779 il dirige la maîtrise de la cathédrale de Dijon, en 1782 celle du Mans, en 1783 celle de Saint-Martin de Tours, et succède à l'abbé Nicolas Roze (1745-1819) aux Saints-Innocents de Paris.
Nicolas Roze (1745-1819.
En 1786 il est choisi au poste de maître de chapelle de Notre-Dame de Paris. Il ajoute « de la symphonie » à sa musique pour le jour de l'Assomption. Le succès est énorme. Il emploie alors l'orchestre pour les fêtes de Pâques, de la Pentecôte et de Noël, ce qui provoque des discussions dans le monde ecclésiastique. En 1787, il publie son Exposé d'une musique une, imitative et particulière à chaque solennité. Il se rend quelques temps à Londres, il est licencié de Notre-Dame, pour abandon de poste.
De 1788 à 1792, demeure (à Normanville ?) chez le chanoine Bochard de Champigny. En 1792, à la mort du chanoine, il revient à Paris.
En 1793 il crée l'opéra La Caverne ou le Repentir qui tient l'affiche plus de 14 mois avec plus de 100 représentations. En 1794, Paul et Virginie ou le Triomphe de la vertu d'après le roman de Bernardin de Saint-Pierre, et en 1796, Télémaque dans l'île de Calypso ou le Triomphe de la sagesse.
Jean-François Lesueur, Oratorio pour le couronnement des princes souverains de toute la chrétienté, no 14, Allegretto pomposo e nobile, par le Chorus musicus Köln, Das neue Orchester, sous la direction de Christoph SperingEn 1795 il est élu membre de la Commission des études et Inspecteur au Conservatoire. Avec Méhul, Langlé, Gossec et Catel, rédige les Principes élémentaires de la Musique et des Solfèges du Conservatoire.
Il se brouille avec le Conservatoire en raison d'un conflit avec Catel pour les œuvres duquel l'Opéra a une préférence. On le soupçonne de vouloir saper les fondements du Conservatoire et de revenir aux maîtrises. Il est destitué de son poste d'inspecteur.
En 1804, il est nommé maître de la chapelle des Tuileries par Bonaparte en succession de Paesiello qui désire retourner en Italie.
Son opéra Ossian (ou Les Bardes) triomphe à l'Opéra avec un succès extraordinaire, puis il crée La Mort d'Adam. Pour le couronnement de Napoléon, il écrit une Marche triomphale et dirige à Notre-Dame une messe de Paisiello, et un Vivat de l'abbé Roze.
A la Restauration, il est nommé compositeur de la chapelle de la cour et chef d'orchestre de l'Opéra. Le 27 mai 1815 il est membre de l'Institut.
En 1818 il est professeur de la classe de composition au Conservatoire où il a comme élèves Hector Berlioz (1803-1869), Chrétien Urhan (1790-1845), Charles Gounod (1818-1893), Pierre-Louis Philippe Dietsch (1808-1865), Henri Reber (1807-1880), Antoine Marmontel (1816-1898), Louis Désiré Besozzi (1814-1879), Louis Fanart (1807-1883) qui sera maître de chapelle à Reims et l'un des premiers professeurs de Théodore Dubois, Antoine Elwart (1808-1877), Jules-Joseph Godefroid (1811-1840), Jean Baptiste Guiraud (1803-1864), Louis Schlösser (1800-1886), Ambroise Thomas (1811-1896)
On compte encore parmi ses œuvres les opéras Tyrtée, Artaxerce, Alexandre à Babylone. 33 messes, oratorios et œuvres religieuses. Les oratorios Deborah, Rachel, Ruth et Noemi, Ruth et Booz, L'Oratorio de Noël.
Le Salon de 1857, « Premier début de Lesueur, compositeur de musique », par M. Laurent Detouche.
VUILLERMOZ éMILE, Lesueur Jean-François. Dans émile Vuillermoz, «Histoire de la musique», «Les grandes études historiques», Arthème Fayard, Paris 1949 [8e édition], p. 168-170
Une vingtaine d'hymnes et œuvres de circonstance associent Jean-François Lesueur à Gossec, Méhul, Cherubini et aux autres compositeurs qui mirent leur art au service de la nation pendant la période exaltée du lyrisme civique et révolutionnaire. Mais cet artiste ingénieux et hardi, ce chercheur infatigable aborda d'autres domaines musicaux avec des ambitions novatrices qui firent de sa carrière artistique une longue bataille. Dès ses débuts il donne l'assaut aux traditions de la musique d'église. Après avoir été maître de chapelle ou directeur de la musique à Amiens, à Sées, au Mans, à Tours, à Dijon et aux Saints-Innocents de Paris, il finit par triompher d'un concours qui lui procure la direction musicale de Notre-Dame. Mais le clergé s'épouvante de la nouveauté de ses conceptions et, en particulier, de sa création d'un grand orchestre pour enrichir le décor sonore des offices. La magnificence de ces exécutions théâtrales attirait une telle foule qu'on avait surnommé la cathédrale de Paris « l'Opéra des gueux n. Ce succès trop fracassant lui fit perdre son poste.
Il se tourna alors du côté du théâtre profane et obtint un succès immédiat avec sa Caverne, tirée du Gil Blas de Le Sage, puis avec Paul et Virginie. Après de nombreuses difficultés avec l'Opéra il put faire jouer Télémaque dans l'île de Calypso, Ossian ou tes Bardes, le Triomphe de Trajan, la Mort d'Adam et camposa a un Alexandre à Babylone dont la fastueuse mise en scène ne fut jamais réalisée, pas plus que celle d'Artaxercès et de Tyrtée. Dans tous ces ouvrages, Lesueur recherche des effets scéniques nouveaux, exige des décors compliqués, une figuration considérable, des accessoires saisissants, des animaux dressés, et dépense une érudition déconcertante dans le domaine de l'antiquité classique et dans celui d'un exotisme plus ou moins conjectural. Il est hanté par les présentations grandioses et les instrumentations exceptionnelles.
Professeur de composition au Conservatoire, il eut d'illustres élèves dont les plus célèbres sont Hector Berlioz, Charles Gounod et Ambroise Thomas. Son influence sur le développement de leur talent fut indéniable. En tout cas on ne saurait sans ingratitude et sans offenser la vérité historique attribuer à Berlioz, comme on le fait si souvent, l'initiative des exécutions à grands effectifs avec intervention d'instruments spectaculaires et d'accents cc apocalyptiques, ninivites et babyloniens » : l'auteur de la Fantastique n'a fait qu'imiter docilement son maître effervescent et les musiciens de la Révolution qui, bien avant lui, avaient fait entrer dans leurs cantates en plein air les canons, les cloches, les salves de mousqueterie, les fanfares, les orchestres géants, les choeurs monstres et les trompettes de Jéricho. Il fallait, d'ailleurs, le survoltage d'un bouleversement social comme celui qui enfiévra les hommes de ce temps pour donner à nos artistes cet appétit du « colossal », si étranger au goût français. Berlioz fut, chez nous, non pas le premier mais le dernier malade de cette fièvre éruptive et de ce gigantisme auriculaire qui annonçait le romantisme, mais dont le romantisme allait assez rapidement s'affranchir.
Jean-Marc Warszawski
2002-2005
refonte du miroir de page, révision de l'iconographie
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Mercredi 7 Février, 2024