Né à Chalon-sur-Sâone en 1522 ; mort à Châtillon-sur-Loing, en août 1597.
Il est issu d'une famille de la bourgeoisie aisée, son père fut député aux états Généraux de Blois en 1561. Guilliaud suit sa scolarité dans des écoles locales.
Il est l'un des précepteur de Charles de Bourbon (1523-1590), le futur archevêque de Rouen en 1550, et proclamé roi de France par les ligueurs opposdés à Henri IV en 1589.
Charles de Bourbon.
En 1552, il enseigne au Collège de Navarre à Paris, où il obtient son doctorat en 1561. Compositeur et chanteur, il exerce à la Sainte-Chapelle de Paris.
Entre 1549-1554, l'éditeur Du Chemin édite une dizaine de ses chansons.
Il est aussi chanoine et chanteur Chatillon-sur-Loing, prieur du cloître de Sainte-Geneviève-aux-Bois.
Il a également édité deux ouvrage de théologie de son père.
Rudiments de musique practique, reduits en deux briefs traictez, le premier contenant les precepts de la plaine, l'autre de la figurée par Maximilian Guilliaud natif de Châlon sur Saône
Rudiments de musique practique, reduits en deux briefs traictez, le premier contenant les precepts de la plaine, l'autre de la figurée par Maximilian Guilliaud natif de Châlon sur Saône.
MVSIQVE (laquelle est appellée practique) est vn art nous enseignant la maniere de bien chanter. D'icelle sont deux especes, c'est à sçauoir la simple, autrement appellée plain chant (de laquelle parlerons seulement en ce premier traicté) et la figurée, que le vulgaire appelle chose faite (et d'icelle traicterons au second) lesquelles sont differente par ce que l'une (sçauoir est la simple) a ses notes quasi toutes de forme, figure, et quantité semblables, estant proferées sans accroissement, ou diminution aucune. La figurée au contraire a les siennes de diuerse forme, ou figure (dont elle prend le nom figurée) et selon leur varieté inesgale ce profferent sous diuerse quantité, estant augmentées, ou diminuées selon qu'il est requis en Mode, Temps, et Prolation.
Or combien qu'en-ce elles soient differentes, il y a toutesfois telle affinité entre elles, que l'une, et l'autre sont fondées sur mesmes principes: desquels le commun fondement est l'eschelle de laquelle quiconques n'a parfaitte cognoissance, il ne peut rien cognoistre en l'art de Musique.
[...] Icelle est principalement diuisée en deux, sçauoir est en ordres de clefs, et deductions de voix. Et pour autant qu'on ne peut bonnement auoir l'intelligence des clefs (lesquelles sont composées principalement de voix) ne des deductions de voix, sans premierement entendre que c'est que voix. Il sera bon, auant que passer outre, icelles briefuement declairer. Icy donc nous appellons voix, vn son par lequel la vertu des clefs est exprimée, et sont six en tout demonstrées par six sylabes, vt, re, mi, fa, sol, la: Dont les trois premieres (à sçauoir vt, re, mi) sont propres à monter, et les trois autres (à sçauoir la, sol, fa) propres à deualer. Et pour ce que d'icelles les vnes proferent vn son doux, les autres dur (à l'esgard des douces) les autres mediocres,
Il y a sept clefs: F f fa ut ; G g gg sol ré ut ; A a aa la mi ré ; B b bb fa mi ; C c cc sol la ut ; D d dd la sol ré ; E e ee la mi. Mais trois sont principales.
Les clefs
La seconde partie comprend les deductions ordonnées (comme auons dit) selon trois diuers chants à sçauoir Bmol, dur, Nature. Deduction est donc vne conduite de six voix, selon leurs chants et situations propres: et tout ainsi qu'il y a trois ordres de clefs, aussi sont trois deductions de voix comprises en chascun ordre: Dont la premiere est du chant de B mol, lequel prend tousiours son origine de l'vt de F f ffa vt estant demonstré par tel charactere b, lequel est ainsi appellé pour ce qu'en quelque lieu qu'il soit mis (qui est proprement en B b bb fa mi) il demonstre que il faut proferer fa, qui est vne voix douce (comme auons dit) à laquelle quand on monte faut faindre, et amolir sa voix ne l'esleuant que de demi ton seulement. La seconde est du chant de dur, lequel prend tousiours son origine de l'vt de G g gg sol re vt demonstré le plus souuent par la figure d'un b quarré ainsi (Dont aucuns luy ont donné le nom) aucunesfois par telle # estant appellée dur, pour autant qu'en quelque lieu semblablement qu'elle soit signée (qui est aussi proprement en B b bb fa mi) elle demonstre qu'il y faut proferer mi, qui est vne voix dure (à l'esgard de fa) à laquelle quand on monte faut esleuer sa voix d'un ton entier sans aucunement la feindre, ou amolir: comme dirons par cy apres. La troisiesme est du chant de Nature, prenant tousiours son origine de l'vt de C c cc sol fa vt, n'estant demonstrée par aucun charactere: et est ditte de Nature quasi de neutre, pource qu'elle ne cause ne fa, ne mi, en B b bb fa mi, car elle ne s'estend iamais iusques la : comme l'on a peu voir en l'eschelle.
Ayant cogneu les parties de l'eschelle à sçauoir l'ordre des clefs, et deductions de voix, Il faut en apres sçauoir bien entonner ces six voix de deduction. Et pour ce commodement faire, faut esleuer, ou abaisser sa voix de ton en ton, excepté de mi à fa ou de fa à mi, ou il ne faut qu'un demy ton. Et pour plus facile intelligence de ce sera bon de cognoistre que c'est que ton, et demy ton.
Il est donc à sçauoir que ton n'est autre chose qu'une distance d'une voix à vne autre par vne seconde parfaitte: laquelle se fait d'une ferme, et non fainte esleuation, ou abaissement de voix: Comme d'vt iusques à re, de re à mi en montant, ou de mi à re, de re à vt en deuallant. Demi ton est vne distance d'une voix à vne autre par vne seconde imparfaitte, laquelle se fait d'une molle et fainte esleuation, ou abaissement de voix de mi à fa, ou de fa à mi, ou bien de la à fa en montant, et de fa à la en descendant quand il ne faut monter que d'un degré par dessus les six voix. Et ne faut entendre iceluy estre appellé demi ton, comme n'estant que la moitié d'un ton: Car vn ton (Comme dit Macrobe en son second liure Chapitre j. sur le songe de Sçipion) selon sa nature ne peut estre diuisé en deux: et pourtant il est dit improprement demi ton pour ce qu'il ne se profere du tout si parfaittement qu'un ton. Pour donc bien et seurement entonner ces six voix, faut (comme auons dit) premierement sçauoir esleuer et abaisser de ton en ton, ou bien de Secondes en secondes: puis de Tierces en tierces, de Quartes en quartes, de Quintes en quintes, finablement de Sextes en sextes. Et pour rendre la chose plus facile nous auons mis l'exemple cy dessous en la premiere deduction du moyen ordre, à l'imitation de laquelle on peut cognoistre le semblables aux deux autres deductions d'iceluy ordre, et consequemment aux autres deductions du bas et haut ordre.
Toutesfois et quantes que par dessus ces six voix s'en trouuera vne seule n'excedante que d'une seconde, elle s'appellera fa, sans faire muance, laquelle faudra profferer mollement mesmement sans aucun signe de b mol, pour ueu que celuy de dur n'y soit mis.
Des muances. Estant exercé à bien entonner ces six voix, faudra apres sçauoir deualler plus bas, ou monter plus haut que icelles: ce qu'on ne peult bonnement faire sans muance. Pour donc ce mieux entendre, et pouuoir faire, fault sçauoir que c'est que muance, et comme elle se fait. Muance (comme disent plusieurs) est vn changement d'une voix pour vne autre en vne mesme clef, pour monter ou deualler d'une deduction en autre, et pourtant elle se fait tant en montant, qu'en deuallant. Pour monter il conuient prendre re, et pour deualler la, et combien qu'il y aye quelque raison par laquelle on deburoit prendre vt pour monter, aussi bien que la pour deualler: Toutesfois puisque l'usage est ainsi receu par tout, ie ne veux pas m'ingerer à rien contredire en c'est endroit. Au surplus il fauldra bien regarder quel re, ou quel la, on prendra: Car il fauldra considerer diligemment la deduction en laquelle nous montons, ou deuallons, et prendre le re, ou le la, qui sera du chant de celle en laquelle nous passons: comme si nous montons de la deduction de nature en celle de dur, nous ne prendrons le re de G g gg sol re vt, qui est du chant de b mol: mais passans outre, prendrons celuy d'A a aalamire, qui se chante par [sqb] dur: qui est le chant de la deduction en laquelle nous montons. Et pareillement si nous deuallons de la deduction de nature en celle de b mol nous ne prendrons le la d'E e eelami, qui se chante par dur, mais celuy de D d ddlasolre, qui se chante par b mol qui est le chant de la deduction en laquelle nous deuallons. Et semblablement pour passer de toute deduction en autre, et pour ce commodement faire, faut noter les trois reigles suyuantes.
Iamais proprement ne se fait muance de b mol en dur, ne de dur en b mol, mais tousiours de l'un des deux en nature, ou de nature en l'un des deux.
Pour monter de nature en dur ou de b mol en nature, faut tousiours chanter re apres sol : Et pour monter de dur en nature, ou de nature en b mol, faut chanter re apres fa.
Pour descendre de b mol en nature ou de nature en dur faut tousiours chanter la après fa : Et pour descendre de dur en nature, ou de nature en b mol, la après mi.
La valeur de notes, et pauses cogneue selon leurs degrés, conuient en apres icelles sçauoir proferer par certaine mesure, que plusieurs appellent touchement, mettans difference entre iceluy et mesure, disant la mesure se faire en nombrant seulement les notes, ou pauses comme les signes le requierent, soit en chantant ou non: et le touchement ne se faire qu'en chantant soubs vn abaisser, ou frapper esgal à vn leuer : ce que me semble vray semblable. Et se reduit communement à la Demibrefue, moyennant qu'elle ne soit augmentée, ou diminuée outre sa propre valeur. Ce que toutesfois aucuns ne veulent estre obserué en Prolation parfaitte, ains en icelle le reduisent à la Minime. Or pour commodement faire l'vn et l'autre sur toutes notes, faut bien sçauoir resouldre les grandes en moindres le tout reduisant par multiplication. Ce que trouueront fort facile ceux qui auront quelque cognoissance d'Arithmetique. Et pource que plusieurs n'estans versés en icelle pourroient en ce trouuer quelque difficulté, nous auons le tout redigé en table comprenant le nombre des mesures ou touchements sur toutes notes en chascun signe. Et faut noter que le nombre dessus mis au droit de Prolation parfaitte demonstre la mesure, ou touchement reduit à la Minime, le dessoubs à la Demibrefue.
De l'augmentation, et diminution des notes, et pauses outre leur propre valeur.
Cognoissant le touchement (ou mesure du chant) sur chascune note, et pause selon leur propre valeur, Il est en apres requis cognoistre comme outre ce elles reçoiuent augmentation, ou diminution. Et pource facilement entendre, faut premieremenr obseruer quant aux notes, icelles pouuoir estre ainsi augmentées outre leur valeur propre par trois manieres, asçauoir par alteration, par poinct, et proportion de mineure inequalité: Et diminuées par deux, sçauoir est par imperfection, et proportion de maieure inequalité, comme declarerons cy apres. Secondement quant aux pauses, faut noter icelle estre ainsi augmentées, et diminuées seulement par icelles deux proportions, desquelles parlerons au dernier chapitre de ce present traitté. Dauantage il est à obseruer augmentation, et diminution se faire aucunesfois tant aux notes, qu'aux pauses par certains canons, lesquels faut reduire aux proportions susdittes.
CAUCHIE MAURICE (1882-1963), Maximilien Guilliaud. Dans « Festschrift Coczirz zum 60. Geburtstag », Herausgaben von Robert Haas an Joseph Zuth. Wien, Prag, Leipzig, E. Strache 1930, p. 6-8.
LESURE FRANÇOIS (1923-2001), Article Guilliaud. Dans Friedrich Blume (dir.) « Die Musik in Geschichte und Gegenwart » Kassel, Bärenreiter Verlag 1949-1968.
LESURE FRANÇOIS (1923-2001) & THIBAULT GENEVIÈVE (1902-1975), Bibliographie des éditions musicales publiées par Nicolas du Chemin. Dans « Annales Musicologiques » (I) 1953, p. 261.
Jean-Marc Warszawski
Dictionnaire des Écrits relatifs à la musique
Novembre 1995-2002
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Lundi 25 Décembre, 2023