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Escaich Thierry
né en 1965

Escaich Thierry

Né le 8 mai 1965 à Nogent-sur-Marne.

Il commence ses études musicales au Conservatoire de Rosny-sous-Bois, passe par celui de Montreuil (93), et les achève au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en 1992. Il y a obtenu les Premiers Prix d'harmonie, de contrepoint, de fugue, d'orgue, d'improvisation à l'orgue, d'analyse, de composition et d'orchestration.

En 1989, il reçoit le premier Prix du concours André Jolivet, tout nouvellement initié par Philippe Drogoz au Conservatoire de Montreuil (93), et doté par la SACEM. En 1990, il est gratifié du Prix de la Fondation franco-américaine Florence Blumenthal.

En 1991, il remporte le Premier Prix d'improvisation au Concours international de Strasbourg.

Il est nommé professeur au Conservatoire supérieur de Paris en octobre 1992.

Thierry Escaich, Improvisation sur un thème de Johann Sebastian Bach et de Johannes Brahms, Alte Oper Frankfurt, 13 janvier 2017.

En 1994, le Prix Nadia et Lili Boulanger lui est remis, la même année il est gratifié du Prix de musique symphonique de la SACEM.

En 1993, la SACEM lui décerne Prix Hervé Dugardin.

En 1997, il est nommé à la tribune du grand-orgue de l'église Saint-Étienne-du-Mont à Paris.

Ses enregistrements discographiques sont récompensés en 1995 par le Grand Prix de la Nouvelle Académie du Disque. En 1999, il reçoit le Prix Georges Enesco.

En 2002, il gagne le Grand Prix lycéen des compositeurs. En 2003 il est « compositeur de l'année » aux Victoires de la musique. En 2004, il est gratifié du grand Prix de la musique symphonique de la SACEM et en 2006, il est de nouveau « compositeur de l'année » aux Victoires de la musique classique.

Le 10 juin 2015, il entre à l'Académie des Beaux-arts.

Escaich ThierryPhotographie © Emmanuel Thomas, 2005.

Biographie de Thierry Escaich, catalogue des éditions musicales Billaudot

Pour qui veut parler de la musique de Thierry Escaich, une évidence aussitôt s'impose: on se trouve devant une oeuvre dont l'indiscutable personnalité est l'unique justification, ce qui la rend par là-même inclassable. Loin d'être un obstacle, cette constatation constitue le premier attrait que cette musique exerce sur le mélomane, interprète ou auditeur.

Il serait vain et même certainement ridicule de chercher à rattacher la musique de Thierry Escaich à un courant actuel de la composition musicale ou à une école particulière. On ne peut au mieux que tenter d'en appréhender les traits caractéristiques, d'y retrouver des filiations, d'identifier certaines options esthétiques ou d'isoler les éléments techniques. Mais les quelques siècles d'histoire de la musique qui constituent notre héritage ne nous laissent aucune illusion: aucune méthode ne nous livrera jamais le secret qui fait une grande oeuvre et on ne pourra jamais cerner l'indicible vérité de la création qu'en disant ce qu'elle n'est pas. Il y a, d'autre part, une telle adéquation entre l'homme et sa musique que l'on ne peut comprendre l'un sans parler de l'autre.

Au commencement était l'improvisation. A l'âge où l'éveil à l'univers des sons se fait vocation, l'oreille seule guide l'enfant dans ses premières explorations. Thierry Escaich se souvient d'avoir improvisé dès l'âge de sept ans. Né le 8 mai 1965, il a commencé ses études musicales au Conservatoire de Rosny-sous-Bois avant d'obtenir, de 1983 à 1990, huit Premiers Prix (dont ceux d'orgue et d'improvisation à l'orgue), au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, où il est désormais professeur.

Le problème du langage, qui a occupé une place si importante au cours du XXème siècle au point souvent de reléguer au second plan le discours qu'il produisait ne semble s'être jamais posé pour Thierry Escaich: «Je ne me suis jamais demandé: dans quel style vais-je écrire? Je ne supporte pas ceux qui se fabriquent un style ou procèdent à des expérimentations instrumentales. S'il y a démarche intellectuelle, ce n'est pas de la composition: c'est de l'ordre de la pédagogie. On ne fabrique pas son univers: on l'a ou on ne l'a pas...»

Et de citer l'exemple de Messiaen. Les accords de Messiaen ne sont pas «nouveaux» et ils ne sont de lui que par l'emploi qu'il en fait: c'est quelqu'un qui n'a pas refusé les apports de son époque. Seulement quand il les incorpore, c'est sa foi qui en fait une oeuvre originale. On ne doit pas se poser la question de faire progresser la musique. Des techniques d'écriture telles que la série ou les spectres de quarts de tons ne sont d'aucun secours si on ne sent pas une personnalité derrière. Messiaen apparaît donc comme un symbole ou une référence morale.

On trouve ainsi tout naturellement quelques apports sériels «domptés et absorbés» dans les premières oeuvres de Thierry Escaich, comme par exemple les Antiennes oubliées pour petit ensemble composées en 1989 et récompensées par un Premier Prix au concours de composition André Jolivet la même année. Cette oeuvre fait simultanément apparaître une source fondamentale dans la musique de Thierry Escaich et dont l'importance n'a fait que croître par la suite: il s'agit du chant grégorien dont les mélodies courent au long d'oeuvres aussi différentes que les Esquisses pour orgue de 1989 ou la première symphonie Kyrie pour une messe imaginaire de 1992. Qu'il s'agisse de faux grégorien comme dans les Antiennes oubliées ou les Suppliques pour clarinette, alto et piano, ou bien de vrai grégorien comme dans les Cinq versets sur le Victimae Paschali pour orgue, sa présence reflète bien évidemment le caractère sacré que revêt au fond toute création artistique.

Dans la Première Symphonie se trouvent réunis tous les éléments caractéristiques du style de Thierry Escaich. Bien que constituée de quatre mouvements ou quatre «versets», elle est une oeuvre d'un seul tenant, vaste fresque de caractère religieux composée de quatre grandes variations sur une mélodie grégorienne exposée en introduction. Sur le plan de la forme, elle s'apparente au poème symphonique plus qu'à la symphonie elle-même. Pour Thierry Escaich, la musique est un discours et on ne peut pas réexposer: « Tout est obligatoirement métabole». De fait, chaque fois que le thème revient, il est amputé jusqu'à n'être presque plus rien. L'oeuvre est sa vie qui le mène de la naissance à la mort.

L'harmonie joue un rôle primordial dans toutes ses oeuvres. Ce sens de l'harmonie qui fait toute la spécificité de la musique française est le constituant majeur de la musique de Thierry Escaich. Faisant usage de toutes les fonctions (retards, appoggiatures, tensions, détentes) pour créer ses dynamiques et ses couleurs, sa musique ne peut pourtant en aucun cas être qualifiée de néotonale.

Si le sens tonal reste toujours présent, on n'y décèlera aucune tentative de retour à une tonalité non fonctionnelle ou bien aux formes qui y sont associées. Thierry Escaich récuse d'ailleurs tous les termes qui commencent par néo: sachant qu'il situe volontiers ses racines chez Brahms et Franck (pour les chorals pour orgue), son écriture sera peut-être dite post-romantique mais certainement pas néo-romantique. D'autre part, si l'on parle de filiations, il faut citer aussi Bartok qui représente l'ajout du rythme.

Les formes musicales chez Thierry Escaich résultent principalement du heurt entre de grandes forces antagonistes. De là naît leur rythme et cette puissante respiration qui anime par exemple les Litanies de l'ombre pour piano. Le Rituel pour orgue est la lutte entre deux mondes, l'un planant, l'autre agressif. On a vu également comment dans la Première Symphonie, dans la troisième antienne en particulier, une grande masse s'élève peu à peu et vient happer le thème grégorien. Dans le Chant des ténèbres, concerto pour saxophone, ce sont trois plans qui s'entrechoquent. Le dialogue interne des voix se transforme parfois en polyrythmie et polytonalité complexes par la magie d'une grande virtuosité contrapuntique.

De cette musique où les éléments sont en perpétuelle fusion, les Scènes d'enfants au crépuscule pour flûte, violoncelle et piano sont une nouvelle illustration: à partir du thème «A la clairefontaine» exposé sur un mode quasi improvisando, Thierry Escaich écrit une oeuvre qui fait alterner des sections vives aux rythmes asymétriques avec des périodes méditatives nourries par des intrusions grégoriennes, réminiscences du Dies Irae.

« Je veux aller au bout de mes luttes, sans souci de vouloir être original ». Au-delà du sentiment obsessionnel du sacré, du sens aigu de l'harmonie, de la magie de l'improvisation... une dernière évidence s'impose: il n'y a pas chez Thierry Escaich d'œuvres de jeunesse mais l'éternelle jeunesse d'une oeuvre qui s'édifie sous nos yeux avec sincérité comme une maturité en constante évolution.

Bernard Desgraupes
Catalogue des œuvres, Gérard Billaudot Editeur

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Bibliographie

Le site Thierry Escaich

Thierry Escaich, Quelques réflexions sur le paysage musical actuel. Dans Jean-Marc Warszawski et Réginald Gaillard (dir.), « Nunc » (14), [Musique contemporaine : État des lieux / perspectives]. Éditions de Corlevour, Clichy 2007 [140 p. ;  ISBN : 2-915831- ; 19 €]

Entretien avec Thierry Escaich, Réalisé par François-Gildas Tual. Orchestre National de Lyon, Janvier-février 2008

Discographie

Thierry Escaich
œuvres pour orgue et voix
Thierry Escaich, orgue Cavaillé- coll de Saint-Étienne du Mont de Paris.Ensemble vocal Soli Tutti. Éric Aubier, trompette. Enregistré à l'église de Saint-Étienne du Mont de Paris en 2001 – Disque Callipope [CAL 99378 ] 2001.
01. Prélude improvisé 6'48 – 02. Motet I pour 12 voix et orgue 5'27 – 03. Evocation I 6'44 – 04. Evocation II 5'06 – 05. 5 versets sur le "Victimae Pascali" 9'09 – 06. Motet Il pour 12 voix et orgue 4'19 – 07. Esquisse I 2'2 – 08. Récit 6'32 – 09. Esquisse IV "Le cri des abîmes" 6'23 – 10. Motet III pour 12 voix et orgue 2'29 – 11. Esquisse III 4'44 — 12. Tanz Fantaisie pour trompette et orgue 5'32 – 13. Postlude improvisé6'16 [167 / 1]

Thierry Escaich
Concerto pour orgue
Première symphonie
Fantaisie Concertante
livier Latry, orgue. Claire-Marie Le Guay, piano. Orchestre philharmonique de Liège
Pascal Rophé, dir. — Disque Accord
472 216 (2002)
Concerto pour orgue : 01. Allegro moderato — 02. Adagio — 03. Vivacissimo. Première symphonie, Kyrie d'une messe imaginaire : 04 -Antienne 1 – 05. Verset 1 / Antienne 2 – 06. Verset 2 / Antienne 3 – 07. Verset 3 – 08. Antienne 4 / Verset 4 – Fantaisie concertante, pour piano et orchestre [167 / 2]

Thierry Escaich
Le dernier évangile
Trois danses improvisées
Ensemble orchestral de Paris, Maîtrise de Notre-Dame de Paris. Choeur Britten(Nicole Corti, dir.). Olivier Latry, orgue. John Nelson, dir. Enregistré les 18-19 juin 2002 à Notre-Dame de Paris. Disque Hortus 2002.
Le Dernier Évangile : Acclamation ; Hymne o la Genèse ; Hymne à la Lumière ; Hymne d'Imploration ; Hymne Baptismale ; Hymne de gloire. Trois danses improvisées : Première danse, sur le choral « Herzliebster Jesu » de la « Passion selon saint Mathieu de J. S. Bach ; Deuxième danse, sur le thème grégorien su Stabat Mater ; Troisième danse, sur le choral finale de la « Passion selon saint Jean et le choral « Herzliebster Jesu » ; Poème symphonique : improvisé sur un extrait de l'Apocalypse de saint Jean, ouverture du septième sceau, chap. 8. [167 / 3].

Thierry Escaich
Chorus
Bertrand Chamayoy. Thierry Escaich. Florent Héau. Claire-Marie Le Guay. Quatuor Ludwig. Xavier Phillips

Scènes de bal : . Vivacissimo ; 2.Moderato Energico (Tango) ; 3.Andante ; 4.Moderato ; 5.Allegro. 6.Les litanies de l'ombre (piano seul) ; 7.La Ronde (quintette piano et cordes) ; 8.Jeux de doubles (piano seul) ; 9.Nocturne (violoncelle et piano) ; 10.Chorus(clarinette, piano et quatuor à cordes) [167 / 4]

Thierry Escaich
Le Chemin de la Croix, improvisations.
Thierry Escaich, orgue. Georges Wilson, récitant (textes de Paul Claudel). Enregistré à la cathédrale de Laon les 16 et 17 mars 2000. Disque Caliope, 2000, CAL 9523.
1. Introduction — 2. Première Station — 3. improvisation — 4. Deuxième Station — 5. Improvisation — 6. Troisième Station — 7. Improvisation — 8. Quatrième Station — 9. Improvisation — 10. Cinquième Station — 11.Cinquième Station — 12. Sixième Station — 13. Improvisation — 14. SeptièmeStation — 15. Improvisation — 16. Huitième Station — 17. Improvisation — 18. Neuvième Station — 19. Improvisation — 20. Dixième Station — 21. Improvisation — 22. Onzième Station — 23. Improvisation — 24. Douzième Station — 25. Improvisation — 26. Treizième Station — 27. Improvisation — 28. Quatorzième Station — 29. Improvisation [167 / 5]

Thierry Escaich
Exultet, œuvres vocales
Ensemble Sequenza 9.3, Catherine Simonpietri, dir. Disque Accord 2006.
Motet I - 2. Motet Il - 3. Motet Ill - 4. Les Lamentations (Du Prophète Jérémie) - 5. Terra Desolata - 6. Exultet - 7. Ad Ultimas Laudes - 8. Dixit Dominus - 9. In Memoriam [167 / 6.


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Mardi 23 Janvier, 2024