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André Caplet
1878-1925

André Caplet

Né au Havre le 23 novembre 1878, mort à Neuilly-sur-Seine, le 22 avril 1925.

Septiéme enfant d'une famille pauvre, il étudie la musique afin d'en tirer une source de revenus. à l'âge de 12 ans, il est pianiste de répétition aux Folies Bergéres de la ville du Havre, puis à 14 ans, violoniste au Grand-Théâtre.

Il étudie le piano, l'harmonie et le contrepoint à l'école de musique de la ville du Havre, avec Henry Woollett. En 1896 il gagne Paris, où il entre au Conservatoire. Il y suit les cours d'harmonie avec Xavier Leroux, de composition avec Charles Lenepveu et d'accompagnement avec Paul Vidal.

Il fait une moisson de prix, dont le Premier Grand Prix de Rome en1901, avec sa cantate Myrrha, séjourne à la Villa Médicis à Rome et voyage en Allemagne.

André Caplet, Légende, pour harpe, orchestre (1808), Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Frédérique Cambreling, sous la direction de Georges Prêtre.

Il débute en 1896 sa carriére de chef d'orchestre au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, et à l'orchestre Colonne. Deux ans plus tard, en 1898, il est directeur musical au Théâtre de l'Odéon.

Il rencontre Claude Debussy en 1907 et se lie d'amitié avec lui. Il corrige ses partitions et orchestre plusieurs de ses œuvres.

André CapletAndré Caplet et Claude Debussy.

En 1910, il est remarqué par l'impresario Henry Russell qui le fait engager pour diriger à l'Opéra de Boston. Il y devient directeur musicalen 1912.

Il a une aventure amoureuse avec l'épouse de l'impresario, Nina Russel qui prend fin en 1914, alors que réformé, il se porte volontaire dans le conflit militaire qui vient d'éclater.

André Caplet
André Caplet à sa table de travail.

Au front il rencontre le violoniste virtuose Lucien Durosoir, lui donne des cours de composition quand ils peuvent se rencontrer. Durosoir le fait entrer dans l'orchestre où joue également violoncelliste MauriceMaréchal. Il assurent des services religieux, militaires et se produisent dans les cercles des officiers, puis dans l'entourage du Général Mangin.

André Caplet

Au front il est deux fois blessé et gazé. Il en garde de sérieuses séquelles.

Aprés la guerre, son état de santé et son désir de se consacrer à lacomposition, lui font abandonner ses charges de direction. Il se marie en 1919 avec Geneviéve Perruchon. Son fils naît en 1920.

André Caplet André Caplet d'aprés fusain de Jacques Swobada

Il est gagné par un sentiment de profond mysticisme catholique qui aboutit à la composition, en 1923, du Miroir de Jésus, considéré comme son chef-d'œuvre.

André Caplet, Panis Angelicus (1919), pour voix et orgue ou piano, arrangé pour voix, chœur, harpe, violon ou flûte, violoncelle et orgue en 1920), Choeur et orchestre du Capitole de Toulouse, Roberto Alagna, sous la direction de Michel Plasson (1996).
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Catalogue des œuvres

Les partitions d'André Caplet dans l'IMSLP

André Caplet

Écrits

Bibliographie

André Caplet

Documents

Paul Landormy, La musique française aprés Debussy. Gallimard, Paris 1946 (8e édition), p. 264-271.

Une victime de la « grande guerre ».

Il la fit trés bravement, en 1914, dans un régiment d'infanterie, où, avec le grade de sergent, il assurait un service de liaison. Il fut gazé. Lors de la démobilisation, il paraissait guéri. Les poumons restaient profondément atteints.

Au mois de mars 1925, en revenant du Havre, où il avait dirigé un concert, il prit froid dans le train. On crut d'abord à un simple rhume. Le mal augmenta peu à peu et devint en définitive une pleurésie purulente. Une intervention chirurgicale, tentée en derniére heure, ne sauva pas Caplet.

Nous avons perdu en lui un trés grand musicien.

Il était né au Havre, le 27 novembre 1879.

Entré tout enfant à l'école de musique de la ville, il y obtint à 9 ans un premier prix de violon.

Il étudia ensuite le piano, — dont il joua plus tard merveilleusement, — l'harmonie et le contrepoint sous la direction de l'excellent technicien Woollett.

En 1896, il vint à Paris, entra au Conservatoire. Il eut alors des moments trés difficiles. Il devait gagner son pain. Il jouait, la nuit, dans les orchestres de danse. Au printemps de 1897 — il avait 17 ans — une occasion propice lui permit de trouver des besognes moins dures. Le directeur de la Porte-Saint-Martin monta une piéce à grand spectacle, pour laquelle Xavier Leroux et André Messager avaient fourni une importante musique. On avait réuniun excellent orchestre, que dirigeait Leroux. La piéce tomba à plat. Dés la deuxiéme représentation, Leroux ne voulut plus paraître au pupitre et il mit Caplet à sa place. Tout de suite, Caplet dirigea avec l'habileté et l'autorité d'un vieux routier. La moitié de l'orchestre, avant la représentation, le traitait en gamin, le plaisantait, le tutoyait. Mais quand il prit la baguette, on ne vit plus en lui qu'un maître devant lequelchacun s'inclinait respectueusement. Dés lors, le renom du jeune musicien commença de se répandre dans le milieu des professionnels. Et il trouvait à s'employer comme chef d'orchestre.

Cependant, au Conservatoire, Caplet obtenait un premier prix d'harmonie, un premier accessit de fugue et de contrepoint, un premier prix d'accompagnement, et, en 1901, l'Institut lui attribuait le prix de Rome.

Il resta peu de temps à la villa Médicis. Son caractére indépendant s'accommodait mal des exigences d'une discipline pourtant peu rigoureuse. Il reprit sa liberté et revint à Paris. Il continua de s'y faire connaître par ses remarquables dons de chef d'orchestre, et rapidement il obtint de brillants engagements à l'étranger. En Allemagne, aux états-Unis, en Angleterre, il conduisit des œuvres françaises avec le plus éclatant succés.

Les Parisiens qui assistérent aux représentations du Martyre de saint Sébastien, organisées au Châtelet par Ida Rubinstein, n'oublieront jamais de quelle façon magistrale, à la fois subtile, pénétrante et forte, Caplet dirigea la musique de Claude Debussy.

Une de ses derniéres réalisations fut l'admirable mise au point du Triomphe de l'Amour, de Lully, au théâtre de l'Opéra,

Ce n'était pas du tout le chef aux grands gestes, aux attitudes prétentieuses. Il ne songeait pas un seul instant au public. Il ne voyait que ce qu'il avait devant lui, son orchestre et sa partition.

Des indications minutieuses émanaient de toute sa personne, de ses bras, de ses mains, de chacun de ses doigts, de sa physionomie sans cesse modifiée et dont chaque pli avait sa signification expressive, de ses épaules tantôt ramassées et tantôt au contraire largement ouvertes, de ses jambes même, un peu molles, presque pliées en toutes sortes de poses significatives, rarement tendues et raidies. On n'imagine pas ce qu'il obtenait parfoispar la puissance suggestive d'un simple « clin d'œil ».

Une « oreille » extraordinaire lui permettait de rectifier instantanément la moindre erreur ou la plus légére imperfection d'exécution. Un musicien d'orchestre confia un jour à Roland-Manuel : « Nous sommes dans ses mains comme les bielles, les boulons et les entretoises du Navire qui s'y retrouve dont parle Kipling. »

Aucun détail ne lui échappait. Il veillait à tout. Il ne semblait même porter d'attention qu'au détail et oublier la grande ligne d'ensemble. Il n'en était rien. Et on ne sait comment des exécutions qui semblaient préparées au microscope ou au microphone prenaient une largeur de style, une ampleur d'éloquence incomparables.

Il ne se contentait pas à peu de frais. A la fois têtu et patient, il lui fallait la perfection. Et si on ne lui fournissait pas les moyens de l'obtenir, il préférait renoncer, même en derniére heure, à conduire un orchestre insuffisamment préparé. C'est ainsi qu'il quitta l'Opéra en claquant les portes à la veille d'une répétition générale qu'il jugeait prématurée. Adroit,rusé, excellent diplomate à l'occasion. Mais il y avait des inconvenances artistiques contre lesquelles toute sa sensibilité se révoltait, et il avait alors le mot dur, l'acte violent, sans aucune diplomatie.

Un Normand, un homme robuste et corpulent, trés fin sous son apparence un peu épaisse.

Il ne vivait que pour la musique. Distrait, dés qu'on lui parlait d'autre chose.

Le métier de chef d'orchestre, Caplet aurait pu l'exercer triomphalement et en recueillir gloire et fortune. Il voulait mieux. Il avait la légitime ambition de se faire un nom comme compositeur. C'est pourquoi il parut si peu souvent en public, se renfermant chez lui pour méditer des œuvres.

Tout jeune, Debussy l'avait pris en amitié. Et Caplet avait tout de suite voué une admiration sans bornes à l'auteur de Pelléas. Il en comprenait, il en sentait, il en interprétait la musique mieux que personne. Quand il se mit à composer lui-même, ce fut d'abord sous l'inspiration de son illustre ami. Il imita Debussy, il fut un peu debussyste. Il le resta toujours plus ou moins.

Mais, peu à peu, il conquit son originalité, et à un double titre : à la fois par sa façon personnelle de concevoir la relation de l'art avec la vie et par ses procédés de réalisation technique.

Pour n'indiquer que la plus importante différence, ce qui éloigne considérablement Caplet de Debussy, c'est qu'il a une âme de croyant, de dévot même, et qu'il fait principalement servir la musique à exprimer sa profonde piété : il sera, par excellence, un auteur religieux.

Debussy a bien été intéressé par le sentiment religieux, et il l'a exprimé de façon merveilleusement pénétrante quand il a écrit Saint Sébastien. Mais il l'observe du dehors. Il reste étranger à l'église. Ce n'est pas un croyant, c'est un sceptique, c'est un rêveur, qui ne voit partout qu'illusion et ne se repose dans aucune affirmation absolue.

C'est du dedans de l'église, au contraire, et comme un de ses fidéles les plus étroitement attachés à la lettre et à l'esprit du dogme que Caplet dit son ardent souci de salut éternel. A l'heure présente, un compositeur religieux de cette sincérité et de cette profondeur de sentiment demeure presque une exception.

Il faut lire et relire ses Priéres sur des textes français (l'Oraison dominicale et la Salutation angélique), sa Messe à trois voix (1919), dite « des petits enfants de Saint-Eustache-la-Forêt », son 0 salutaris, son Pie Jesu, son poéme la Croix douloureuse sur un texte de Lacordaire, etsurtout son dernier ouvrage et peut-être son chef-d'œuvre, le Miroir de Jésus, sur un beau poéme d'Henri Ghéon, rempli d'images parlantes, intime et fervent, d'une ardente concision.

On remarquera que cette musique se libére volontiers des formules traditionnelles. Elle est trés moderne. Et cependant elle conserve un parfum catholique trés prononcé. C'est qu'André Caplet se souvient tout de même des procédés de l'art médiéval par l'emploi qu'il fait, en le rajeunissant, de la quarte et de la quinte, du déchant et des mouvements paralléles. André Caplet connaissait d'ailleurs àfond la technique grégorienne. L'été qui précéda sa mort, il fit un long pélerinage à Solesmes. Et, quelques jours aprés qu'il fut disparu, se tenait à Paris un congrés de musique sacrée, où il devait lire une communication sur l'art grégorien dans ses rapports avec la musique moderne. De l'art grégorien il retient l'esprit plus que la lettre, et sa musique sonne tout nouvellement à nos oreilles. De l'artgrégorien, il renouvelle le caractére essentiellement frais, clair et joyeux dans la plupart des cas.

Pourquoi donc la religion serait-elle exclusivement triste ? Qu'y a-t-il donc de triste dans la perspective des régions célestes où demeurent les anges, dans la perspective d'une éternelle béatitude ? La foi du chrétien ne consiste-t-elle pas à affirmer la réalité de ce bonheur supraterrestre ? « La musique de Caplet, observe justement Maurice Brillaut, n'est point du tout janséniste... Trop de musiciens spécialisésdans l'art religieux veulent être graves, deviennent lamentablement austéres, ou bien nous font entendre, pour nos péchés, des motets, des messes et saluts si gris, si monotones, si monochromes qu'on se demande s'ils ne veulent pas donner aux malheureux fidéles une salutaire impression du purgatoire. »

Un des camarades de Caplet raconte qu'en 1917 il le rencontra dans une bourgade de Picardie. Caplet lui demanda de prêter son concours à une cérémonie religieuse au cours de laquelle devaient être exécutées ses Priéres. C'est dans la petite église de Ham, plus tard détruite, qu'eut lieu la premiére audition de ces pages émouvantes. « Les marmites ennemies avaient endommagéles verriéres. Les oiseaux avaient fait leurs nids sous les chapiteaux des colonnes du chœur. Ils pépiaient gaîment, cependant que s'élevait le tendre chant de « Je vous salue, Marie ». Pas trés loin, dans la direction de Saint-Quentin, l'artillerie lourde faisait les basses. Caplet était trés ému. »

La guerre développa certainement en Caplet des dispositions pieuses, qui n'avaient pas manqué de se manifester auparavant en lui, mais qui prirent dés lors une importance croissante dans sa vie.

Puisque nous parlons de la guerre, disons un mot d'une courte piéce que Caplet écrivit au front sur quelques vers de ce délicieux sonnet de Joachim du Bellay :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage...

Caplet n'a pris que le second quatrain de ce sonnet pour le mettre en musique :

Quand reverrai-je, hélas! de mon pauvre village
Fumer la cheminée ; et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison
Qui m'est une province et beaucoup davantage !

Il composa cette courte page, en juillet 1916, aux éparges, dans la ferme d'Amblonville. Circonstance tragique qui peut nous aider à mieux comprendre le sentiment souligné par cette indication de l'auteur : doux, sans révolte.

Debussy admirait profondément ce « Quand reverrai-je, hélas ». Il disait qu'il ne connaissait guére de musique plus émouvante, dans sa tranquille douleur et son secret espoir.

Revenons au Miroir de Jésus d'Henri Ghéon. L'illustration d'André Caplet est des plus remarquables. Ces sujets mystiques lui conviennent à merveille. Il a le recueillement, la tendresse, l'effusion, le charme et la douloureuse pitié qui sont ici nécessaires.

Le Miroir de Jésus fut écrit, dans sa premiére version, pour une voix de mezzo — (Caplet pensait nettement à la voix de Claire Croiza. C'est pour elle que le rôle fut composé. Elle en fut l'incomparable interpréte) — avec accompagnement d'un chœur de voix de femmes, d'un orchestre à cordes et de deux harpes. On admire avec quel art Caplet utilisa ces ressources si restreintes. On dirait presque àcertains moments qu'on entend des bois, des cuivres, une flûte, un hautbois, des trompettes, tant l'auteur sait tirer parti des timbres de ses violons et en varier les effets. Certaines basses de harpe prennent un accent, une vigueur, une majesté incroyables, et quelque chose de terrifiant par endroits. Et tout cela sonne avec une étonnante plénitude.

Les voix d'accompagnement sont aussi traitées avec un particulier bonheur. Caplet emploie un procédé analogue à l'une des meilleures inventions de Darius Milhaud dans la Brebis égarée. Il fait annoncer les scénes (et tout d'abord le- titre général de l'œuvre et les noms des auteurs) par un trio de solistes, dans une intention à la fois décorative et expressive des plus gracieuses et des plus piquantes en son tourde naïveté archaïque.

Techniquement, Caplet s'est éloigné de Debussy et de l'impressionnisme. Il a plus ou moins renoncé à la recherche des effets de flou, d'enveloppement vaporeux, pour tenter au contraire d'obtenir un dessin net, des accents marqués, une harmonie au besoin presque rude, et il n'a pas négligé certaines conquêtes du polytonalisme.

Surtout, il écrit pour les voix d'une façon trés personnelle.

Debussy demande souvent à la voix des effets presque impossibles à rendre. Ainsi dans cette conclusion, d'ailleurs admirable de Recueillement:

caplet

Debussy rêve d'une « voix idéale » qui s'assouplirait à tous ses besoins de poéte. Il se moque des voix réelles. Tirez-vous d'affaire comme vous le pourrez, chanteurs et chanteuses ! Il en résulte d'ailleurs un délicieux caprice, une savoureuse liberté dans son discours musical. Mais rares sont les interprétes qui nous satisfont pleinement en cherchant à donner un corps à ce chant imaginaire.

Caplet a aimé la voix humaine par-dessus tout. Il a infiniment plus écrit pour les voix que pour les instruments. Il a étudié de tout prés, dans son exacte réalité, cet instrument naturel. Il en connaît à merveille le mécanisme. Et, comme il arrive toujours, l'étude attentive du moyen artistique lui suggére des effets nouveaux et tout un systéme original d'écriture.

Caplet n'a pas composé que de la musique religieuse. Et quand il se maintient dans le domaine de la musique profane, il atteint souvent pour exprimer des passions purement humaines, à une profondeur de sentiment qui ne se rencontre que chez les grands maîtres. C'est ainsi que deux mélodies, Adieu en barque et Forêt, me paraissent devoir être comptées parmi les pages capitales de lamusique française. On en vient à se demander si un Henri Duparc s'est élevé plus haut. Il y avait peut-être plus de magnificence dans son style, — et encore on en pourrait discuter, — mais certainement pas plus d'harmonieuse beauté, ni de pénétrante sensibilité.

La musique d'orchestre de Caplet comprend surtout des inédits : Suite d'orchestre (1900), Salammbô (1902), Légende (1905).

Mais il faut mettre hors de pair ce si curieux concerto pour violoncelle qu'il intitule épiphanie et dont il emprunte l'argument à une légende éthiopienne.

Pour la harpe, Caplet a écrit en 1924 deux Divertissements d'un charme exquis : A la Française et A l'Espagnole.

Quand il mourut, Caplet avait mis en chantier deux ouvrages qu'il n'eut pas le temps de terminer, Catherine de Sienne et une Sonate pour orgue, violoncelle et voix.

Yvonne Gouverné, sa fervente disciple (1), m'écrivait naguére : « André Caplet parlait peu de lui-même, mais, lorsqu'il avait exigé, un an avant de mourir, que je fasse une courte notice pour son éditeur, j'avais été frappée du ton sur lequel il m'avait fait cette remarque : « Il faudra faire sentir que toujours j'ai aimé la mer; qu'enfant, je restais des heures à flâner au bord des grands bassins du Havre, que mon plus grand bonheur était de m'évader dans une de ces barques fragiles et que j'imaginais le son des voix dans le bruit des voiles... » Dévoré par une fiévre qui ne devait plus le quitter, il disait souvent : « Je voudrais me tremper les mains dans la mer... » Il y avait en lui du pirate et du jongleur de Notre-Dame.

Comme Debussy, Caplet doit une grande partie de son inspiration à la nature, surtout aux bruits, aux sons, aux parfums qui tournent dans l'air.

André Caplet est parti précisément au moment où il prenait pleine conscience de ses dons et en réalisait l'emploi le plus noble dans des ouvrages de plus en plus approchés de la perfection. Dans la musique contemporaine, avec son penchant mystique et sa haute envolée, il pouvait prendre une place unique.

A 46 ans, que n'avait-il pas encore à dire ?

Jean-Marc Warszawski
2011
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