Né à Paris le 20 janvier 1855, mort au Limay (Mantes-la-Jolie), le 10 juin 1899.
Il est issu d'un milieu aisé. Son père, Prospère Chausson (1804-1894) est entrepreneur des travaux publics.
Il bénéficie de l'instruction d'un précepteur, Brethous-Lafargue, soucieux des disciplines artistiques et de la vie mondaine, qui le mène aux concerts, aux expositions et l'introduit, vers 1871 dans les salons.
Chausson fréquente ainsi le celui de Madame Jobert (la marraine de Musset), mais aussi à partir de 1874, celui de Madame Saint-Cyr de Rayssac. Il y rencontre des personnalités comme Fantin-Latour et Odilon Redon, Chenavard, l'abbé Lacaria et Vincent d'Indy.
Il écrit quelques nouvelles, ébauche un roman, s'essaie un peu au dessin.
Il entre à la faculté de droit en octobre 1875, obtient sa licence en avril 1876, puis soutient son doctorat le 7 mai 1877. Il devient avocat à la cour d'appel de Paris, mais n'effectue pas son stage pratique.
En octobre 1879, il s'inscrit en auditeur libre dans la classe de composition du Conservatoire de Jules Massenet. Il avait déjà quelques compositions à son actif : deux sonatines pour piano à quatre mains, des variations, des chansons. Mais les plus anciens manuscrits conservés sont des compositions d'étude corrigées pas Massenet.
Il tente le Prix de Rome en 1880 avec la cantate l'Arabe (pour ténor et choeur masculin), mais échoue au concours. Il étudie alors, jusqu'en 1883, au Conservatoire puis en privé, avec César Franck, auquel il a été présenté par Vincent d'Indy (classe d'orgue faisant fonction de classe de composition).
En 1882, il assiste à la création de Persifal à Bayreuth en compagnie de Vincent d'Indy.
En 1883 il épouse Jeanne Escudier et se rend avec elle à Bayreuth (il fera de nouveau le «pèlerinage» en 1889).
En 1886, il devient pour une dizaine d'années, le secrétaire de la Société Nationale de Musique (fondée par Saint-Saëns en 1870). Il se lie d'amitié avec Duparc, Fauré, Bréville, Debussy qui fréquentent son salon renommé 22 rue de Courcelles à Paris, ainsi que Mallarmé, Régnier, Tourguéniev Albeniz, Isaye, Monet, Puvis de Chavane etc.
Il rassemble une importante collection de tableaux impressionnistes.
Le 10 juin 1899, en roulant en vélo dans la propriété du baron Laurent-Atthalin au Limay, il heurte de la tête un des murs d'enceinte de sa propriété et succombe d'une fracture du crâne.
On classe traditionnellement l'oeuvre de Chausson en trois périodes.
1878-1886, serait, héritage de Massenet, une période de mélodies élégantes et parfois un peu mièvres, avec des chansons comme Le charme (1879), Les papillons (1880) et la Sérénade Italienne (1880). Cette période comprend aussi une évolution de l'étoffe harmonique et formelle influencée par la musique de Wagner, comme l'orchestration de Viviane en 1882, et par celle de César Frank comme dans les chansons Nany (1880), La dernière feuille (1880), Les Quatre mélodies op.8 (1882-1888), l'Hymne védique (1886), et oeuvre majeure, La caravane (1887).
Chausson vers 1890.
Le début de la seconde période coïnciderait avec sa nomination au secrétariat de la Société de Musique en 1886. On prête à sa fréquentation des milieux artistique et plus particulièrement à celle des compositeurs l'émergence d'un caractère dramatique marqué. On met aussi cela au compte de son caractère pessimiste, ou au fait qu'il désirerait se défaire de l'image de riche dilettante qu'on peut lui prêter. Parmi les oeuvres les plus remarquables de cette période, on compte le Poème de l'amour et de la mer (1882-1893), La légende de Sainte-Cécile (1891), son opéra Arthus (1886-1895) dont il écrit également le livret, la symphonie en si op.20 (1889-1890), et le concerto op.21 pour piano, violon et quatuor de cordes (1889-1891)
Chausson et son épouse, cliché E. Gafsler, Bâle, 1890.
La mort de son père en 1894 marquerait le début de la troisième période, caractérisée par l'influence des poètes symbolistes et la lecture des écrivains russes comme Dostoïevski, Tourgueniev ou Tolstoï.. De cette période datent le cycle des Serres chaudes (1893-1896) sur des poésies de Maeterlinck, la Chanson perpétuelle (1898), le Poème op.25 pour violon et orchestre, créé par Ysaye et très apprécié par Debussy.
Reflet d'une ontologisation des vieilles habitudes périodisantes historicistes, ce découpage est illusoire, il est une sorte de fantaisie psychologisante tendant à expliquer la plasticité créatrice par des événements remarquables (quitte à en grossir l'importance).
Chausson est un amateur qui a du goût et du savoir faire. Il bénéficie d'un environnement très propice, mais il entame sa vie de compositeur avec un bagage technique relativement léger. Ce qui lui manque, il l'acquiert, le découvre et l'invente au fil du temps et de ses oeuvres. C'est peut être pour cela qu'il compose lentement. Arthus, qu'on classe dans la seconde période, reste sur le métier 9 années durant. C'est en fait une oeuvre de la prétendue troisième période.
Au cours des années, l'oeuvre de chausson gagne constamment dans la maîtrise de la forme et se dote d'une harmonie brillante, souvent originale, parfois audacieuse, qui sont un travail sur l'héritage de César Frank, même si cela est teinté par l'admiration portée à la musique wagnérienne.
Ernest Chausson avec Jeanne Chausson, par Paul Albert Besnard.
Claude Debussy chez les Chausson, par Paul Albert Besnard.
Poème de l'amour et de la mer
Chanson perpétuelle
Mélodies
Jessye Norman, soprano
Michel Dalberto, piano
Quatuor et orchestre philarmonique de Monte- Carlo
01/ + / 159
ERATO, ECD 88012 2.24
La Fleur des eaux — Interlude — II - La Mort de l'Amour — Chanson Perpetuelle, op. 37 — Le Colibri, op. 2 no. 7 — Serenade italienne, op. 2 no. 4 — La derniere feuille, op. 2 no. 4 — Les Papillons, op. 2 no. 3 — Le Charme, op. 2 no. 2
02
Chausson
Chanson Perpétuelle
Concert en ré majeur
Poème de l'amour et de la mer
Andrée Esposito, soprano
Pierre Barbizet, piano
Christian Ferras, violon
Quatuor Parrenin
Victoria de Los Angeles, soprano
Orchestre Lamoureux
Jean-Pierre Jacquillat dir.
Enregistré en 1968 et 1973, numérisé en 1992
EMI, CDM 7 64365 2
01 - Chanson perpétuelle — Concert en ré majeur
02 - Décide — 03 - Sicilienne — 04 - Grave
05 - Finale — Poème de l'amour et de la mer : 06 - La fleur des eaux — 07 - Interlude — 08 - La mort de l'amour
03
Chausson
Symphonie en si bémol
La tempête
Viviane
Soir de fête
BBC Philarmonic
Yan Pascal Tortelier dir.
Enregistré en 1999
Chandos 9650
Symphonie en si bémol op. 20 : 01 - Lent ; 02 - Très lent ; 03 - Animé — 04 - Viviane op. 5 : 05 - Soir de fête op. 32 — La tempête : 06 - Air de danse ; 07 - Danse rustique
04
Chausson
Le roi Arthus
Drame lyrique en trois actes et six tableaux. Livret et musique d'Ernet Chausson. Créé le 30 novembre 1903 au théâtre de la Monnaie à Bruxelles.
Choeurs de Radio France
Nouvel orchestre philarmonique
Armin Jordan, dir.
Guenièvre, soprano : Tereza Zylis-Gara — Arthus, Baryton : Gino Quilico — Lancelot, ténor : Gösta Wingergh — Mordred, baryton : René Massis — Lyonnel, ténor : Gérard Friedmann — Allan, basse : François Loup — Merlin, baryton : Gilles Cachemaile — Un Laboureur, ténor : Thierry Dran — Un Chevalier, basse : René Schirrer — Un Écuyer, basse : Alexandre Laitter — 4 Soldats, 2 ténors, 2 basses : Michel Focquenoy (1 & 2) ; Francis Dudziak ; René Schirrer
ERATO 2292 45407
05/ + / 159
Chausson
Symphonie en si bémol
Gabriel Fauré (1845-1924):
Pelléas et Melisande
Pénélope (prélude)
Masques et bergamasques
Orchestre de la Suisse Romande
Ernest Ansermet, dir.
Symphonie en si bémol : 01 - Lent ; 02 - Très lent ; 03 - Animé — Gabriel Fauré (1845-1924). Pelléas et Melisande : 04 - Prélude ; 05 - Le fileuse ; 06 - Molto adagio ; 07 - Sicilienne — 08 - Pénélope (prélude) — Masques et bergamasques : 01 - Ouverture ; 02 - Menuet ; 03 - Gavotte ; 04 - Pastorale
06/159
Chausson
Concert pour violon, piano & quatuor à cordes opus 21.
Régis Pasquier
Jean-Claude Pennetier
Roland Daugareil
Geneviève Simonot
Bruno Pasquier
Roland Pidoux
Harmonia Mundi, HMC 901135, 1984
Ernest Chausson (1855-1899) avait fini ses études de droit lorsqu'à 25 ans, il s'orienta vers la musique et sut profiter de l'enseignement de Franck. Une sensibilité raffinée teinte d'exquises mélodies, un peu mièvres parfois. La Symphonie en si bémol (1890), malgré quelques lourdeurs, est une grande et noble œuvre. Mais la personnalité du musicien s'épanche plus librement dans le panache du Poème pour violon et orchestre, dans la sensualité violente de la Chanson perpétuelle, dans le mouvement pailleté et profond du Poème de l'Amour et de la Mer (1882.).
Encore un licencié en Droit touché par la grâce. Ernest-Amédée Chausson était un être grave et méditatif, un mystique, un scrupuleux, qui trouva auprès de César Franck la sécurité morale dont il avait besoin pour se consacrer à la musique. Riche, heureux, vivant dans un cadre magnifique, entouré d'artistes d'élite, il gardait sans cesse une secrète mélancolie. La mort l'avait elle prévenu qu'elle l'obligerait, un jour, à interrompre brusquement la composition d'un scherzo et à sauter sur sa bicyclette pour courir plus vite au rendez-vous qu'elle lui donnait devant un mur de son parc sur lequel il allait se fracasser le crâne ? Il avait quarante-quatre ans. Tout lui souriait. Dès ses premiers essais il avait conquis l'estime de ses pairs. Un poème symphonique Viviane, sa belle Symphonie en si bémol, son Hymne Védique, et ses mélodies avaient révélé sa sensibilité délicate et la distinction de sa pensée. Son Poème pour violon et orchestre, triomphe d'Ysaye, s'imposait partout; son Concert pour violon, piano et quatuor, son Trio, son Poème de l'Amour et de la Mer et sa Chanson perpétuelle étaient accueillis avec faveur et son opéra le Roi Arthus allait être créé à Carlsruhe... On s'accordait à louer le tact avec lequel il utilisait le vocabulaire de Wagner et de Franck dans des ouvrages d'inspiration nettement française. Sa carrière qui s'annonçait glorieuse est une noble «symphonie inachevée».
Elève de Massenet et de Franck à Paris jusqu'en 1883; à partir de 1889 il fut secrétaire de la Société nationale de musique. Tempérament mystique, marqué par Franck et Wagner, mais pratiquant des harmonies neuves et des modulations subtiles qui font que son langage musical est à mi-chemin entre Franck et Debussy, il atteignit souvent un vibrant climat intérieur, délicat mais intense, empreint de douceur et de rêverie. Il donna le meilleur de lui-même dans quelques cycles de mélodies pour chant et piano, dans le poème symphonique Viviane (1882), dans le Poème pour violon et orchestre (1896), dans la Symphonie en si bémol (1890), dans le Trio pour violon, violoncelle et piano (1882), dans le Quatuor pour cordes et piano (1897) et surtout dans le Concert pour violon, piano et quatuor à cordes (1889). Il écrivit également des opéras (dont l'émouvant drame le Roi Arthus, (1892-1896) et des musiques de scène, des musiques sacrées et chorales.
Jean-Marc Warszawski
Révision 22 novembre 2005
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Vendredi 31 Mars, 2023