Né à Vouvray (paroisse de Rochecorbon), 12 mai 1863 ; mort à Toulon, 8 novembre 1909.
Professeur et compositeur. Élève de César Franck pour la composition et de Marmontel pour le piano.
Après avoir été employé à la Caisse des Dépôts et Consignations, il est maître de chapelle et organiste à Nogent-sur-Marne de juillet 1887 à mars 1890.
Il est chargé par le ministère de l'éducation publique de rassembler une collection de musiques anciennes basques qui est publiée en 1897 (Archives de la tradition basque).
En 1890 il est nommé maître de chapelle à l'église Saint- Gervais de Paris, où il organise en 1892 « Les Semaines saintes de Saint-Gervais » dont les services sont accompagnés de musiques de la Renaissance française et italienne. Dans ses efforts pour développer le chant choral, il créé « les Chanteurs de Saint-Gervais » dont les membres sont recrutés dans toute la France et en Europe.
En 1894, avec Alexandres Guilmant et Vincent d'Indy, il fonde une société de musique sacrée qui prend le nom de Schola Cantorum. Le 15 octobre 1896, la Schola Cantorum est inaugurée comme école pour le renouveau de la musique religieuse. On redécouvrit là le plain-chant, Victoria, Josquin, Palestrina etc., tout en encourageant la composition d'une liturgie moderne.
Il anime un jounal, « La tribune de Saint-Gervais » qui est en fait celui des promoteurs de la Schola Cantorum.
En 1899, il fonde la Schola Cantorum en Avignon, il est écarté de la direction parisienne en 1903, en 1905 il crée la Schola Catorum de Montpellier. C'est dans cette ville qu'il organise en 1906, le premier « Congrès du chant populaire » et une nouvelle mise en scène de Castor et Pollux de Rameau.
Les fondateurs de la Schola Cantorum. Charles Bordes, Alexandres Guilmant, Vincent d'Indy (Extrait de La Schola Cantorum en 1925. Bloud & Gay, Paris).
Charles Bordes
Mélodies, œuvres pour piano
Sophie Marin-Degor soprano
Jean-Sébastien Bou baryton
François-René Duchâble piano
Enregistré à l'Auditorium de Vincennes (94). Timpani / Journées Charles Bordes de Tours 2012 (1C1196).
1 – Caprice à cinq temps ; 2 – Le Son du cor ; 3 – Promenade matinale ; 4 – Paysage vert ; 5 – Épithalame ; 6 – Sur un vieil air ; 7 – La Bonne Chanson ; 8 – Fantaisie rythmique I ; 9 – Soleils couchants ; 10 – Chanson d'automne ; 11 – L'Heure du berger ; 12 – Promenade sentimentale ; 13 – Fantaisie rythmique II ; 14 – Spleen ; 15 – Triste, ô triste était mon âme ; 16 – Colloque sentimental ; 17 – Fantaisie rythmique III ; 18 – Ô mes morts tristement nombreux ; 19 – La Ronde des prisonniers ; 20 – Fantaisie rythmique IV ; 21 – Dansons la gigue.
Poésies de Paul Verlaine.
Quelques textes de chansons
J'aimais surtout ses jolis yeux
Plus clairs que l'étoile des cieux,
J'aimais ses yeux malicieux.
Dansons la gigue !
Elle avait des façons vraiment
De désoler un pauvre amant,
Que c'en était vraiment charmant !
Dansons la gigue!
Mais je trouve encore meilleur
Le baiser de sa bouche en fleur
Depuis qu'elle est morte à mon coeur.
Dansons la gigue !
Je me souviens, je me souviens
Des heures et des entretiens,
Et c'est le meilleur de mes biens.
Dansons la gigue!
Donc, ce sera par un clair jour d'été
Le grand soleil, complice de ma joie,
Fera, parmi le satin et la soie,
Plus belle encor votre chère beauté ;
Le ciel tout bleu, comme une haute tente,
Frissonnera somptueux à longs plis
Sur nos deux fronts heureux qu'auront pâlis
L'émotion du bonheur et l'attente;
Et quand le soir viendra, l'air sera doux
Qui se jouera, caressant, dans vos voiles,
Et les regards paisibles des étoiles
Bienveillamment souriront aux époux.
J'allais par les chemins perfides,
Douloureusement incertain.
Vos chères mains furent mes guides.
Si pâle à l'horizon lointain
Luisait un faible espoir d'aurore ;
Votre regard fut le matin.
Nul bruit, sinon son pas sonore,
N'encourageait le voyageur.
Votre voix me dit: "Marche encore!"
Mon coeur craintif, mon sombre coeur
Pleurait, seul, sur la triste voie ;
L'amour, délicieux vainqueur,
Nous a réunis dans la joie.
La cour se fleurit de souci
Comme le front
De tous ceuxci
Qui vont en rond
En flageolant sur leur fémur
Débilité
Le long du mur
Fou de clarté.
Tournez, Samsons sans Dalila,
Sans Philistin,
Tournez bien la Meule au destin.
Vaincu risible de la loi,
Mouds tour à tour
Ton coeur ta foi
Et ton amour!
Ils vont! et leurs pauvres souliers
Font un bruit sec,
Humiliés,
La pipe au bec.
Pas un mot
Ou bien le cachot,
Pas un soupir,
Il fait si chaud
Qu'on croit mourir.
J'en suis de ce cirque effaré,
Soumis d'ailleurs
Et préparé à tous malheurs.
Et pourquoi
Si j'ai contristé
Ton voeu têtu,
Société, ne choierais-tu?
Allons, frères, bons vieux voleurs,
Doux vagabonds,
Filous en fleur,
Mes chers, mes bons,
Fumons philosophiquement,
Promenons-nous
Paisiblement:
Rien faire est doux.
Le son du cor s'afflige vers les bois,
D'une douleur on veut croire orpheline
Qui vient mourir au bas de la colline,
Parmi la bise errant en courts abois.
L'âme du loup pleure dans cette voix,
Qui monte avec le soleil, qui décline
D'une agonie on veut croire câline,
Et qui ravit et qui navre à la fois.
Pour faire mieux cette plainte assoupie,
La neige tombe à longs traits de charpie
A travers le couchant sanguinolent,
Et l'air a l'air d'être un soupir d'automne,
Tant il fait doux par ce soir monotone,
Où se dorlote un paysage lent.
O mes morts tristement nombreux,
Qui me faites un dôme ombreux,
De paix, de prière et d'exemple,
Comme autrefois le Dieu vivant
Daigna vouloir qu'un humble enfant
Se sanctifiât dans le temple.
O mes morts penchés sur mon coeur,
Pitoyables à sa langueur,
Père, Mère, âmes angéliques,
Et toi qui fus plus qu'une soeur
Et toi, jeune homme de douceur
Pour qui ces vers mélancoliques,
Et vous tous, la meilleure part
De mon âme, dont le départ
Flétrit mon heure la meilleure,
Amis que votre heure faucha,
Ô mes morts, voyez que déja
Il se fait temps qu'aussi je meure.
Car plus rien sur terre qu'exil!
Et pourquoi Dieu retire-t'il
Le pain lui même de ma bouche,
Si non pour me rejoindre à vous,
Dans son sein redoutable et doux,
Loin de ce monde âpre et farouche.
Aplanissez-moi le chemin,
Venez me prendre par la main,
Soyez mes guides dans la gloire,
Ou bien plutôt Seigneur vengeur
Priez pour le pauvre pécheur,
Indigne encor du Purgatoire.
Ô triste, triste était mon âme
à cause, à cause d'une femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé,
Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé.
Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme: Est-il possible,
Est-il possible, - le fût-il, -
Ce fier exil, ce triste exil?
Mon âme dit à mon coeur: Sais-je
Moi-même que nous veut ce piège
D'être présents bien qu'exilés,
Encore que loin en allés?
L'échelonnement des haies
Moutonne à l'infini, mer
Claire dans le brouillard clair,
Qui sent bon les jeunes baies.
Des arbres et des moulins
Sont légers sur le vert tendre,
Où vient s'ébattre et s'étendre
L'agilité des poulains.
Dans ce vague d'un Dimanche,
Voici se jouer aussi
De grandes brebis,
Aussi douces que leur laine blanche.
Tout à l'heure déferlait
L'onde roulée en volutes,
De cloches comme des flûtes
Dans le ciel comme du lait.
Le soleil du matin doucement chauffe et dore
Les seigles et les blés tout humides encore,
Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
L'on sort sans autre but que de sortir, on suit,
Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec
Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec,
Et son reflet dans l'eau survit à son passage.
C'est tout. Mais le songeur aime ce paysage,
Dont la claire douceur a soudain caressé
Son rêve de bonheur adorable, et bercé
Le souvenir charmant de cette jeune fille,
Blanche apparition qui chante et qui scintille.
Dont rêve le poète et que l'homme chérit,
Evoquant en ses voeux dont peut-être on sourit,
La Compagne qu'enfin il a trouvé et l'âme
Que son âme depuis toujours pleure et réclame.
Les roses étaient toutes rouges,
Et les lierres étaient tout noirs.
Chère, pour peu que tu te bouges,
Renaissent tous mes désespoirs.
Le ciel était trop bleu, trop tendre,
La mer trop verte et l'air trop doux;
Je crains toujours, ce qu'est d'attendre,
Quelque fuite atroce de vous!
Du houx à la feuille vernie,
Et du luisant buis je suis las,
Et de la campagne infinie,
Et de tout, fors de vous. Hélas!
Le piano que baise une main frêle,
Luit dans le soir rose et gris vaguement,
Tandis qu'avec un très léger bruit d'aile,
Un air bien vieux, bien faible et bien charmant,
Rôde discret, épeuré quasiment,
Par le boudoir longtemps parfumé d'Elle.
Qu'est-ce que c'est que ce berceau soudain
Qui lentement dorlote mon pauvre être ?
Que voudrais-tu de moi, doux chant badin ?
Qu'as-tu voulu, fin refrain incertain
Qui vas tantôt mourir vers la fenêtre
Ouverte un peu sur le petit jardin ?
Mes cheveux dorment sur mon front,
Les lampes de mes yeux sont éteintes,
Plus mes lèvres ne parleront
Mes cheveux dorment sur mon front.
Ils sont couchés sur mon front blanc
Comme des épis sur le champ,
Leur moissonneur fut mon amant.
Mes cheveux dorment sur mon front,
Les lampes de mes yeux sont éteintes,
Plus mes lèvres ne parleront
Mes cheveux dorment sur mon front.
Moissons de belles journées chaudes,
Moisson est faite des longtemps,
Le glaneur du soir sur le champ
Vainement hésite et rode.
Glaneur, glaneur, il fait trop noir,
Cherche ailleurs le pain d'espoir.
Le beau faucheur s'en est allé le coeur en fête,
Vers d'autres moissons non faites.
Mes cheveux dorment sur mon front,
Dans la terre ils germeront,
Quand mon âme sera défaite.
Ils germeront dans la mort.
Glaneur, glaneur, va t'en, va t'en,
Mes cheveux blonds, pour lui seul dorment sur mon front
Ainsi qu'un habile et fin ciseleur
Mêle en son travail l'ébène et l'ivoire
Dieu dans la nuit sombre a mis une fleur
La lune d'argent fleur de l'ombre noire.
Ainsi qu'un Sultan qui devant ses yeux
Fait danser, le soir, de beaux corps sans voiles,
Dieu, pour se charmer fait devant ses Cieux
Sur un rythme pur danser les étoiles.
Ainsi qu'un vieux roi qui veut par du bruit
Distraire un moment ses pensers moroses,
Dieu dit aux soleils plongés dans la nuit
D'aller éveiller l'océan des choses.
Et l'éternité s'éclairant soudain
Tout frissonne, et chante, et crie et s'élance
Et l'instant d'après d'un signe de main
Dieu fait tout rentrer au sein du silence.
Sous vos longues chevelures, petites fées,
Vous chantâtes sur mon sommeil bien doucement.
Sous vos longues chevelures, petites fées,
Dans la forêt du charme et de l'enchantement.
Dans la forêt du charme et des merveilleux rites,
Gnômes compatissants, pendant que je dormais,
De votre main, honnêtes gnômes, vous m'offrites,
Un sceptre d'or, hélas! pendant que je dormais!
J'ai su depuis ce temps, que c'est mirage et leurre,
Les sceptres d'or et les chansons dans la forêt.
Pourtant comme un enfant crédule, je les pleure,
Et je voudrais dormir encore dans la forêt.
Qu'importe si je sais que c'est mirage et leurre.
Jean-Marc Warszawski
2002
Refonte du miroir de page, révision de l'iconographie, 1er octobre 2014.
Nouveau miroir de page + discographie 11 décembre 2016
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