9 mars 2025 — Frédéric Léolla
Œdipus Rex (Stravinski), Barcelone, Grand Teatre del Liceu, 1933.
Œdipe roi, Musique d'Igor Stravinski, sur un livret de Jean Cocteau d’après la tragédie de Sophocle, créé en 1927, Paris, Théâtre Sarah Bernhardt.
Œdipe, Musique de Georges Enesco, sur un livret d'Edmond Fleg d’après les tragédies Œdipe roi et Œdipe à Colonne de Sophocle, créé en 1936, Paris, Opéra de Paris.
Œdipe, le fils qui découvre qu’il a tué son père et qu’il a couché avec sa mère dont il a eu plusieurs enfants, est la référence en matière d’inceste. Mais le sujet était trop scabreux pour le public opératique jusqu’à bien avancé le xxe siècle, moment où l’opéra commence à ne plus être un divertissement pour la plupart de la société et où la libéralisation occidentale des mœurs entraîne aussi une libéralisation des règles de bienséance dans le spectacle.
Œdipe maudissant son fils Polymice malgré les supplications d'Antigone et Ismene, peinture à l'huile de Pierre-Édmé-Louis Pellier, 1807. Musée d'Angers.
Deux compositeurs se sont emparés du vieux mythe. Mais de façon très différente. Stravinski, en plein dans sa période néo-classique, a plutôt travaillé le côté vieux mythe, forces inexorables du destin, etc. — malgré un beau moment d’émotion pour Jocaste. Son œuvre acquiert un caractère hiératique. Ce n’est pas un hasard qu’il ait voulu que le texte de Cocteau soit traduit et chanté en latin, langue morte.
Igor Stravinski, Œdipus Rex, « Nonn' erubescite, reges », acte II. Jessye Norman (Jocaste), Orchestre Saito Kinen, sous la direction de Seiji Ozawa, festival Saito Kine, 1993.Enesco, au contraire, a voulu trouver des personnages humains, avec qui nous puissions nous identifier. Créer et transmettre de l’émotion.
Les deux compositeurs arrivent à leurs fins.
Les deux opéras représentent deux types de beauté différents, pleinement inscrits dans la musique de leur temps.
Le premier, sec, presque tranchant, une beauté d’icône.
Le deuxième, foisonnant, sombre, un poil échevelé, comme il se doit pour un tel sujet.
George Enesco, Œdipe, Opéra national de Bucarest, sous le direction de Valentina Carrasco, 2015. Frédéric Léolla
9 mars 2025
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Vendredi 14 Mars, 2025 1:52