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Musique et violence à l'épreuve des genres dans le cinéma européen (1970-2000) : porosités et résonances

4-6 décembre 2025, Rouen

Université Rouen Normandie, Maison de l’Université,

Langue : français, anglais

Ce colloque d’une durée de trois jours est consacré à la représentation musico-sonore de la violence à l’écran à travers le prisme des conventions et des codes génériques. Il s’inscrit dans le cadre du projet de recherche ANR “Muviscreen”. Représentations musico-sonores de la violence à l’écran. Résonances Hollywood/Europe (1970-2000)”. Il fait suite à un premier événement scientifique (“Musique et violence dans le cinéma européen : effets, topiques et intertextualité (1970-2000)”) qui visait à étudier la représentation de la violence musico-filmique à travers trois axes : exacerbation, distanciation, intériorisation.

Si la violence se manifeste quotidiennement sur les écrans à l’ère du numérique et d’internet, sa présence médiatique s’est en réalité affirmée depuis cinquante ans. Ce phénomène entre en résonance avec les fictions audiovisuelles qui sont un vecteur privilégié de représentations socio-culturelles. Dans ce contexte, la musique et le son s’apparentent à des catalyseurs émotionnels qui ont participé à accentuer ou au contraire à nuancer la monstration de la violence selon une pluralité de codes. A partir de la fin des années 1960, les modes de figuration cinématographiques de la violence se transforment profondément. En 1968, un système de classification des œuvres se substitue ainsi au Code Hays en vigueur à Hollywood. La place accordée à la violence, qui se manifeste alors sur les écrans d’une manière plus explicite – on commence à parler « d’ultraviolence » – devient dans le dernier quart du 20e siècle un sujet complexe dont la compréhension varie dès lors en fonction de perspectives distinctes les unes des autres. L’image de l’agression physique a pu ainsi être interprétée aussi bien comme le signe d’une exploitation outrancière et racoleuse ; comme un geste radical, provocateur et transgressif ; comme le nécessaire dévoilement d’une sordide réalité ; comme un spectacle aux vertus cathartiques ; ou même comme un simple motif d’ordre esthétique ou symbolique, emblématique du style « post- moderne » alors en vogue. Les trois décennies envisagées sont par ailleurs caractérisées par des évolutions technologiques majeures de l’avènement du dolby jusqu’aux infrabasses de plus en plus immersives en passant par les techniques de bruitage, la généralisation du numérique dans les années 1990 et par la standardisation des drones, générateurs de tension au début des années 2000.

En mobilisant des approches historiques, esthétiques, analytiques et techniques, on éprouvera ces trois positionnements narratifs musico-filmiques, dont on n’exclut pas la porosité ni les entrelacs des différents registres, évoluent dans des proportions diverses tout au long de la période étudiée, en fonction de nombreux paramètres : le contexte socio-politique, la technologie, les courants dominants, les genres cinématographiques, les générations de réalisateurs et de compositeurs, ou encore l’émergence de nouveaux styles musicaux. Dans une démarche comparative, on examinera un corpus Dans une démarche comparative, on examinera un corpus de films européens s’inscrivant dans une circulation Hollywood/Europe et comprenant autant des exemples emblématiques que des films moins analysés.

Ce nouveau colloque, “Musique et violence à l'épreuve des genres dans le cinéma européen (1970-2000) : porosités et résonances”, est dédié à l’une des facettes les plus évidentes de la question au centre du projet de recherche. Lorsque l’on évoque musique et violence au cinéma, on pense naturellement à celle qui accompagne les films d’action, les films de guerre, l’épouvante, le thriller, le policier, le western ou encore le slasher. La violence est polymorphe et s’insinue dans divers genres.

Si l’on prend l’exemple du cinéma d’horreur, on y entend des chromatismes tortueux, des ostinatos lancinants, des déchaînements orchestraux (de plus en plus souvent mêlés à un designsonore au caractère sombre) ; et plus précisément, des stingers dont on trouve une expression exacerbée dans les coups d’archet incisifs des violons de la scène de la douche dans Psycho (Hitchcock, Herrmann, 1960). Chez John Carpenter, au contraire, ce sont des cellules minimales, froides et une mécanique du timbre, qui servent à évoquer le caractère inhumain de l’Homme (Halloween,Carpenter, 1978). Dans le cinéma d’horreur italien de Dario Argento, dont l’esthétique mise sur l’exacerbation du gore, le rôle de la musique, notamment celles des Goblin ou de Keith Emerson pour la trilogie des trois mères, est d’accentuer la violence en créant l’illusion du monstre, en l’occurrence la sorcière, dans la matière musicale et sonore.

Autre exemple, dans le film de guerre, loin du canon habituel renvoyant à du symphonisme militaire, ce qui retient régulièrement l’attention à l’écoute de certaines bandes originales comme Les Sentiers de la gloire (Stanley Kubrick, Gérard Fried, 1957), Platoon (Oliver Stone, Georges Delerue, 1986), La Ligne Rouge (Terrence Malick, Hans Zimmer, 1998), ou encore Joyeux Noël (Christian Carion, Philippe Rombi, 2005) c’est que la violence montrée n’est pas forcément relayée par la musique. Ces compositions dont la nature relativement calme, voire minimaliste et/ou texturale, s’étirant parfois en nappes au caractère élégiaque, permettent de mettre en relief les coups de feu, explosions et autres cris de souffrance lors des affrontements ; elles amplifient, par antinomie, le danger imminent et la violence prête à exploser (distanciation, intériorisation).

Les trajectoires énoncées ci-après offrent des pistes de réflexion à privilégier, qu’il s’agira d’explorer de manière isolée ou conjuguée :

Dans le cadre de l’ANR, un dernier colloque sera dédié à la question des enjeux techniques :

« Son et violence au cinéma : articulations technologiques » – Lyon 2, Passages XX-XXI, (Martin Barnier, Chloé Huvet et Jérôme Rossi), en novembre 2026.

Pour ce deuxième colloque, les propositions de communication, de 300 mots environ, accompagnées d’une courte notice bibliographique, sont à envoyer Cécile Carayol, Martin Barnier, Laurent Guido, Jérôme Rossi pour le 30 juin 2025.

Colloque organisé par Cécile Carayol (Université Rouen Normandie, CEREdI/IRCAV), Martin Barnier (Université Lumière Lyon 2, Passages XX-XXI), Laurent Guido (Université Paris Sorbonne Nouvelle, IRCAV), Jérôme Rossi (Université Lumière Lyon 2, Passages XX-XXI).

Membre associé : Steve (Janet) K. Halfyard (The Royal Conservatoire of Scotland)

Comité scientifique

Martin Barnier (Université Lumière Lyon 2) Roberto Calabretto (Università di Udine) Cécile Carayol (Université Rouen Normandie) Simon Daniellou (Université Rennes 2) Laurent Guido (Université Sorbonne Nouvelle), Steve Halfyard (The Royal Conservatoire of Scotland) Chloé Huvet (Université Évry Paris-Saclay), Kathryn Kalinak (Rhodes Island College) Gilles Ménégaldo (Université de Poitiers), Raphaëlle Moine (Université Sorbonne Nouvelle) Jérôme Rossi (Université Lumière Lyon 2),Tom Schneller (Ithaca College).


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Samedi 19 Juillet, 2025