Caen, 19 novembre 2025 —— Alain Lambert.

Macbeth (Tero Saarinen/Marko Nyberg) : en théâtre dansé et jonglé

Macbeth d’après William Shakespeare, Tero Saarinen Company, Tero Saarinen. photographie © Justus Hirvi.

Macbeth d’après Shakespeare bien sûr, adapté en finnois par Michael Baran pour le chorégraphe finlandais Tero Saarinen. On l’avait découvert il y a presque trente ans, déjà dans le cadre des Boréales, le Festival nordique autour de Caen, avec un solo éblouissant sur le Sacre de Stravinsky. Il est revenu deux fois au théâtre de Caen, depuis. Et le revoilà dans cette adaptation jouée par trois comédiens, trois danseurs et un jongleur.

Un pari pas facile, mais largement réussi. On passe du Rite of spring au Rite of ring que les anneaux du jongleur symbolisent en couronnes royales qui passent de l’un à l’autre, des uns aux autres, et donnent un centre à de nombreuses séquences dansées. Ou mimées quand le texte remplace la musique.

C’est le premier choc, cette langue qui claque et module si différemment du texte en français surtitré. Et qui développe de façon si brutalement poétique la folie, l’hubris du pouvoir. Le solo de Lady Macbeth en est un grand moment avec une comédienne en transe. Au point d’oublier que toutes les prophéties sont ambiguës.

Les moments dansés sont intenses, sur la musique électro très rythmique de Marko Nyberg. Avec un décor minimaliste, un tapis central qui se met en mouvement comme la forêt prophétique, des manteaux qui deviennent statues, des lumières semi-stroboscopiques ou une rapide projection vidéo de runes sur l’espace central, la double signature Saarinen.

Les moments mimés et parlés sont moins évidents, mais on sent comment son apprentissage du butô et de la danse japonaise l’a aidé à trouver sa solution gestuelle pour la partie théâtrale.

Une histoire de bruit et de fureur racontée par un idiot, nous dit Shakespeare, avant le superbe solo final de la danseuse, parmi les lianes lumineuses, qui font écho à celles de l’ouverture, et qui vont s’éteindre une à une, comme se sont éteints les protagonistes du drame.

Un superbe spectacle dansé sans doute plus méditatif que la tragédie, sans ses dialogues, sur la folie du monde humain, au delà des personnages incarnés.

Prochaine expérience chorégraphique au théâtre de Caen du 10 au 12 décembre avec Contre-nature de Rachid Ouramdane.

Alain Lambert
2025
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ISSN 2269-9910.

Samedi 22 Novembre, 2025 19:19