14 juillet 2025 —— Alain Lambert.
Deux spécialistes du fantastique horrifique se retrouvent dans cette nouvelle de Stephen King adaptée en film par Mike Flanagan. Mais ici le registre est celui du fantastique poétique et métaphysique, même si l’acte III, qui ouvre le film, accentue la sensation de fin du monde de notre propre présent.
Il s’agit d’une rêverie métaphysique sur ce que chaque humain porte en lui, un univers entier, en référence au poème de Walt Witman cité deux fois, Chant de moi-même (51) avec son vers énigmatique et révélateur : Je suis vaste, je contiens des multitudes.
Se souvenir des belles choses, conseillait Épicure à ses disciples pour repousser les douleurs de la maladie. C’est ce que fait Chuck (Tom Hiddleston) qui n’a pas eu une vie très drôle, nous apprendra l’Acte I. Il est devenu comptable compétent à cause de son grand-père (Mark Hamill) et danseur incroyable grâce à sa grand-mère (Mia Sara), qui lui a fait découvrir les vidéos de West Side Story, All That jazz, Cabaret. Et surtout Cover Girl de et avec Gene Kelly, dont on aperçoit le même extrait deux fois au cours du film. On le voit donc danser avec sa parente dans la cuisine familiale, puis avec la meilleure danseuse du club de danse du lycée, en particulier au bal annuel, une sorte d’anti Carrie ou le bal du diable du même écrivain, que Mike Flanagan vient d’adapter en série vidéo.
Et entre deux, le second acte est une des plus longues séquences musicales et dansées de l’histoire du cinéma, une merveille comme on n’en fait plus. Une artiste de rue (Pocket Queen) s’est installée avec sa batterie à un carrefour et multiplie les solos pour remplir son chapeau, quand elle croise le regard de Chuck qui sort d’un séminaire de comptabilité et s’arrête, envahi par le rythme et repris par son vieux démon. Il est bientôt rejoint par une jeune vendeuse aussi rousse (Annalise Basso) que l’héroïne de Cover Girl. Le chapeau de la musicienne déborde de billets à la fin de leur prestation, qu’elle va partager avec ses deux complices d’un moment autour d’un verre. L’acte suivant va donc expliquer d’où vient ce talent de Chuck et pourquoi, à la veille de disparaître et de plonger dans le noir tout son monde intérieur, il se souvient des belles choses. D’autant qu’une autre ombre a envahi la vie du jeune héros dans la maison des grands-parents. Un superbe film de cinéma total, poétique et musical à ne pas manquer cet été !
Alain Lambert
14 juillet 2025
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Lundi 14 Juillet, 2025 1:42