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Jean-Marc Warszawski, Paris, Conservatoire Rachmaninoff, 17 octobre 2025

Le pianiste Vyacheslav Gryaznov chez Rachmaninoff Paris

Vyacheslav Gryaznov au Conservatoire Rachmaninoff de Paris, 17 octobre 2025. Photographie © musicologie.org

Le 17 octobre dernier, le conservatoire Rachmaninoff de Paris présentait le premier concert d’un nouveau cycle « Cartes blanches », pour la programmation duquel les invités sont proposés par des musiciens éminents proches du Conservatoire. Ainsi, pour cette soirée inaugurale, nous avons découvert le phénomène Vyacheslav Gryaznov. Par ailleurs, Michel Dalberto a proposé le pianiste Julian Trevelyan (14 novembre), Karine Deshayes fera découvrir le baryton-basse Alexandre Baldo (23 janvier 2026).

Une soirée pleine de tiroirs. D’abord parce que nous retrouvons des personnes que nous avions l’habitude de côtoyer à trois kilomètres de là, de l’autre côté de la Seine. Que, depuis notre dernière visite au Conservatoire « russe », tout semble avoir changé, le lieu passé en la propriété de la ville de Paris a été totalement réhabilité, il a pris il est vrai un petit coup de jeunesse et semble habité d’une volonté d’animation conviviale, sous la houlette d’Arnaud Frilley, directeur et Stephan Gaubert, directeur artistique et des études.

Il est assez raisonnable de penser que les après-concerts préparés par des dames un peu patronnesses, sont définitivement tombés dans l’histoire : adieu tarama, zakouskis, blinis, pirojkis, vatrouchka, vodka (тарама, закуски, блины, пирожки, ватрушки, водка), pour celles et ceux qui arrivaient à atteindre la buffet. Toutefois, une guinguette a été installée dans le petit jardin. Le 22 novembre sera une journée spéciale cuisine moldave.

Vyacheslav Gryaznov est venu avec son G-Phil virtual Orchestra… Tiroir G-Phil virtual Orchestra :

Vyacheslav Gryaznov est pianiste concertiste, compositeur, très connu comme arrangeur (contrat d’édition avec Schott). Il a brillamment suivi les cycles d’études de l’École centrale de musique du Conservatoire d’État de Moscou. Il est diplômé de l’université de l’école de musique de l’Université de Yale, artiste de l’Orchestre philharmonique de Moscou et artiste en résidence à la Drozdoff Society aux États-Unis. Il a en poche une brassée impressionnante de Prix.

Pendant le confinement COVID, désireux de pouvoir travailler des concertos, il a orchestré (sonorisé) numériquement les partitions désirées et confectionné un logiciel permettant de jouer avec. À ce jour, il a numérisé environ 25 œuvres qu’il met à la disposition de tous, logiciel compris.

Au programme, le mal aimé 4e concerto de Rachmaninoff auquel Vyacheslav Gryaznovl a répondu par une de ses compositions, Rhapsody in Black. Tiroir, car c’est en fait une œillade à la Rhapsodie in Blue de Georg Gershwin, mais tiroir, car cette rhapsodie à programme raconte une suite au livret de Porgy and Bess. Comme tout le monde sait, Porgy est devenu riche en trichant au jeu, mais sa Bess est partie à New York avec Sportin' Life. L’histoire imaginée par Vyacheslav Gryazno n’est pas seulement noire de peau, mais, dit-il, pour nous rassurer, au bout, il y a toujours un espoir. Quand on y réfléchit, c’est assez désespérant. L’espoir se place plutôt au départ qu’à la fin.

Vyacheslav Gryazno est un pianiste phénoménal d’une vitalité rare qui n’hésite pas à faire souffrir les pianos. Celui-là a souffert. Le volume est un peu fort pour le grand salon, même fourré dans des baffles, l’orchestre doit être un orchestre et le piano batailler avec. Quand on ferme les yeux, il y a bien un orchestre vivant. L’effet est réussi. Rhapsody in Black est un ouragan d’envolées, de percussions, de frappes bombastiques, de traits virtuoses (comme dans le Rachmaninoff... qui lorgne aussi vers le jazz), qui charrient dans leur histoire les thèmes bien connus de Porgy and Bess. Il y a même pour souligner le sinistre, des coups de tocsin, difficile de s’en empêcher quand on est Russe. Il y a de la rage, de la colère c’est-à-dire de l’amour, une vitalité vraie, brutale, sincère, pleine de beauté. Quant au pianiste compositeur, il est admirable d’ambition musicale et de pouvoir la réaliser avec une telle maestria.

Ces œuvres seront publiées par le label Apparté, enregistrées avec un orchestre réel.

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Jean-Marc Warszawski
12 novembre 2025

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ISSN 2269-9910

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