Jean-Marc Warszawski, 26 août 2025

La pianiste Pénélope Bigazzi et son fils le pianiste César Geloso

La belle époque des Geloso, Miren Adouani (piano), Marie-Hélène Ruscher (mezzo-soprano), Pascale Servranckx (violon), Delphine Gosseries (violoncelle), œuvres de Pénélope Bigazzi et César Geloso, CIAR classics 2025 (CC 024).

Enregistré 28-31 octobre 2024, Pôle culturel du Pays d'Alby.

Par un de ces hasards qui font le hasard, la pianiste (et cheffe de chant) Miren Adouani, actuellement professeur au Conservatoire d’Annecy, a été mise sur la piste de la petite dynastie musicale Bigazzi-Geloso. Férue d’histoire locale et curieuse du passé de ses propres ancêtres, elle découvrit que deux frères musiciens possédaient une propriété de villégiature, la maison de maître de l’ancienne forge de Montblainville, dans la Meuse.

Pénélope Bigazzi, fille d’un couple de chanteurs lyriques, naquit à Sienne en 1844. Après le décès de sa mère vers 1867, son père (Alberto ?) décida de faire une grande tournée pour pousser la carrière de sa fille Pénélope, pianiste prodige ayant étudié à Florence. Dès 1859, les journaux du sud de la France firent écho à la maturité artistique et à la fougue de cette jeune fille lors de concerts au cours desquels le père se produisit parfois. Les Bigazzi se fixèrent à Madrid. Pénélope y mena sa carrière de virtuose, en continuant de composer. Elle se maria en 1862 avec le peintre Francesco Geloso (1826-1905). Albert, leur premier fils, naquit en 1863, César en 1867. La famille se fixa à Bordeaux l’année suivante. Les enfants étudièrent au Conservatoire de Paris. Albert fit une brillante carrière de violoniste, il décéda en 1916, deux ans après sa mère, qui avait cessé de composer après son mariage. César fit également une brillante carrière de pianiste précoce et de compositeur. En 1927, il fut nommé directeur du Conservatoire de Versailles, d’où il démissionna en 1931 pour se retirer en Angleterre, la patrie de sa seconde épouse. Il y décéda en 1960.

Miren Adouani a donc recherché et rassemblé les partitions de la mère et du fils pianiste. La Bibliothèque nationale de France conserve pas mal de musiques de César Geloso, pour Pénélope, sur une petite vingtaine d’opus (nous supposons), une petite moitié est conservée à la Bibliothèque nationale espagnole, des éditions de 1860-1861 (presque toutes numérisées), un ou deux exemplaires sont en Italie (éditions de 1858). Il semble qu'elle en a aussi obtenu de la descendance.

Après avoir rassemblé les partitions, Miren Adouani a rassemblé ses troupes, le trio Ellébore : elle-même, Pascal Servranckx (violon), Delphine Gosseries (violoncelle) et Marie-Hélène Ruscher (mezzo-soprano).

C’est un enregistrement sympathique témoignant d’une époque et de ses goûts. Des pièces de salon (5) pour Pénélope Bigazzi, essentiellement des danses quelque peu exotiques, bien ficelées, brillantes, joyeuses (magnifique habanera), des choses à vendre aux maisons bourgeoises d’avant phonographe et radio, tout de même destinées à de bons pianistes.

Dans l’ensemble, César Geloso continue cette tradition, mais on passe tout de même au concert de petites formes, sous des influences plus diversifiées, le romantisme germanique (Soliloque), les volutes et cascades naturalistes du style nouveau, des archaïsmes (Douleur muette). La danse cède le pas à la fantaisie, au nocturne (Chanson d’avril), à la romance, aux scènes de genre. On sera attentif aux raffinements mélodiques (Brises de mer) et aussi harmonique sophsitiquées et délicates, qui parsèment cette vingtaine de pièces, avec de très beaux moments (De la même à la même ; Le convoi funèbre ; il était une fois) et au brio bavard de la Toccata.

Jean-Marc Warszawski
26 août 2025

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Mardi 26 Août, 2025 3:17