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Jean-Marc Warszawski, 15 avril 2025

Jean Dubé et Amara Tir sonatent Darius Milhaud et Théodore Dubois

Sonates pour violon et piano de Darius Milhaud et Théodore Dubois, Jean Dubé (piano), Amara Tir (violon), Darius Milhaud, sonates no 1, opus 33 et no 2, opus 40 ; Théodore Dubois, sonate en la majeur.

Sonates pour violon et piano de Darius Milhaud et Théodore Dubois, Jean Dubé (piano), Amara Tir (violon), Darius Milhaud, sonates no 1, opus 33 et no 2, opus 40 ; Théodore Dubois, sonate en la majeur. Continuo Classics 2024 (CC 777.840).

Enregistré en mars 2024 à Rouen Pianos.

Un nouvel attelage, le pianiste Jean-Dubé et le violoniste Amara Tir, mouille le Milhaud, ses première et seconde sonates en y accrochant celle en la majeur de Théodore Dubois, anti-moderne, terreur en son temps des étudiants du Conservatoire national supérieur de Paris et en général des étudiants en harmonie, qui à la dernière page de son traité étaient plus confus qu’à la première.

Jean Dubé, le boulimique prodige de répertoires les plus variés, souvent rares, et d’enregistrements, bien connu du milieu musical, mais ignoré des médias, plus assez jeune pour annoncer l’avenir, pas assez âgé pour ouvrir le ban des hommages. Amara Tir, qui ose enfin surmonter une paralysie due à une dévotion quasi religieuse à son maître Jean Ter-Merguerian, lui-même admiré par les milieux musicaux internationaux, mais ignoré de « l’industrie musicale », qui fût un disciple de Karp Dombaev et de David Oïstrakh à Moscou.

Darius Milhaud a renié et retiré sa première sonate de son catalogue, de fait elle est assez peu jouée. Certes, comme on dit « il y a déjà là tout Milhaud ». Sans aucun doute. Ce qu’on peut en dire, avec la pauvreté du vocabulaire français pour la musique est peu ou prou ce qu’on dirait pour la seconde sonate, qui est pourtant et bien plus ornementée, digressive, une différence comme il y a entre le brouillon et la mise au propre.

Si lui-même a boudé cette première sonate, on boude en général sa musique de chambre, quelque peu négligée, dit-on encore, par une trop grande facilité à composer, qui le pousserait à être peu soigneux. Argument assez bizarroïde, puisque cette facilité est en général un argument positif caractérisant élégance et naturel. Il est vrai que Darius Milhaud n’est pas le compositeur de la délicatesse sucrée, son expression musicale est rude, passionnée, une musique souvent énervée martelant la rythmique de pseudos comptines et airs de danses populaires.

Jean Dubé et Amara Tir n’ont pas trop choisi la facilité pour un premier contact avec ces œuvres d’un abord difficile tant pour les interprètes que pour les auditeurs, la première plus ardue dans ses expressions et cheminements que la seconde. Ils leur impriment toutefois des élans élégiaques et héroïques qui ne manquent pas de poésie.

La musique de Théodore Dubois est bien moins ringarde que le personnage semble avoir été. Elle a de beaux élans romantiques, de la belle romance sans guimauve, des emportements, de la sauvagerie, des épisodes très réussis et très beaux, du renouvellement et des surprises. L’interprétation sans mièvrerie, l’économie de vibrato, une certaine âcreté lui donnent ici une présence toute physique et de la sincérité.

Théodore Dubois, Sonate en la majeur, extrait du 3e mouvement, Allegro decision con fueco.

plume_07 Jean-Marc Warszawski
15 avril 2025


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Mardi 15 Avril, 2025 14:25