Lovetrain. Photographie © Julia Gat.
Souvenez vous en mars 2020 le confinement, l’interdiction de dépasser le kilomètre alentour, de se serrer les uns les autres, d’aller au café ou au théâtre ou au concert. Le spectacle du chorégraphe Emanuel Gat installé avec sa compagnie à Istres raconte le retour à la vie et à la danse après ce moment-là.
Et peut être que les contrastes, ombre et lumière réparties sur un individu ou le groupe, silence ponctué des pas, souvent en solo, et musique avec le groupe interagissant, vide de la grande scène élargie sur la fosse d’orchestre, ombrée par les jeux de rideaux, et plein de la scène plus proche du public avec ses dix danseurs…le disent aussi.
Quant aux fumées dont on se demande d’habitude si elles ne sont pas là juste pour nous faire tousser, elles deviennent aujourd’hui un élément important du décor, quand elles s’échappent vers le haut en se déchirant comme font les nuages, au milieu desquels virevoltent les corps.
Un ballet qui pourrait faire écho au Ballet for life de Béjart chorégraphié contre le sida, où il alternait rock et classique, Queen et Mozart. Mais ici, c’est Tears for Fears (Des larmes sur les peurs) qui alterne avec le silence, un rock progressif aux matières et aux rythmes complexes, avec des ruptures et des polyrythmies, et des voix enchantées. Shout, Pale Sheleter, Mad World... ou Sowing the Seeds of Love, d’où vient la référence au Love train qui va de côte en côte, et clôt le spectacle.
Les costumes en forme de toges chamarrées rappellent les représentations de l’antiquité façon baroque, quand il fallait vivre avec les pandémies virales ou guerrières. Aussi un côté Bollywood en plus pastel et moins clinquant.
Les six danseuses et quatre danseurs vivent les musiques à fond, dans des mouvements et des déplacements décalés, en prenant parfois dans leurs gestuelles des postures alphabétiques accompagnant et commentant les solos ou duos au premier plan, mais dans une langue secrète et joyeuse. Les solos silencieux semblent plus improvisés, en partie du moins.
Une belle chorégraphie du retour à la vie. À voir encore à Louvain, Amsterdam, La Haye et Prague en 2025.
En danse encore au théâtre de Caen du 11 au 13 mars, Naharin's Virus d’Ohad Naharin.
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Mardi 21 Janvier, 2025 18:08