Jean-Luc Vannier, Monaco, 15 décembre 2025.
Cats à l’opéra de Monte-Carlo : une comédie musicale qui a du chien !
Cats, ce sont des matous très attachants : créée au New London Theater le 11 mai 1981 — une date symbolique pour celui qui dira plus tard : « rentrées ou sorties les griffes du chat sont toujours là » — sur une musique d’Andrew Lloyd Webber et un livret qui s’inspire d’Old Possum’s Book Of the Practical Cats et autres poèmes de T.S. Eliot, cette comédie musicale « culte » que le Théâtre Mogador avait fait découvrir aux Français en octobre 2015, vient de s’installer à l’opéra de Monte-Carlo qu’il convient de féliciter pour cette excellente initiative. Cats agrémentera, notamment pour les plus petits — un succès à entendre leurs commentaires aussi intarissables que réjouis à l’issue de la première représentation dimanche 14 décembre — les fêtes de Noël et du Nouvel An en Principauté et ce, jusqu’au 31 du mois.
Dans le strict respect de la mise en scène originale en version anglaise de Trevor Nunn, de la chorégraphie puissamment gymnique de Gillian Lynne — une quasi-contorsionniste pour la « White cat » d’Isabel Moore — dont l’excentricité des danseurs consiste à taquiner les spectateurs jusque dans leur fauteuil ainsi que de la scénographie de John Napier aux multiples artifices à la fois « kitsch » et poétiques qui confinent à la magie, ce Cats distille pendant deux heures une philosophie empreinte d’altruisme sur le thème de l’acceptation de la différence : révérer et aduler son chat — lui donner du « caviar à la place du mou ! » — reviendrait en miroir à estimer et à respecter son prochain. Le tout sur fond d’un hymne à la liberté féline en l’honneur des chats de gouttière. L’histoire, en fait un conte fantastique, évoque une nuit très spéciale, le grand « Jellicle Ball », où les chats se réunissent sous le regard bienveillant de leur vieux sage « Old Deuteronomy » (Michael Robert-Lowe), pour choisir parmi eux, celui ou celle qui s’élèvera vers la mystérieuse « Heavyside Layer » afin de renaître dans une nouvelle vie pleine de promesses. Pure coïncidence ? « L’âge de cristal », film signé Michael Anderson et fondé sur de semblables promesses de « régénération », date de 1976 en plein New Age. Une douzaine de musiciens dont on regrettera qu’ils ne se soient pas présentés sur scène à l’issue du spectacle, étaient dirigés depuis les coulisses latérales (Directeur musical : Daniel Mclaughlin et David Grindrod, direction d’orchestre : David Gallagher).
La première partie qui se résume parfois à une juxtaposition décousue de tableaux présentant une étonnante variété de chats, n’en possède pas moins de nombreux atouts : le numéro de claquettes des cafards et autres blattes et l’atmosphère jazzy qui accompagne le chat criminel Macavity (Marco Venturini) valent franchement le détour et suscitent des applaudissements. Si la dynamique de l’histoire retrouve le fil de son intrigue en seconde partie après un enlèvement de « Old Deuteronomy » par le chat criminel, enlèvement aussi spectaculaire que sa libération par le chat magicien Mistoffelees (Samuel Bateson), elle est toutefois loin d’égaler la dramaturgie nettement plus étoffée du Phantom of the Opera du même Andrew Lloyd Webber conçu cinq années plus tard et donné en décembre 2023 sur le Rocher.
L’extravagance de Cats ne saurait atténuer l’émotion d’entendre — ou de réentendre pour quelques seniors — le tube qui participa de son succès puisque Cats fut traduit en dix langues, produit dans vingt pays et acclamé par plus de soixante-dix millions de spectateurs : en témoigne la chanson « Memory…all alone in the moonlight » superbement interprétée par Grizabella (Lucy May Barker), une chatte mourante et dépenaillée en butte aux moqueries et insultes de ses congénères après une gloire ternie par les ans.
Rien de fané ou de défraîchi en revanche dans cette comédie musicale si l’on en juge par l’enthousiasme du public, tous âges confondus, à l’issue de la représentation.
Monaco, 15 décembre 2025
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ISSN 2269-9910

Mardi 16 Décembre, 2025 22:39