27 juin 2025 —— Alain Lambert.
Wald Elijah, Bob Dylan Électrique : Newport 1965, du folk au rock : histoire d'un coup d'État (traduction d'Émilien Bernard). Rivages Rouge, Paris 2025 [544 p. ; ISBN 978-2-7436-6610-2 ; 11 €].
Le sous-titre en est « Newport 1965 du folk au rock - Histoire d’un coup d’État ». Car c’est bien ce que raconte ce livre, réédité cette année, suite à la sortie du film Un parfait inconnu. Comment une icône folk du protest song se déboulonne elle-même de son piédestal. . Une incroyable épopée que Elijah Wald raconte en 500 pages fort documentées.
Il commence par un chapitre sur une autre figure, Pete Seeger, un des grands moteurs de la révolution folk des années 1950-1960 qui va accompagner le mouvement des droits civiques et s’épanouir autour du festival de Newport, dont il est beaucoup question ici. Il a en particulier écrit et joué au banjo If I had a Hammer […] It's the hammer of justice, qui était bien une gentille chanson revendicative. Et que nous ne connaissons que par la version twist et décérébrée de Claude François : Si j’avais un Marteau.
Ensuite la jeunesse de Bob, son arrivée à New York, l’évolution de son style musical et poétique, tout y est raconté et décrypté avec force citations éclairantes, et extraits de ses textes.
Avant d’arriver au fameux festival de 1965 décrit en détail, et ses conséquences futures sur le musicien, ses proches et le festival lui-même.
Toute une histoire de la révolution culturelle américaine, et anglo-saxonne, dans un ouvrage paru un an avant l’attribution du prix Nobel au poète-chanteur.
Il vient d’être réédité ce début d’année juste au moment où est sorti Un parfait inconnu de James Mangold, ayant déjà commis un biopic sur Johnny Cash, Walk the Line, vingt ans plus tôt, qu’on retrouve dans ce nouvel opus, au passage. Avec Timothée Chalamet, Monica Barbaro dans le rôle de Joan Baez et Edward Norton dans celui de Pete Seeger.
Il s’agit bien sûr d’un biopic, et non d’un documentaire. Mais le scénario s’est largement nourri du livre de Wald, en l’arrangeant pour le rendre grand public, mais sans le trahir, en en gardant la trame. Et en plus le réalisateur a demandé aux chanteurs musiciens de travailler avec des conseillers musicaux pour pouvoir jouer et chanter comme si leur existence en dépendait, sans play-back. Ce qui donne une authenticité plus forte au jeu des comédiens et au récit. Une belle réussite donc. Et tellement rare. Dans la lignée de En route vers la gloire de Hal Ashby de 1976 qui retrace la vie tumultueuse de Woody Guthrie, qu’on retrouve en pointillé tout au long d’Un parfait inconnu.
Alain Lambert
27 juin 2025
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