Un Petit Label de l’an passé, Now Is Not Now du trio Play Station, Chance du trio de la pianiste Miki Yamanaka, Translation Jazz du batteur Gaspard Guerre en quartet ou en MAO, Inventions du paniste Russ Lossing, Shapes and Sounds du pianiste Yonathan Avishai en trio, Sept fables sur l’invisible du duo Annick Nozatti-Daunik Lazro. Et pour finir Après le déluge du quartet les Enfants d’Icare mais en sextet poétique.
Now Is Not Now (Petit Label 2023) du trio Play Station composé de François Chesnel au piano, Patrice Grente à la contrebasse, et Pierre Millet à la trompette. Un univers cool et méditatif où le piano se fait lyrique, la contrebasse ample et la trompette féérique, dans une écoute complice construisant de beaux espaces musicaux. Que ce soit les compositions des membres du trio, ou les trois empruntées à Misha Mengelberg, Avant Nightfall de Charlie Haden pour clore ce très bel album à réécouter sans modération.
Chance (Cellar Music 2024) est un disque de standards en trio de la pianiste japonaise Miki Yamanaka installée à New York avec son batteur et mari Jimmy MacBride, et à la contrebasse Tyrone Allen. De grands (et grande) pianistes sont évoqués à travers un de leur titre marquant. George Cables, Thelonious Monk, Erroll Garner, Geri Allen, Kenny Kirkland, sans oublier le vibraphoniste, Bobby Hutcherson, tout un panel de claviers qui enrichirent le jeu de la jeune pianiste, superbement accompagnée par ses deux complices en beau trio.
Translation Jazz (Jazz Family 2024) est l’œuvre du batteur et compositeur Gaspard Guerre, en quartet avec Alix Gosse aux claviers, Louis Mardivirin au saxophone et Simon Buffaud à la contrebasse ou à la basse. Parcourant quotidiennement à pied les Monts de Bond dans le Limousin, son premier thème, Walk, donne le ton, un jazz puissant, pulsif, au saxophone charnu et aux claviers plus éthérés. Le trompettiste Raphaël Nampin les rejoint sur deux titres. Un bel album qui coexiste avec un autre, Translation MAO, où neuf des dix titres sont arrangés pour ordinateur synthétique par Antoine Fouquet, avec quand même le sax de Louis Mardivirin.
Inventions, A suite of improvisations (Blaser Music 2024) en piano solo. Russ Lossing, en contraste avec son jeu de piano électrique dans le groupe King Vulture, médite et improvise la nuit sur son clavier acoustique une suite d’inventions numérotées de I à VI. On le voit à l’intérieur de la pochette très graphique grignoter ou tenir un marteau (de piano) entre ses dents… Entre musique contemporaine et jazz ces variations improvisées sur des thèmes souvent minimalistes nous promènent dans des multivers sonores aux déambulations labyrinthiques.
Shapes and Sounds (jazz&people 2024) est le nouvel opus du trio du pianiste et compositeur Yonathan Avishai.
Accompagné de Yoni Zelnik à la contrebasse et de Donald Kontomanou à la batterie depuis dix ans. Formes et sons, un beau programme pour célébrer l’art du trio. Aussi les musiciens, à qui le premier thème est dédié, qui se frottent à cette dialectique infinie dans l’improvisation. Avec les meilleures intentions comme le suggère le troisième. Deux standards, dont La mélancolie de Ferré, émaillent cette chatoyante sculpture sonore.
À écouter au Studio de l’Ermitage à Paris le 3 décembre.
Sept fables sur l’invisible (Mazeto Square 2024) provient de l’enregistrement au Festival Musique Action en mai 1994 du duo d’Annick Nozati — disparue en 2000 — à la voix et de Daunik Lazro aux saxophones. Tous deux aux compositions et improvisations. Ici la voix et l’instrument fonctionnent de concert, se murmurant, s’éclatant, se révoltant, se rythmant, se psalmodiant, se déchirant, se bruitant ensemble ou en alternance. Alternés, Sons unis, Excès encore sont quelques titres parlants. La peau des anges en dit beaucoup aussi.
Après le déluge Et autres Illuminations d’Arthur Rimbaud (Déluge 2024). Les Enfants d’Icare est un quatuor à cordes qui veut synthétiser les énergies classique, folk, rock et jazz avec leurs quatre archets : Boris Lamerland, violon, alto, compositions, Antoine Delprat, violon, Olive Perrusson, alto et Octavio Angarita violoncelle. Pour leur second opus, ils ont demandé aux voix de Léa Castro et de Loïs Le Van de venir dire et chanter les onze poèmes choisis et mis en musiques violoneuses et volcaniques. Une étonnante expérience poétique.
À écouter en live le 16 novembre au Triton/Les Lilas.
Alain Lambert
31 octobre 2024
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Vendredi 1 Novembre, 2024 1:16