Edifice Wrecks de Cobra Fantastic ; En concert du duo Robbe-Gloagen ; Universal Groove du trompettiste Ewen Robbe ; Vorticity du pianiste Arshid Azarine ; Instant Groove du guitariste Cyril Amourette ; Live à Paris du big band d’Itiberê Zwarg ; Entre les terres du Quartet Molard, Corneloup, Delaunay, Courtois ; Following the Sun du vibraphoniste Alexis Valet et Until Now du contrebassiste Gabriel Pierre.
Edifice Wrecks (Giant Monster Robot 2024) nous vient d’un groupe de funk parisien, Cobra Fantastic, en apparence du moins, car débarqué clandestinement de la 9e planète. Tellement froide qu’il faut bien se réchauffer en choisissant sérieusement la musique à jouer ici ensemble. David Garlitz, aux compos, à la guitare et au chant, Sarah-Lane Roberts au chant, David Prez au sax tenor, Josiah Woodson à la trompette, Benjamin Asnar à la basse et Karl Jannuska à la batterie. Avec Lucas Brown aux claviers sur deux titres et d’autres invités au chant, aux percus, à la clarinette basse et à la basse. Une pochette bd collant bien à cette musique pétulante.
En concert (Mazeto Square 2024) est l’œuvre improvisée du duo Robbe/Gloagen enregistré en public il y a huit mois au conservatoire de Pontivy. Tous deux héritiers du pianiste François Tusque dont ils continuent d’explorer les territoires et les lisières, Fabien Robbe est au piano et aux compositions. Jérôme Gloaguen est à la batterie et a composé Salaikoupa en forme de solo, coincé entre Le labyrinthe et L’ennui sans pour autant s’y perdre. Labyrinthique parfois sans doute cette musique en dialogue permanent où l’un et l’autre se relancent d’une note ou d’un battement vers un autre cheminement. Et quant à l’ennui, ils s’y confrontent avec humour.
Universal Groove (Mazeto Square 2024) est un disque hybride produit et mixé dans le studio familial par le trompettiste et compositeur Awen Robbe avec son père Fabien, pianiste et bassiste à l’occasion. Mélange de jazz New Orléans relu et rejoué avec les techniques d’aujourd’hui pour aboutir à un groove intemporel et universel, avec des musiciens de cette antique tradition comme Kirk Joseph au sousaphone ou Glen David Andrews au trombone et au chant, mais aussi Richard Mercier au saxophone ou Chance Leigh, guitariste californien. Sans oublier sur un titre la batterie de David Haynes. Un album atypique et réjouissant.
Vorticity (Ohrwurm records 2024) est l’œuvre du pianiste et chercheur en imagerie médicale Arshid Azarine avec ses deux complices Habib Meftah aux percussions et Hervé de Ratuld à la belle basse électrique. Il y rend hommage aux victimes d’Iran, en particulier dans Song to Jina, inspiré d’une chanson kurde et dédiée à la mémoire de Jina Masha Amini, dont la mort est à l’origine du mouvement Femme Vie Liberté ! On entend au milieu des notes de son jazz persan la voix de Golshifteh Faharani et le chant de Bahar Azadi ou Moki Azarine. Un beau disque où l’on devine aussi quelques feuilles mortes orientalisées pendant Erevan, Tabriz, Tehran.
Instant Groove (Black Stamp Music 2024) est le premier opus sous son nom du guitariste Cyril Amourette qui a joué avec de nombreux groupes dont les Soul Jazz Rebels ou Moonlight Benjamin, entre autres. Il est entouré de deux autres guitaristes, Paul Vernheres et Ralph Lavital, de Mathieu Edwards à la batterie, Mike Clinton à la basse, Stéphane Lenavelan aux claviers, Jean Vernheres au sax ténor, Mathieu Thave à l’alto, et Eric Mula à la trompette. De quoi accompagner en souplesse et énergie ses compositions et ses solos funky inspirés aussi du style de Joe Pass, un autre grand modèle. Un cédé bien chaloupé et épatant, dans tous les sens de groovy.
Live à Paris (TuiTui 2024) est la restitution d’un concert à Paris de l’Orquestra Familia Da França dirigé par Itiberê Zwarg, bassiste et claviériste brésilien installé en France depuis 2022, après avoir beaucoup joué avec Hermeto Pascoal. Son fils Ajurina est à la batterie et sa fille Mariana à la flûte et au piccolo. Les vingt autres musiciens, tous Français, dont le saxophoniste Benoit Crauste, ont été réunis pour jouer la musica universal brésilienne populaire. Avec des morceaux en hommage à la France parcourue lors de ses tournées avec Pascoal. Un grand ensemble mêlant cuivres, cordes, chant et percussions pour une belle aventure musicale universelle.
Entre les terres (Emouvance 2024) est l’œuvre de deux musiciens et compositeurs de jazz bretons, le violoniste Jacky Molard et le sax baryton François Corneloup associés en quartet à la clarinettiste Catherine Delaunay et au violoncelliste Vincent Courtois. Un jazz nourri de musiques de monde, entre Bretagne (Plinn ar Maro, Gwerz d’autre Part), Irlande (Jordi’s March) et Balkans (Red Jig) à la fois populaire et savant, propulsé par l’énergique baryton. Intime Nomade, Redite, Trois Pieds pour une marche, Erre, Rhombe, Entre les Terres… Toute une thématique nomadique ou dansante pour une étrange et belle randonnée musicale.
Following The Sun (Jazz&people 2024) est une sorte de carnet de voyage musical pour clore un séjour à New York du vibraphoniste parisien Alexis Valet, parti là-bas pour se ressourcer et se confronter aux musiciens du cru, croisés dans les clubs comme le Smalls ou le Fat Cat. Il s’est donc entouré pour ce cédé de Dayna Stephens au sax ténor, d’Aaron Parks au piano, de Joe Martin à la contrebasse et de Kush Abadey à la batterie. Pour des compositions nourries de ses impressions lors de son escapade musicale, avec un son de vibraphone plutôt dans la lignée mélodique d’un Bobby Hutcgerson, compagnon d’Eric Dolphy. Une belle expérience musicale.
À retrouver en concert en mai à Bruxelles le 18, les 21 et 22 au Sunside à Paris puis les 23, 24, 25 à Saintes, Bordeaux et Barcelone.
Until Now (Jazz Family 2024) est l’album du contrebassiste et compositeur Gabriel Pierre. Avec Christian Altehülshorst à la trompette, Jean-Loup Siaut à la guitare, Tom-Olvier Beuf au piano et Arnaud Dolmen à la batterie. Et il a ajouté au quintet le sax ténor Irvin Acao, le rappeur Emcee Agora et la chanteuse Katrin Merili sur Love for Sale, aussi sur un thème écrit par lui à New York, Good Vibrations. On retrouve le saxophoniste sur Bessie’s Blues de John Coltrane. Un quatuor à cordes intervient sur une intro. Une musique jouant entre passé et présent, pour les thèmes comme pour les approches musicales, dans un bel équilibre.
Alain Lambert
7 mai 2024
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