4 - 6 décembre 2024, Genève
Du 4 au 6 décembre 2024 se tiendra à Genève (HEM) un colloque intitulé Musique et mystique. Sur une idée des Ateliers d’ethnomusicologie (ADEM, Genève), il s’inscrira dans le cadre du festival Les nuits du monde (ADEM), axé sur le même thème. Comme pour le colloque Musique et épopée (ADEM-HEM Genève, novembre 2022), la motivation première de ce projet est de connecter spectacle vivant, activités pédagogiques, recherche scientifique et publications. Toutes les cultures musicales du monde pourront être envisagées y compris la musique classique occidentale.
Une sélection des contributions au colloque sera par la suite publiée sous forme d’un dossier dans les Cahiers d’ethnomusicologie (Vol. 39/2026). Les artistes, chercheurs, et étudiants musiciens ou (ethno)musicologues intéressés à participer au colloque sont invités à soumettre leur proposition avant le 15 avril 2024.
Qu’elle induise, selon les multiples traditions auxquelles elle se rattache et ses contextes d’expression, une forme de retrait voire de solitude, qu’elle porte à la contemplation et au recueillement – voire à la contrition et à la mortification – ou qu’elle exulte en cris de joie, en danses et en chants, et enivre tout l’être, la mystique est d’abord expérience, pratique, action. Il s’agit d’un processus, tout autant corporel, charnel, que spirituel – dont la multiplicité des manifestations révèle l’universalité. Au sein de celles-ci, la musique et la danse occupent souvent une place et une fonction essentielles, soulignant que si l’aspiration mystique tend vers un « au-delà » situé hors du monde, elle n’en sollicite pas moins les sens.
« La dévotion, mêlée au nectar des svara et des rāga est vraiment le paradis et la libération suprême ! » (Tyagarāja, Śri Nārada muni).
La prière, qui lie de manière intime l’orant à cet « au-delà » auquel il aspire (Dieu, Absolu, Principe créateur – que ce dernier relève ou non du divin), constitue une sorte de mise en condition pour « l’ascension mystique ». Elle est un chemin, une voie, individuelle ou partagée, au sein de laquelle la parole poétique et la musique permettent d’outrepasser la signification ordinaire des mots, comme les spéculations de l’intelligence. Mais Shams, le maître de Rūmī, dit à ses disciples : « Ne vous contentez pas de cette belle forme et de ce beau langage car au-delà il y a quelque chose d’autre. C'est cela qu'il vous faut chercher... » (Shams de Tabriz, Maqâlât).
Si la poésie et la musique ne peuvent pas être considérées dans ce contexte comme engendrant l’ivresse corporelle et spirituelle, encore moins comme une fin en elles-mêmes, elles semblent cependant constituer des outils privilégiés afin que l’adepte parvienne à se rendre totalement disponible, à se détacher, facilitant ou manifestant selon les cas le « surgissement » mystique. Ne contribueraient-elles pas alors à ouvrir certaines portes ? N’aideraient-elles pas également celui qui demeure extérieur à cette expérience, qu’il s’agisse du disciple ou du simple observateur, à appréhender ou même à partager une part de ce qu’a vécu le mystique ?
Entre autres axes de réflexion, certaines problématiques mériteront tout spécialement d’être considérées :
Comment la musique et la danse peuvent-elles induire certains états psychophysiologiques propices à l’expérience mystique (que cette dernière soit rattachée ou non à une religion) ?
Comment la musique (y compris sa part de silence) accompagne-t-elle dans ce contexte l’invocation ou la prière en en portant les paroles ou en se substituant à elles ?
Comment les différents courants mystiques dans le monde sollicitent-ils et mettent-ils en œuvre poésie, musique et danse ?
Comment aborder les musiques émanant de mouvements sectaires jouant sur la « fibre mystique » de leurs adeptes (occultisme, faux gourous, fanatismes sanguinaires...) ? Quelle grille d’analyse appliquer par exemple à celles (black metal, death metal…) se réclamant d’une « mystique satanique » ou, à l’inverse, aux musiques dites « ambient » relevant d’une idéologie new age lénifiante ?
La sélection des propositions tiendra particulièrement compte de leur complémentarité afin que la problématique soit illustrée dans sa plus grande diversité.
Comité scientifique, Leili Anvar ; Laurent Aubert ; Fabrice Contri ; Jean During ; Nathalie Gauthard ; Dominique Jaillard
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Samedi 20 Janvier, 2024