Origami, Anthony Rozankovic, Louise Bessette (piano), Atma Classique 2024 (ACD2 2895).
Enregistré les 6-8 décembre 2022 au Domaine Forget, Québec.
Ce sont là deux artistes forts connus dans le Québec au Canada et reconnus par de nombreuses récompenses musicales et citoyennes. Le premier pour ses nombreuses compositions au cinéma, à la télévision, au théâtre. Quand il ne compose pas, il joue du trombone ou du piano et dirige des orchestres.
Louise Bessette fête cette année quarante-deux ans de carrière. Elle est une grande personnalité du monde de la musique attachée aux musiques des xxe et xxIe siècles qu’elle a jouées sur scène et enregistrées dans plus de trente albums. Des compositeurs du monde entier lui ont dédié des œuvres. Pour les Français : Claude Ballif, Bruno Ducol, Jacques Lejeune, Costin Miereanu, Gilbert Amy.
À première écoute nous nous sommes dit « Erik Satie existe je l’ai entendu » ! Peut-être est-ce à cause d’« Avenue Zéro » (plage 3). Mais c’est un peu court. Nous nous sommes aussi dit cela.
Les 16 morceaux d’Origami sont des petites formes, on disait dans les temps anciens des morceaux de genre. Mais là aussi c’est un peu court. C’est aussi plus que des études, même s’il y a de cela, ce ne sont pas des études de technique digitale, ce n’est pas une musique pour acrobate, ce seraient plutôt des études de style, des tableaux sonores. Des tableaux sonores. Anthony Rozankovic est un compositeur, qui comme un peintre réalisant des fictions inspirées par des objets, personnages et paysages, recompose son monde à partir d’objets sonores, tonaux, qui circulent, on dira d’oreille à oreille, des harmonies, des rythmes, des bouts de mélodies, des réminiscences. Il y a du Satie mis à jour notamment par le minimaliste américain, du rag-time dans lequel se glisse, fugace l’évocation de la célèbre valse péruvienne devenue « La Foule » chantée par Édith Piaf. Une réminiscence de Moussorgski… Il y a parfois des effets collage qui rendent simultanément un sentiment de rupture et de continuité ou bien des modulations abruptes non préparées, ce qui revient un peu au même. Et un pétillement de petits effets riches de vitalité, des parcours mélodiques trompant nos attentes, des moments qui semblent un peu bancals, mais tout est toujours bien qui finit bien.
C’est une musique de plaisir qui ne manque pas d’émotion, d’humour et de quelque chose qui serait du quotidien. Le son est d’un magnifique velours, là Louise Bessette doit partager les compliments avec son ingénieur du son Carl Talbot.
Si à juste raison, vous ne nous croyez pas, faites-vous votre propre cinéma, mieux : reportez-vous au livret où l’histoire de chacun de ces morceaux, dont certains furent composés pour le cinéma, et où on découvre que la légèreté sonore a pu accompagner des histoires tragiques.
Anthony Rozankovic, Origami, par Louise Bessette. Cette pièce a été composée pour un documentaire de Carl Leblanc et Luc Cyr (2010), Le Cœur d'Auschwitz. Le film raconte l'histoire de Fania, qui a eu 20 ans alors qu'elle était internée à Auschwitz en 1944. Ses amies ont tout risqué pour lui confectionner un carnet en forme de cœur afin de lui souhaiter une longue et heureuse vie. Le bouquet en origami évoque l'espoir... Jean-Marc Warszawski
15 juillet 2024
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