L'Orchetre régional de Normandie à la Renaissance. Photographie © Patricia Segretinat.
L’orchestre régional de Normandie a fusionné depuis cette rentrée avec celui de l’opéra de Rouen. Si on regarde le site de ce dernier, l’ORN ferait cette saison autour d’une centaine de concerts dans l’ex-Basse-Normandie, où il est né il y a un peu plus de quarante ans [voir notre chronique de septembre 2023]. Et a priori, cette année, sauf concert scolaire, aucun à Caen, l’autre capitale normande, où il était depuis longtemps partenaire des saisons du théâtre ou du conservatoire. Les représentations de l’opéra orchestre Rouen Normandie, né de la fusion, étant réservées à Rouen, sur le joli principe de l’équilibre régional.
Pourtant l’ORN semble rester un brin basé sur son ancien lieu de résidence, la Renaissance de Mondeville, près de Caen, où il intervient quatre fois cette saison. Et en grand groupe pour ce concert impressionniste, Fauré, Debussy, Ravel, comme en point d’orgue au festival Normandie Impressionniste. Le charme de cet ensemble de chambre d’une vingtaine de musiciens, dont une harpiste, est qu’il sonne comme un orchestre symphonique, sans que les couleurs instrumentales ne soient noyées dans la masse sonore.
Plus de vingt en fait pour le premier morceau, la Pavane de Fauré, où une petite dizaine de jeunes musiciens de l’école de musique (le conservatoire à rayonnement intercommunal du SIVOM des Trois Vallées) les ont rejoints et tiennent bien leur place pendant que la vénérable danse déroule sa mélodie chatoyante pleine de majesté et de surprises.
Après une courte pause, le temps d’enlever les sièges en trop et de réorganiser l’espace, Jean Deroyer revient pour diriger Gabriel Fauré et sa suite Pelléas et Mélisande, sans la chanson de la pauvre dame. Mais avec sa Sicilienne presque aussi célèbre que la Pavane qui aurait pu s’y joindre, tant les époques évoquées et les couleurs orchestrales sont proches.
Le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy est superbement interprété dans toutes ses nuances. Avant la Petite suite du même, dans une inspiration plus cakewalk. Écrite à l’origine pour piano à quatre mains, elle a été orchestrée par d’autres dans des couleurs différentes du Prélude. Même une version pour brassband. Sous une forme plus classique ce soir, on imagine pourtant Fred Astaire évoluer sur la scène au milieu des musiciens.
Ravel écrivit pour deux très jeunes pianistes, six et dix ans, des enfants d’amis, une suite de contes musicaux, Ma mère l’Oye, qu’ils créèrent Salle Gaveau en 1910. Il l’orchestra (ensuite) en suite puis en musique de ballet. L’orchestre scintille dans ces évocations de la belle au bois dormant, du petit poucet, de la belle et la bête, de laideronette et enfin du jardin féérique. Le percussionniste peut faire jouer toute sa palette : timbales, glockenspiel, xylophone, grosse caisse, cymbales, clochettes. Pas le célesta, tenu pour quelques mesures par la pianiste.
Un grand plaisir de retrouver l’ORN au complet, sur sa scène habituelle, avec son chef principal et quelques nouvelles têtes quand même. Il sera encore à la Renaissance le 8 décembre pour Pierre et le loup. Et en quatuor le 9 mars.
Alain Lambert
Mondeville, 26 novembre 2024
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