29 août 2024, —— Jean-Luc Vannier.
Gestalt Music : Inspirations, Patrick Mamie (compositions, arrangements, accordéon, bandonéon, concertina, MAO), Phiippe Ehinger (clarinettes), Bernard Amaudruz (mixage). VDE-Gallo 2023 (VDE CD 1702).
Enregistré au studio Artefax, en novembre 2023.
Psychothérapeute de formation gestaltiste et musicien, Patrick Mamie sort chez VDE Gallo un album intitulé « Inspirations », fruit de son expérience de praticien qui a créé « au fil des années différents stages alliant l’art et la thérapie sous l’appellation Art Gestalt ». Et ce, « en se laissant inspirer par les principaux thèmes et concepts de la Gestalt ». Prudence bienvenue du compositeur qui explique toutefois que les dix-huit titres de cet opus « ne prétendent pas illustrer » cette doctrine thérapeutique. Nous n’échappons pas, en apparence, au vocable galvaudé d’une psychologie minée — et contaminée — par le « développement personnel » pour des raisons hautement commerciales : en témoignent « Awareness », « Saine agressivité » et « Quête de sens ».
Plus fructueux sera le rappel de la notion gestaltiste de « prégnance » à propos des images ambiguës. Et ici, donc, à propos des sons : la « prégnance » est une force qui s’exerce en fonction d’un certain entourage, d’un certain rapport du « fond » et de la « figure ». C’est donc sous l’angle de « l’énergie d’investissement » d’un système donné en comparaison de la « prégnance d’une bonne forme » qu’il nous faut peut-être écouter cet album.
Et c’est dans cette perspective que nous comprenons ces arrangements de Patrick Mamie (accordéon, bandonéon, concertina, claviers et musique assistée par ordinateur) en compagnie de Philippe Ehinger (clarinette et clarinette basse), de Daniel Perrin (Rhodes et piano) et de Bernard Amaudruz au mixage (studio Artefax de Lausanne). Car ce qui nous frappe dans tous ces morceaux, non dénués de réminiscences répétitives, réside dans le fait que les rythmes — donc les énergies — l’emportent sur la « forme ». Et ce, jusqu’à l’envahir et l’étouffer : changements inopinés de cadences (« Introjection »), jeu récurrent sur les ralentissements ou les accélérations (« Self »), énergie chaotique qui part un peu dans toutes les directions (« Rétroflexion »). Même des « cris humains » ponctuent en fond de tableau la « Saine agressivité » dont le début annonce un dur combat à mener.
Certes, si la belle clarinette solo de « Awareness », les toutes premières mesures de « Solitude » à la tonalité légèrement wagnérienne ou bien encore « Finitude » ou « Cycle de contact » — ambiance salon de massage au SPA ! — ne sont pas pour nous déplaire, force nous est toutefois de reconnaître le fait que ces pièces, outre la réitération mécanique de leur orchestration, manquent d’originalité : « Nous sommes déterminés par nos propres choix et renoncements » explique l’auteur à propos de « Responsabilité ». Il est vrai qu’au niveau de l’inconscient, au sens freudien, il n’y a pas de Gestalt.
Jean-Luc Vannier
Nice, le 28 août 2024
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Jeudi 29 Août, 2024 0:28