27 mai 2024 — Jean-Marc Warszawski
Ce samedi 25 mai de l’an 2024, j’étais assez curieux de ce que j’allais découvrir de cette Apocalypse d’Icare, annoncée comme un opéra en quatre tableaux de Dominique et Guillemette de Williencourt. Musique du premier, décor de la seconde. Le titre est assez ambigu. Normalement, l’apocalypse désigne la prophétie d’une catastrophe planétaire, est-ce qu’Icare va la prophétiser, la provoquer ? Ou s’agit-il de son drame personnel ? Voilà un terme qui appartient plutôt à la littérature religieuse antique et qu’on ne saisit pas très bien dans ce contexte. Ce serait une révélation, ou une révélation après une catastrophe, comme un nouveau départ. Bref.
Dominique de Williencourt, violoncelliste et compositeur, m’est surtout, jusqu’ici, apparu comme un organisateur ou un protagoniste de voyages avec musique, croisières et lieux lointains hautement touristiques, voire le désert. Aventures aseptisées qui tapent pas mal le porte-monnaie. Ce qui ne m’attire pas.
Mais en décembre dernier, sur une péniche amarrée près de la place de la Concordre (quel temps de chien ce soir-là), j’ai assisté à la présentation de ces voyages, mais aussi de cet opéra, il y eut assez de musique pour piquer ma curiosité.
Le spectacle est annoncé à 19 h 30, je suis sur place, boulevard du Temple à 19 h. Une prouesse. J’ai le temps pour boire vite fait un café vraiment pas terrible, avant de prendre place dans la file d’attente. Après un quart d’heure, sans avoir avancé d’un centimètre, je m’apprête à déclencher le plan B, je n’ai aucune générosité pour ce qui concerne mon temps qui passe, mais, pas à pas, on gagne maintenant du terrain. Je franchis une première porte à 19 h 40, puis une seconde qui ouvre sur une galerie. « À gauche » indique l’ouvreuse en dolman d’écuyère, discutant avec une collègue. C’est tranquille et détendu malgré le retard… à moins qu’on ait artificiellement annoncé un horaire précoce pour que le peuple des retardataires soit à l’heure, ou pour anticiper la lenteur des entrées ?
Voici une porte d’accès aux assises, une ouvreuse, également en dolman d’écuyère, discute tranquillement avec un petit groupe de spectateurs, ce qui semble confirmer qu’on a donné l’heure d’ouverture des portes au lieu de celle du spectacle. Elle montre de la main un corridor et m’indique « escalier de gauche ». Je m’engage dans le corridor, il y a bien un escalier à gauche (un autre à droite), quand une femme au verbe haut, péremptoire, m’interpelle.
« Monsieur vous savez vous où allez ? ». Assez interloqué je la regarde, sans trouver de sens à ce qu’elle me veut, elle enchaîne alors, le verbe toujours aussi haut, un air du reproche en plus : « Mais Monsieur, il faut demander ! Il faut demander ! ». Enfin sur terre, je lui réponds « Madame, on m’a dit escalier gauche ! » Elle marmonne un « ah », suivi de quelque chose, je suppose un « vous pouvez y aller », et je m’engage dans l’escalier (de gauche).
Mais ça crie derrière moi. Je continue à monter, ça crie toujours, je suis seul, c’est bizarre. C’est une autre dame qui me houspille. Je redescends les marches pour aller aux nouvelles. Que me veut-on encore ? Et cette dame fait la leçon sur ma manière de parler, sans réaliser ce qu’est la sienne et celle de sa collègue. Je déchire donc mon billet. Plan B.
Le plan B ? Une de mes activités favorites, de longues balades dans les rues de Paris quand le temps s’y prête. Je regagnai donc tranquillement mes pénates, à pied, laissant Icare à son sort, ses ailes à mes boots : la révélation après l’apocalypse !
Jean-Marc Warszawski
27 mai 2024
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