Demos Caen la mer au théâtre de Caen. Photographie © Patricia Segretinat.
Le projet Demos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) lancé en 2010 a déjà bénéficié à 10 000 enfants des quartiers populaires en France, initié par la Philharmonie de Paris, les ministères de la Culture, de la Cohésion des territoires, de l’Éducation nationale, des outre-mer, par la CNAF et les CAF départementales. Et soutenu par de nombreux mécènes et fondations, dont Éducation contre le racisme de Lilian Thuram, aussi par la pianiste Khatia Buniatishvili et par le philosophe Souleymane Bachir Diagne.
Depuis octobre 2021, le Conservatoire de Caen, avec la Caf du Calvados et les MJC, les centres socio ou d’animation de l’agglomération a mis en place un Demos Caen la mer (sur Caen, Hérouville, Colombelle, Giberville) durant trois ans, avec ses enseignants. Et des animateurs sociaux qui peuvent apprendre eux aussi un instrument pour mieux accompagner leur groupe. Ainsi sur mon quartier du Chemin Vert de Caen, dédié aux cordes, les animatrices ont débuté le violon ou le violoncelle en accompagnant la quinzaine d’enfants qui sont aujourd’hui une douzaine.
Sur ces trois années, chaque fin juin, le théâtre de Caen reçoit le grand orchestre formé de toutes ces sections, par groupes d’instruments. En plus, pour cette dernière année, ils ont fait le voyage à Paris en bus samedi dernier pour présenter le même programme à la Philharmonie, où ils ont été fort applaudis (voir ce concert filmé ici à partir de la cinquantième minute, à la suite du Demos de Marseille).
Mais ce samedi au théâtre, les familles ont pris l’habitude de s’y retrouver en ce début d’été pour entendre leurs enfants et leurs accompagnateurs adultes jouer un vrai programme de musique classique et populaire, concocté par Nicolas Simon, le chef principal de l’Orchestre de Caen. De la petite centaine d’enfants du premier concert en 2022, il en reste quand même soixante-dix qui ont persévéré et bien progressé.
Demos Caen la mer en répétition devant la Philharmonie Photographie © Claude Boisnard.
Le premier morceau est une réduction des Planètes de l’Anglais Gustav Holst, composé vers 1917, réduites à Mars et Jupiter, pour le contraste entre le mouvement percussif et martial, qui semble annoncer un certain Boléro, et celui mélodique et chanté en chœur en partie. Un petit bijou que les enfants maitrisent parfaitement.
Le second morceau est plus complexe, même s’il a été simplifié, le dernier mouvement de la Symphonie du Nouveau Monde du Tchèque Antonin Dvorak, inspiré d’un chant amérindien et d’un gospel, quand il est venu enseigner à New York à la fin du XIXe. Et l’ensemble s’en tire plutôt bien, malgré les difficultés. Le chef et ses assistants, dont la cheffe de chœur Priscilia Valdazo, ont bien travaillé.
Le concert se termine par Ô Circandeira, une chanson populaire du Brésil, pour laquelle sont invités la batucada des Fêlés de la caisse (chouette contrepet), et une dizaine de parents choristes. Un joyeux moment final, bien sûr repris aussitôt en rappel pour le plaisir des familles et des spectateurs présents.
Le conservatoire va aussi proposer aux jeunes musiciens qui veulent continuer de les y aider, et prépare avec la CAF une nouvelle session à venir avec de nouveaux participants entre 7 et 12 ans.
Alain Lambert
29 juin 2024
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