Souffle(s) de Ben Herbert Larue. Casablanca d’EYM trio, Huit Edmi par lui-même, l’Acoustic Large Ensemble de Paul Jarret et Free Fall de Jasmine Lee.
Souffle(s) (Ô clair de plume 2024) de Ben Herbert Larue, paru l’an passé, mais redécouvert à Tatihou cet été. Un chouette album où l’ogre de papier se prend au jeu des rimes et des pieds sans trébucher, en digne héritier de Brel et de Leprest. Sans jamais s’essouffler pour donner de la voix. L’humour est souvent présent, mais la mélancolie aussi, la perte de la mémoire vivante des anciens (Le chantier) la lutte en Iran pour la liberté des femmes (Ineffaçables) introduite par quelques voix féminines persanes… Avec toujours ses deux compagnons jazzy, Nicolas Josef Fabre aux claviers ou au bugle, et Xavier Milou à la contrebasse, et quelques invités.
Casablanca (Kollision Records 2024) est le nouvel opus du trio EYM, revenu de Bangalore. Et reparti vers de nouvelles promenades musicales. Avec la rencontre du dessinateur Simon Lamouret dans cette ville marocaine, et auteur des chouettes illustrations de pochette. Autre nouveauté, le piano acoustique est augmenté d’une nouvelle pédale par Robert Kieffer, qui en étouffe le son comme un piano préparé, donnant l’effet de cordes pincées. Et toujours cette belle énergie mélodique et voyageuse du trio qui passe d’un Picnic in Tchernobyl à Casablanca sur le mode de la Dystopia et du Spleen, mais No Madness… Une belle expérience musicale.
Huit Edmi (Jazz Family 2024) est en fait un septet de jazz électro-progressif qui se double en titre pour ce premier album, dirigé et composé par le jeune pianiste et claviériste Raphaël Faigenbaum. Avec autour de lui Milan Tabak à la batterie, Pierre Carbonneaux aux saxophones divers et Dimitri Shlelein au sax alto, Thomas Gaucher à la guitare, Guillaume Ruelland à la basse et Emilian Ducret aux percus. Et un autre bassiste invité sur trois titres, Gael Petrina. Les synthés s’envolent, la guitare médite, les sax fanfaronnent. Basse, batterie et percus jouent sur les temps dansants. Un superbe album aux climats sonores chatoyants.
Acoustic Large Ensemble (Pegazz 2024) est un album du guitariste et compositeur Paul Jarret avec treize autres musiciens, soit un instrumentarium plutôt insolite : un harmonium, une clarinette basse, un sax ténor, deux tubas, un trombone, une trompette, deux contrebasses, un violoncelle, un nyckelharpa, un alto, et un violon. De cette masse sonore non amplifiée naissent des strates instrumentales souvent répétitives où les combinaisons sonores évoluent au fil du temps au ralenti, laissant quelquefois s’échapper le son solo d’une clarinette basse, d’un harmonium, d’une contrebasse, d’un nyckelharpa, d’une guitare… Un hypnotique large ensemble.
Free Fall (2024) du quintet Naîram mené par la contrebassiste et compositrice Jasmine Lee, anglo-guyanaise de Bristol ayant fait ses études de musique à Tours. Entourée de Alexandre Aguilera à la flûte, Nicolas Audoin à la clarinette, Marion Delmont à la guitare et Mateo Roussel à la batterie. Le premier thème, reprenant le nom de ses arrière-grands-parents, Baharelli Singh, est en fait un poème de Rachel Lee dit par la bassiste, mué ensuite en musique par la flûte virevoltante, pulsée par le groupe envouté. Free Fall donne voix à la contrebasse. Puis les autres instruments se font entendre à leur tour dans ce joli disque aux coquillages bleutés.
Alain Lambert
18 septembre 2024
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Mercredi 18 Septembre, 2024 11:44