6 janvier 2023 — Jean-Marc Warszawski
La Sorella mi fa fallare, œuvres de Marco Uccellini, Ensemble Ozio Regio. Seulétoile 2022 (SE 05).
Enregistré à l'abbaye de Saint-Amand-de-Boixe, en octobre 2021.
Né en 1603, en même temps que l’opéra, Marco Uccellini, bien oublié de nos jours les plus baroqueux, fut un musicien renommé dans toutes les cours européennes. Il fut pendant près de vingt années, maître de chapelle à la cour des Este et de la cathédrale à Modena, puis à Parma, à la cour des Farnèse.
On a conservé un grand nombre de ses compositions instrumentales, éditées entre 1639 et 1669, sonates, courantes, arias, avec un emploi très inventif du violon. Ses opéras et ballets sont perdus.
Ce cédé, qui tient son titre de la 15e sonate de son opus 3, nous rappelle qu’il est pour notre sensibilité actuelle encore ou de nouveau un grand maître.
L’ensemble Ozio Regio (titre d'une pièce de l'opus 7 d'Uccellini) qui se consacre à la musique du XVIIe siècle est impeccable en beau son et belles accentuations souvent dansantes.
L’argument du livret a attiré notre attention, une fois n’est pas coutume, en ce qu’il met en parallèle l’émergence de la modernité scientifique du siècle avec la musique « inventive » d’Uccellini. Nous ne pensons pas que ce soit juste, ni que cela éclaire aucune lanterne, sinon magique à la manière d’un Robert Fludd. Certes, le fait que les intellectuels se mettent à douter de la tradition livresque au profit de l’expérience observable bouleverse la société éduquée, Galilei Galileo en a eu chaud aux fesses. Mais nous pensons plus par des mouvements profonds que des expressions esthétiques de surface. Par exemple, le passage de la modalité à la tonalité (des modes dits d’église aux gammes majeures et mineures) nous semble plus emblématique de cette évolution, étant donné que la théorie musicale est liée à la cosmogonie. Ou à des représentations générales comme l’évolution de la musique accompagnée au déficit de la polyphonie, qui renvoient chacune à des visions différentes du monde.
Il reste que la musique d’Uccellini nous dit la grandeur artistique que fut ce grand siècle, même si selon le titre, La Sorella mi fa fallare, (plage 6), en jouant avec le nom des notes de musique, « ma soeur m'a fait échouer ».
Quatre pièces de Bernardo Pasquini et de Luigi Battiferri agrémentent cet enregistrement.
Anaëlle Blanc-Verdin (violon), Sarah Dubus (cornet à Bouquin, flûte à bec), Mathieu Valfré (orgue, clavecin), Jean-Baptiste Valfré (violoncelle) avec le renfort de Jérôme Waerbecke (violon), Nicolas Vasquez (Sacqueboute), Arnaud De Pasquale (orgue, clavecin).
Marco Uccellini, Aria 4 sopra la Ciaccona (opus 3), extrait de la plage 8.
Jean-Marc Warszawski
6 janvier 2023
Enfer, Purgatoire, Paradis : le piano impressionnant de Marie-Jaëll sous les doigts de Célia Oneto Bensaïd — César Franck dans le piano de Jean-Pierre Armengaud — Paul Arma, Les chants du silence... et la fureur du monde — Le théâtre sonore de Tatiana Probs.
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Vendredi 6 Janvier, 2023 17:52