Mondeville, 15 octobre 2023 —— Alain Lambert.
Les musiciens de Sempé à la Renaissance. Photographie François Dupont / Objectif Image 14.
Le principe est simple et parfaitement réussi : des projections des dessins de Sempé consacrés aux musiciens, une mise en voix d’extraits d’entretiens radiophoniques et autres textes où il parle de musique ou de ses dessins, et une mise en musique vivante (sauf Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux sur une vieille radio) des morceaux qu’il adorait, avec le quatuor de l’ORN et un pianiste de jazz invité. Car il s’agit bien d’un amour inconditionnel pour la musique, qu’elle soit classique ou jazz, sans différence de valeur chez lui, qui a tant rêvé être Duke Ellington.
Benoît Marchand est le concepteur metteur en scène et comédien invité. De loin il fait penser au mime Marceau quand il bouge sur scène, danse ou se déplace. Mais il est aussi loquace, doublement parfois quand il joue les deux rôles de l’interview, Trappenard–Sempé ou Ruggieri–Sempé dans le premier acte, passant d’un micro à l’autre. On frise la comédie et on les entend très bien tous les trois.
Puis le ton devient plus intime, les aveux plus longs autour des musiques qu’il aime, un trio de Schubert, un Clair de lune de Debussy, des quatuors de Ravel, joués avec élégance par Corinne Bassieux Béguin et Jean Yves Ehkirch au violon, Cédric Catrisse à l’alto et Aurore Doué au violoncelle. Plus la Tsigane pour violon seul jouée par la violoniste.
Les musiciens de Sempé à la Renaissance. Photographie © Jean Paul Sibbille.
Surtout Satin Doll de Duke Ellington, qu’ils ont joué ensemble sur un piano, Sempé pianotant le thème à deux doigts et Duke faisant la main gauche. Une brève rencontre à un des mariages d’Eddie Barclay, mais qui l’a marqué à jamais.
Et en conclusion, une méditation légère et tout aussi passionnée sur l’art du dessin d’humour.
Bruno Angelini, excellent, est au piano tout du long du spectacle, il joue d’abord Debussy, puis improvise un medley d’Ellington clôt par Caravan, aussi un morceau latino et Satin Doll avec le quatuor, où le violoncelle devient jazzy, African Flowers en duo avec l’altiste, superbe, un medley de Michel Legrand, et en final une courte réduction à cinq de la Rhapsody in Blue où la clarinette introductive est jouée par l’alto prolongé du violon. Superbe aussi. On aurait voulu l’entendre en entier.
Un spectacle musical épatant d’humour et de gravité, en création à la Renaissance, mais que vous pourrez apprécier encore le 19 octobre à Cherbourg, ensuite en avril prochain à Lisieux, Port-en-Bessin, Falaise et Les Pieux.
Alain Lambert
15 octobre 2023
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Mercredi 18 Octobre, 2023 13:26