Mondeville, 30 novembre 2024 —— Alain Lambert.
Le Lac des Cygnes de Florence Caillon et ses acro-danseurs. Mondeville le 30 novembre 2023. Photographie © Christophe Raynaud De Lage.
La scène de la Renaissance est vide, sans décors, avec juste les danseurs en tutus et justaucorps marbrés, noirs ou blancs eux aussi. Ce sont les paysages musicaux qui font décor, et nous font passer d’un tableau à l’autre, avec les changements de lumière, de l’aube à la nuit noire. Car la chorégraphe et conceptrice de la compagnie l’Éolienne basée à Rouen, Florence Caillon, est aussi la compositrice des musiques, inspirées de Tchaikovski, plutôt sur le mode des danses populaires (boléro, musique répétitive, ska, sirtaki, valse façon orgue de barbarie…). Elle y joue aussi des claviers, des percussions, du marimba, du ukulele, du piano-jouet…
Suite à notre demande de précisions, voici sa réponse de musicienne : Je me suis principalement intéressée à la composition de base. J’ai demandé à une copiste de relever certains thèmes avec une harmonie et une mélodie basique, un peu comme on le ferait dans la musique populaire. Une fois retrouvée la composition « nue » (c’était très émouvant d’ailleurs), j’ai travaillé à partir de cette base, en composant des parties qui s’ajoutent pour […] un mélange d’instruments classiques et d’instruments du monde : cordes (violoncelle, altos, violons, contrebasse), harpe, clarinette, ukulele, tzuras, guitares (acoustique et électrique), nyckelharpa et cymbalum. Et également des instruments et sonorités virtuelles. J’ai réarrangé les thèmes de Tchaïkovski, rallongé certains passages, raccourci d’autres, mis en boucle ou même coupé. Mais toujours en essayant de respecter la part de composition initiale que j’utilisais. J’ai utilisé le thème principal de façon récurrente, exactement comme dans le ballet où ce « guimic » revient souvent. J’ai parfois même continué la composition de certains thèmes. J’ai entièrement composé la musique du solo du cygne noir avec des bruits d’eau, des percussions et des infra-basses.
Quant aux danseurs, les six sont toutes et tous à la base des artistes circassiens, dans ce nouveau cirque, dit chorégraphié, inventé par Florence Caillon depuis 20 ans, en mêlant leur vocabulaire, pirouettes, jetés, portés, lancés, antipodismes, sauts multiples… à celui de la danse classique et moderne, ce qui enrichit considérablement leur présence scénique. Comme ce sirtaki qui évolue en une drôle de battle proche du hip-hop dans l’esprit. Un tableau est juste dédié à un duo purement acrobatique, le seul où le tutu est enlevé, après un bref prélude dansé.
Ils y mêlent aussi le mime, pour tous ces mouvements d’oiseaux, ces frémissements des ailes, ces parades amoureuses. Et nous spectateurs avons l’impression d’être au bord du lac et d’observer leurs ébats. Tout un univers où l’humain se dessine autrement.
Une superbe création à voir dans toute la France les mois à venir, le 9 décembre à Vire, puis en janvier à Agen, Orly, Nogent, Villejuif, Lillebonne, St Etienne du Rouvray, Argentan. En février à Marmande, Nesle, Montauban. En mars à Ancenis. En avril à Colmar, Marcoussis, Beynes. Et en mai à Guyancourt, Dax et Lons.
La musique de ce Lac des cygnes peut s’écouter en numérique
À la Renaissance prochain spectacle À la ligne d’après le récit de Joseph Ponthus, en ouverture du festival À partir du réel.
Alain Lambert
novembre 2023
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Lundi 4 Décembre, 2023 2:36