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Caen du 21 au 26 mars 2023 —— Alain Lambert

Graciane Finzi : musique, matière, espace et temps au 41e festival [aspects]

Graciane FinziGraciane Finzi. Photographie © La Maestra.

Graciane Finzi est cette année l'invitée de ce 41e festival dédié aux musiques d'aujourd'hui, ce qui se traduit concrètement par 48 œuvres de son catalogue jouées en six jours, quasiment la moitié de son œuvre, dont 25, par les élèves en présence de la compositrice, nous informe le directeur du conservatoire-orchestre de Caen dans son discours d'ouverture. Car une des particularités de ce festival, c'est d'inviter l'orchestre, composé de plusieurs professeurs, en ouverture, et aussi les élèves lors des « avant-scènes » nombreuses, à se confronter aux musiques d'aujourd'hui. Seul bémol, le choix de la 4e symphonie de Schubert en 2e partie du concert d'ouverture, sans doute très bien dirigée par Kanabo Abe, mais sans écho aucun aux deux belles œuvres de Graciane Finzi entendues auparavant.

Le titre Matière Espace Temps de la création pour l'orchestre de Caen évoque les dimensions suivies par la compositrice, la matière sonore, bien sûr, et celle des pensées en mouvement entrecroisées en composant. L'espace des instruments que peut ressentir tout spectateur présent lors du concert, mais aussi l'espace des pensées vagabondes, proches de l'indicible, mais rendues accessibles par la musique. Dans le temps et les rythmes de la composition et de l'exécution. Une pièce magnifique d'une dizaine de minutes jouant de toutes les timbres du très grand orchestre, augmenté d'un piano et deux ensembles de percussions dans tout l'espace du fond.

Errance dans la nuit est un concerto pour violoncelle composé à sa demande pour Gary Hoffman, présent ce soir pour l'interpréter, l'orchestre a perdu quelques instruments, mais conservé le piano et les deux percussionnistes. Il rayonne autour du soliste, prêt à l'envelopper ou à dialoguer avec lui, toujours sur le principe de la poétique de l'espace-temps développée par la compositrice. Un son de violoncelle ample et profond, un son d'orchestre oscillant entre l'évanescence et la densité pour accompagner cette errance nocturne plus ou moins rêveuse, plus ou moins angoissée. Quand l'orchestre s'affole et dissone aux deux tiers de l'œuvre, avant le retour au calme du soliste. Un beau concerto à la fois classique, sensible et actuel, c'est-à-dire intemporel. D'ailleurs, pour présenter son bis, la Sarabande de la suite no 3 de Bach, Gary Hoffman explique qu'elle est « à l'origine » du concerto.

À suivre un concert d'orgue jeudi soir avec aussi une œuvre de Thierry Escaich, puis vendredi retour au conservatoire pour l'ensemble Des Equilibres avec en plus Schoenberg nocturne et transfiguré. Samedi, deux concerts dont un avec piano, trompette et percussion. Puis dimanche deux concerts dont celui de clôture avec l'orchestre régional de Normandie et deux créations, une de Graciane Finzi et une de Martin Matalon.

Voir le site du festival

Alain Lambert
21-26 mars 2023
© musicologie.org


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