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2023 —— Alain Lambert

Caen, le 25 janvier 2023

Dada Masilo Le sacrifice ou l’autre sacre venu du sud

Dada Masilo, Le sacrifice. Photographie © John Hogg.

Dada Masilo, chorégraphe et danseuse sud-africaine, a commencé sa formation de danseuse à 11 ans dans la Dance Factory de Johannesburg, qu’elle a continué à 19 ans pendant deux ans à Bruxelles chez Anna Teresa de Keersmaeker, avant de revenir chez elle. Depuis 15 ans, elle relit les classiques du ballet européen, Romeo et Juliette, Carmen, Le lac des cygnes, Giselle.

Avec Le sacrifice, elle s’inspire très librement du Sacre du printemps tout en le revisitant à partir des danses du Botswana et de leur rituel de guérison.

La musique est jouée sur scène, dans un coin, par quatre musiciens, Ann Masina, Leroy Mapholo, Tiale Makhene, Nathi Shongwe, qui ont l’ont composée ensemble pour accompagner les danseurs et danseuses, dont la chorégraphe. L’un est au clavier, l’autre aux percussions, sifflets, tuyau tournoyant et le troisième au violon crissant ou virtuose selon le mouvement dansé. La quatrième est chanteuse, une belle voix profonde et puissante qui se mêle parfois à celles des musiciens à la façon des chœurs d’Afrique du Sud.

On retrouve peut-être de lointains échos du Sacre dans des dissonances de l’archet, des cadences du clavier ou des frappements de pieds des danseurs, mais il s’agit d’une œuvre spécifique avec son ambiance propre. Tout comme le ballet dont on ne sait s’il raconte un rituel de sacrifice ou bien d’exorcisme. La vie quotidienne semble aussi très présente dans les paroles et les chants (qui auraient pu être surtitrés). Les mouvements des corps sont expressifs, esthétiques, plutôt à l’opposé de l’intériorité inquiète voulue par Nijinski. Le jeu d’ensemble est fluide tout comme les duos et solos. Le décor est minimal, une photo d’arbre aux branches nues qui laisse toute la place à la danse et à la musique.

Un grand voyage immobile pour nous spectateurs. Le jeune public présent a manifesté chaleureusement son enthousiasme, comme les plus anciens, tous debout pour applaudir.

À voir encore au théâtre de Caen ce samedi. Avant leur tournée au Royaume-Uni du 21 février au 11 avril.

À venir au théâtre de Caen, Ulysse puis Pénélope de Jean Claude Gallota, les 7 et 8, puis le 10 février.

Alain Lambert
25 janvier 2023
© musicologie.org


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