musicologie
20 février 2022, Jean-Marc Warszawski

Un orchestre dans le clavecin d'Aya Hamada

Bach, Clavierübung II, Chaconne, Toccata BWV 912, Aya Hamada (clavecin Ruckers 1632/1745). Évidence 2021 (EVCD 074)

La claveciniste Aya Hamada est diplômée de la Juilliard School, elle a eu des professeurs tels que Kenneth Weiss à New York et Skip Sempé à Paris. Elle se produit au Japon, en Suisse, aux États-Unis d’Amérique, en Belgique. En 2014 elle a enregistré un cédé consacré aux œuvres de Jacques Duphly, qui a eu de très bons échos aux États-Unis, en Grande-Bretagne et au Japon. En 2016, elle est choisie pour la formation « opéra baroque français » dirigée par Christophe Rousset à la Fondation Royaumont. Elle joue au sein du trio Les pantomimes avec Elizabeth Blumenstock (violon) et Beiliang Zhu (viole de gambe).

Son deuxième cédé, enregistré au musée d’art et d’histoire de Neuchâtel sur un clavecin Johannes Ruckers de 1632, ravalé en France en 1745, est consacré à des œuvres de Johann Sebastian Bach. La note d’intention n’est pas très claire, mais on comprend que l’idée est de privilégier des pièces qui ne seraient pas au départ ou dans l’idée, spécialement conçues pour le clavecin, mettant en avant le fait que Bach, dans les années 1710 ?, avait transcrit pour le clavecin, des concertos de différents maîtres.

On retrouve donc ici la complexe toccata en re majeur, BWV 912, concertante entre tutti et soli, avec des épisodes de contrepoint, la seconde partie du Clavierübung : le concerto italien, qui lui aussi oppose le grand jeu du clavecin aux traits solistes et l’ouverture française (suite), BWV 831 à laquelle on prête traditionnellement des ambitions orchestrales. Pour clore, une vraie transcription, celle de Skip Sempé (parmi de nombreuses autres), de la célèbre chaconne et re mineur de la seconde partita BWV 1004.

Le somptueux Ruckers, une prise de son à la hauteur et une interprétation remarquable font un fort bon moment de musique.

Mais écrire dans le livret que Bach n’a pas vraiment étudié la composition et qu’il s’y est mis en étudiant et en transcrivant les maîtres me semble un contresens. Il a appris l’artisanat musical en famille et en maîtrise à Lüneburg (où il a eu accès à une grande bibliothèque musicale), par ailleurs, copier les maîtres était une des bases de l’apprentissage. Par contre, sa scolarité écourtée a pesée sur une carrière pour laquelle des études supérieures étaient demandées, entre autres pour enseigner le latin aux maîtrisiens, ce dont Bach était incapable de faire.

Jean-Marc Warszawski
20 février 2022


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