Caen, le 19 novembre 2022 —— Alain Lambert
Stefan Orins trio à Caen. Photographie © Gérard Boisnel.
D'abord le Stefan Orins trio, en entrée libre dans les foyers du théâtre, pleins à tous les étages. Le pianiste et compositeur franco-suédois est accompagné de Peter Orins à la batterie et de Christophe Hache à la contrebasse. Un trio simple et complexe à la fois, jouant souvent des suites qui nous font passer d'un climat à l'autre, d'une tonalité à l'autre, d'une rythmique à l'autre, comme le bel hommage à Henning Mankell telle une longue séquence de film noir. Un pianiste tranquille qui, sous des apparences sages, connait bien son clavier et sait nous faire profiter de sa virtuosité sereine. Ses deux complices le soutiennent et échangent constamment au sein de ce beau trio à l'équilibre toujours mouvant.
Changement d'ambiance le soir dans la grande salle avec un sextet suédois enflammé, le Nils Landgren Funk Unit avec Magnum Coltrane Price à la basse slappée et à la voix tout aussi grave, Jonas Walll au sax ténor, Andy Pfeiler à la guitare électrique bien funky, mais très claire dans les solos, et bon chanteur aussi. Petter Bergander est aux claviers et à l'orgue Hammond. Robert Mehmet Ikiz est en transe rythmique perpétuelle derrière sa batterie, sans une pause, à tel point que le tromboniste grimpe sur son estrade pour l'essuyer, comme un boxeur pacifiste enfilant les rounds musicaux.
Nils Landgren Funk Unit à Caen. Photographie © Gérard Boisnel.
Quant à Nils Landgren, meneur, compositeur, et chanteur, dans une tessiture un peu plus haute que les deux autres, il est aussi un excellent soliste et sait faire vocaliser son trombone rouge comme personne. Funk is my religion est leur credo, mais pratiqué de façon jazzy et très improvisée. Dans les morceaux chantés, le jeu des trois voix alternées ou rassemblées sonne superbement.
Et cerise sur le plateau de ce concert boréal, la flutiste normande et funky Ludivine Issambourg est invitée pour quelques morceaux par le tromboniste qui l'a croisée à Paris, lui laissant le devant de la scène pour de longues improvisations échevelées, comme il le fait d'ailleurs pour ses compagnons de route.
Un concert énergétique et joyeux, avec une salle debout et ondulante sur le dernier morceau, le rappel avec la flûtiste.
Nils Landgren Funk Unit à Caen. Photographie © Gérard Boisnel.
À venir en jazz au théâtre de Caen : dans les foyers le 17 décembre, le Shabda sextet d'Yves Rousseau. Dans la grande salle Morricone Stories avec Stefano Di Batista en quartet le 21 janvier. Et au Jazz café Jéricho avec Sausay père et fils le 30 novembre et Tatragone le 24 janvier.
Alain Lambert
19 novembre 2022
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La Loure, un livre disque et un cédé sur les chansons du cousinage, plus une nuit du chant traditionnel — Marie Modiano, Peter von Poehl, Martin Hederos et l’ORN en ouverture des 30e Boréales — Les Goguettes (en trio, mais à quatre) : dix ans déjà ! — Neuf cédés jazzy pour quitter l'été en douceur.
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