3 juin 2022 —— Alain Lambert
Un trio et une musicienne normands pour commencer, Black Pantone pour son 2e opus Comme un gant, et Ludivine Issambourg pour son nouvel Antiloops Supernova. Le duo René Bottlang Ralf Altrieth avec Numbers, le Slim Abida 6tet avec Asymétrie, le duo Émilie Calmé et Laurent Maur et sa Fantaisie improbable pour flûte et harmonica, et enfin Simon Chenet pour Le jour des Vermeilles.
Avec la sortie de Comme un gant (2022), le trio Black Pantone a ouvert le premier samedi du festival Jazz sous les pommiers à Coutances, après avoir été soutenu toute l’année par le théâtre de Caen, ils viennent des trois coins de la Normandie, Antoine Bouchaud du Havre au piano et claviers, Clémence Gaudin de Caen à la contrebasse et Martin Mabire de Lisieux à la batterie. Ils ont la pêche et savent le faire passer dans leurs compositions entre écritures multiples et puissance improvisée, dans la nuance, la complicité et l’équilibre des instruments qui constitue le véritable art du trio. De Tiens, encore une ballade à Lvl Up ! en passant par un titre en géorgien transcrit Genatsvalé. Tout un bel album à savourer.
À découvrir à Jazz à Vienne le 4 juillet pour la finale du tremplin Rezzo. Puis le 13 novembre à Comines en Belgique et le 19 novembre à Lisieux.
Supernova (Loops productions 2022) est le 3e opus du groupe Antiloops de la flûtiste et compositrice Ludivine Issambourg originaire de Bayeux mais délocalisée dans la capitale où elle s’est mêlée aux musiciens électros, hip-hop et funk dans ses divers projets. Ici en bonne compagnie, Nicolas Derand aux claviers et co-compositeur, Timothée Robert à la basse ou aux machines, et Julien Sérié à la batterie. Une ambiance plutôt SF, très électrique plus qu’électro, le groupe ayant évolué. La flûte, souvent planante est propulsée par une section rythmique musclée, avec sur deux titres, un invité extraterrestre, Théo Ceccaldi au violon sur l’un et Ellinoa à la voix sur l’autre.
À écouter en live le 15 juin au New Morning à Paris, puis à Saint-Lô, Saint-Omer, Juan-les-Pins, Montbrun-les-Bains, Lisieux et Nuits-Saint-Georges durant l’été.
Numbers (Meta records 2022) 18 morceaux dans le désordre des titres, a priori en espagnol, pour un pianiste et compositeur suisse, René Botlang, et un saxophoniste allemand, Ralph Altrieth vivant en France. Venus toux deux d’un jazz post-free qu’ils ont exploré de nombreuses manières, et dont on retrouve ici les échos dans ces nombreuses pièces improvisées dans la spontanéité du moment, tout en revenant à une certaine forme de clacissisme apaisé dans la méditation musicale. On se laisse facilement emporter par la diversité des climats qui nous promènent d’une oreille à l’autre comme font les nuages en défilant et se transformant devant nous. À noter aussi la jolie pochette peinte par le sax et le livret aux photos colorées prises par les deux compères.
Asymétrie (Tunzik productions 2022) est l’œuvre du bassiste et compositeur tunisien Slim Abida, un des précurseurs de la scène alternative apparue au moment de la Révolution du Jasmin. Participant à plusieurs projets en Tunisie, métal, mix gnawi et reggae, jazz-world, ce quintet offre un disque de jazz fusion jouant sur l’asymétrie du rythme ternaire. Avec Louis Chevé-Melzer au saxophone ou flûte, Edison Knight aux claviers, Romain Reidio à la trompette ou au bugle, et Lounis Mahrouche à la batterie. La basse au son bien rond y est très présente, et l’ensemble sonne aussi très cuivré, dans ses riffs parfois accompagnés de la voix instrumentale de Nora Sandal sur quelques titres, un bel ensemble bourré d’énergie contagieuse.
À découvrir en direct à Paris au FGO Barbara le 18 juin.
Fantaisie improbable pour flûte et harmonica (Lubans music 2022) est l’œuvre du duo Duologie avec Émilie Calmé aux flûtes et Laurent Maur à l’harmonica chromatique ou électronique. Improbable sans doute cette rencontre mais parfaitement réussie et maitrisée, sans aucune monotonie mais au contraire une diversité de moments musicaux intrigants et étonnants, entre Aube (en cinq mouvements) et Songe, Ombre et Lumière, Lotus et Valse des tricards… car la musique de rue, ils connaissent. Blade est une improvisation à l’harmonica électronique devenu synthé. Et qui se prolonge pendant le 4e moment d’Aube. Sur quelques titres, un rien de réverbération suffit à donner une autre couleur à l’orgue à bouche. Un bel album original et voyageur.
Le jour des Vermeilles (Yapa 2022) est l’œuvre du guitariste et compositeur Simon Chenet qu’il définit comme « world-jazz-musette-afro-latin », un ensemble aux inspirations multiples et cosmopolites mais tout à fait homogène dans le style musical décontracté et joyeux. Il est entouré d’Étienne Chenet à la basse, Xavier Hamon à la batterie, Mauricio Santana à la guitare rythmique, Koto Brava aux percussions et Alejandro Falcon sur trois titres au piano. On se promène sur le manche de sa guitare comme sur différents chemins qui se croisent et se différencient au fil des plages (terme plus joli que pistes). Bref un chouette album plein de notes et de couleurs.
À écouter au Sunset à Paris le 9 juin.
Alain Lambert
3 juin 2022
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Hamilton de Holanda et Roberta Sa avant Ludivine Issambourg à Jazz sous les pommiers — Carte postale de la 42e Fête des communautés Hérouville Saint-Clair — Gloria : José Montalvo et sa danse sans frontières — Malek : Kamilya Jubran et l'ORN en « chemins de traverses ».
alain@musicologie.org ; Alain Lambert, tous ses articles.
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Vendredi 3 Juin, 2022 13:13