2022 —— Michaël Sebaoun.
Paul Lewis, Romantic Music for Harp (1er enregistrement mondial), Rachel Talitman (harpe), Israël Strings Ensemble, sous la direction de Doron Salomon. Harp & Company 2021 (CD 5050-46).
Fondatrice du label Harp & Co, la harpiste Rachel Talitman a publié une impressionnante liste de disques. On y trouve notamment des programmes originaux : celui intitulé In the Light of Ravel (CD5050-39), d’une belle cohérence stylistique, avec des œuvres de musique de chambre avec harpe de Ravel, Robert Groslot, John Metcalf, Sergiu Natra et Michel Lysight.
Celui encore consacré à des compositeurs juifs peu connus du 20e siècle, Jewish Composers The Escapers (CD 5050-40) où, toujours autour de la harpe, la dimension mélodique est prédominante.
On n’oubliera pas de mentionner de précieuses monographies consacrées aux œuvres avec harpe du compositeur français Jean-Michel Damase (1928-2013).
C’est la musique de l’anglais Paul Lewis (né en 1943), qui se présente lui-même comme compositeur pour le concert, le cinéma et la télévision que nous découvrons avec cet album, Romantic Music for Harp.
Il s’ouvre sur Songs of Israel, un cycle basé sur trois chants traditionnels juifs. « Shalom Chaverim Fantasia » donne le ton stylistique du compositeur. Le thème exposé à la harpe déroule sa mélancolie, se pare de frémissements de cordes, de variations et de marches harmoniques, se mue en valse légère, est traité en cadence, puis dans un « style klezmer ». « Hava Nagila Rumba » s’appuie, dit le compositeur, sur des rythmes syncopés, tandis que « Mevo Hama Nocturne » est une pièce lente d’esprit onirique.
Suit Memories of Ambroisie, deux pièces pour harpe seule, « Au Cheval blanc » et « La Pâtisserie Bigot », écrites dans le souvenir ému de lieux et de personnes. Elles fourmillent d’invention derrière leurs accords de septième et neuvième.
Paul Lewis raconte dans la notice qu’un jour Rachel Talitman écouta Rosa Mundi (disponible sur YouTube) pour orchestre à cordes, et qu’elle souhaitait interpréter un concerto romantique dans la même veine.
C’est le Concerto Romantico, en quatre mouvements, à l’origine une musique pour un film, jamais tourné, relatant une histoire d’amour naissante dans un camp de concentration, finalement vécue de longues années après, au hasard d’une rencontre. L’œuvre touche nos cordes sensibles, même si l’Israël Strings Ensemble dirigé par Doron Salomon semble ici parfois un peu distant, dans le second mouvement, « Bitter-Swett Blues », notamment.
Le compositeur Paul Lewis a le don d’écrire des mélodies simples et pénétrantes, agréablement lancinantes, portées par la délicatesse de la harpe de Rachel Talitman et l’Israël Strings Ensemble. Un mariage artistique heureux, pour un disque hautement séduisant.
Michaël Sebaoun
19 janvier 2022.
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