musicologie

30 septembre 2022 — Jean-Marc Warszawski

Marion Leleu et Bertrand Giraud : trois sonates pour alto et piano de 1919

1919, Marion Leleu (alto), Bertrand Giraud (piano), sonates pour alto et piano de Joseph Ryeland, Paul Hindemith et Rabecca Clarke. Solo Musica 2022 (DM 410).

Enregistré les 23-30 avril 2022 au studio Stephen Paulello.

L’altiste Marion Leleu et le pianiste Bertrand Giraud nous offrent avec cet enregistrement un programme rare.

Ce n’est pas que Paul Hindemith soit un inconnu. Loin de là. Il est même un compositeur majeur du xxe siècle. Mais sa sonate pour alto et piano n’est pas une de ses œuvres les plus jouées. Il la composa peu après être revenu du front de la Première Guerre mondiale, alors qu’il abandonnait le violon au profit de l’alto qu’il jouait au sein du quatuor Amar. Comme les deux autres œuvres de ce cédé, sa sonate est empreinte de romantisme, de belles mélodies chantantes, d’élans expressifs et d’une virtuosité d’écriture qui lui est caractéristique. Peut-être faut-il plus entendre sa modernité d’époque dans les chromatismes et les mécaniques de motricité qu’à une adhésion à l’expressionnisme.

Joseph Ryeland (1870-1965), qui ouvre le programme ne sort pas de nulle part, mais de Belgique. Après avoir interrompu des études de droit pour étudier la composition, il fut directeur du Consevatoire de sa ville natale, Bruges, où il ne fit pas grand-chose pour promouvoir ses œuvres, qu’il délaissa au profit de la traduction littéraire. C’est le plus romantique des trois d’un beau chantant aux accents souvent populaires.

Rebecca Clarke, également inconnue au rayon musique, est anglaise, de mère allemande et de père américain. Elle vivra également aux États-Unis, peut-être naturalisée Américaine. À la maison, les arts sont encouragés, avec un père pas mal sauvage. Elle bénéficie de cours de musique, intègre le conservatoire, en est retirée quand un de ses professeurs la demande en mariage. Elle poursuit ses études musicales ailleurs, jusqu’à ce que son père la chasse du foyer familial. Elle fait alors une carrière d’altiste. C’est peut-être, dans cet enregistrement, la plus originale des trois, par la diversité thématique et le collage d’épisodes, alors que les deux autres sont arcboutés sur la solidité et la prégnance thématique. On y entend de discrètes interventions pentatoniques (ou des quintes à vide) et beaucoup moins discrètement le folklore irlandais... Mais aussi des ondoiements « impressionnistes ».

Il y a dans ces trois pièces les mêmes pulsions physiques, corporelles, vitales, de sensualité et de passion au premier degré.

Bertrand Giraud n’a pas résisté à l’attrait grandissant pour l’Opus 102 de Stephen Paulello, ce piano vaisseau aux 102 notes (au lieu de 88), à cordes parallèles. Tant mieux. Le piano a aussi fort à y faire.

Joseph Ryeland, Sonate pour alto et piano, opus 73, extrait du premier mouvement (plage 1).

Jean-Marc Warszawski
30 septembre 2022


Jean-Marc Warszawski, ses précédents articles

Myriam Barbaux-Cohen joue Mel BonisJean Sibelius : 7 mélodrames et un poème symphoniqueConcert d'ouverture 2022-2023 au Gewandhaus LeipzigSandrine Tilly et Anne Le Bozec : quatre sonates russes rutilantes.

Tous les articles de Jean-Marc Warszawski

rect_acturect_biorect_texte

À propos - contact |  S'abonner au bulletinBiographies de musiciens Encyclopédie musicaleArticles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale| Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.

Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil. ☎ 06 06 61 73 41

ISNN 2269-9910

bouquetin

Mercredi 5 Octobre, 2022 6:50