Caen, 10 novembre 2022 —— Alain Lambert

Marie Modiano, Peter von Poehl, Martin Hederos et l’ORN en ouverture des 30^e Boréales

Trente ans de Boréales, le festival en nord qui rayonne de Caen tous les mois de novembre dans toute la Normandie et autour de toute la culture nordique, livres, films, spectacle vivants, expositions, cuisine, et musique bien sûr. La Suède étant à l’honneur cette année, le rock viking de Skald et l’antifolk de Herman Dune sont déjà passés en prélude au Big Band Café.

Mais là, c’était l’ouverture officielle au théâtre de Caen avec l’Orchestre Régional de Normandie qui a lui 40 ans, conduit par Jean Deroyer. Pour accompagner un trio pop franco-suédois de trois auteurs, compositeurs, musiciens, Marie Modiano au piano et au chant, Peter von Poehl, son compagnon, aux guitares et au chant, et leur ami Martin Hederos aux claviers et aux arrangements de ce conte musical européen : Once Upon a Time in Paris, Stockholm.

Et c’est autour de cette amitié européenne que se déroule le spectacle qui n’est pas un simple tour de chant, mais une mise en mots, textes en français dits par la chanteuse ou messages téléphoniques enregistrés en suédois ou anglais, et traduits sur l’écran, pour parler d’abord de la pandémie, puis ensuite, dans la normalité revenue, de deux Ukrainiennes rencontrées par eux sur les quais de la Seine un soir d’été, et perdues peu après dans une camionnette en retour vers Kyiv. Le concert leur est dédié.

Quant aux chansons entre folk et rock, elles sont superbes, chantées la plupart du temps en duo, dans une étrange symbiose des deux voix se ressemblant et se différenciant au fil des mélodies. Side by side titre justement l’une d’elles. Les arrangements du claviériste font intervenir l’orchestre au bon moment en alternant souvent cordes et cuivres au gré de la palette des intensités.

En final, The bell tolls five, sur une ritournelle obsédante de synthé invite en plus la maîtrise de Caen en ample vocalise, et un jeune percussionniste à la caisse claire, au roulement maintenu tout le long de cette longue et belle chanson.

Et en faux rappel, après une intro symphonique, Peter von Poehl reprend sa Story of the impossible, connue en particulier par deux films français, L’arnacoeur et Hippocrate, dans une orchestration flamboyante, et avec la complicité du public sur le refrain.

Un beau concert d’ouverture pour un festival multiple déployé largement autour de Caen jusqu’à Cherbourg, Avranches, Flers, Mortagne-au-Perche, Évreux et Yvetot. Pendant dix jours.

Au théâtre de Caen, samedi 19, l’après-midi jazz dans les foyers à 15 h 30 avec le trio du pianiste suédois Stefan Orins et le soir à 20 h dans la grande salle le sextet du tromboniste suédois Nils Landgren avec en invitée la flûtiste normande et funky Ludivine Issembourg.

L’ORN sera lui le même samedi au théâtre de Falaise pour un programme Falaise Nordique.

Alain Lambert
10 novembre 2022
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