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Caen, le 19 février 2022 —— Alain Lambert.
Marcus & CookieMonkey & Safwen. Photographie © Patricia Segretinat.
Le Sillon, la salle de spectacle de la MJC du Chemin Vert à Caen, ouverte depuis 7 ans maintenant, était pleine des enfants du quartier et de leurs parents ce samedi soir. Marcus le rappeur, très ému de jouer chez lui, a grandi puis travaillé dans cette MJC. Même Orelsan, ado, l’a fréquentée avant de devenir la star qu’on sait.
Marcus et lui représentent deux variantes du rap français. Le premier né dans le quartier du Chemin Vert, comme Khalifa le chanteur reggae, est plus engagé, prolétaire assumé, contre la haine propagée par le national front, et le monde de la finance, de l’argent roi qui domine et exploite, en manque ou trop facile. Encore un titre au poing levé ! commence le spectacle. Le second, lui, vient de la classe moyenne, et même s’il a su devenir populaire, c’est un autre style, plus distancié, moins directement politique.
Marcus & les jeunes rappeurs. Photographie © Patricia Segretinat.
L’autre différence entre les deux Caennais, c’est la musique, « basique » chez Orelsan, pour bien accompagner les mots, alors que Marcus s’est entouré d’un vrai groupe, original, entre jazz rock et musique du monde, des musiciens déjà chroniqués ici dans d’autres projets musicaux, Anthony Billaud à la contrebasse, Manu Piquery aux claviers, Didier Dufour aux koras et Benjamin André à la batterie et aux voix. Avec qui il travaille les arrangements et à qui il laisse de longues plages d’intro et d’improvisation. Paroles et musique en partage dans un concert très orchestral dont une séquence impressionnante quand au batteur s’adjoignent les trois autres frappant chacun leur tambour, pour donner encore plus de frappe rythmique au texte.
Orchestral et très choral ce soir, car pendant leur semaine de résidence, ils ont travaillé avec des groupes d’enfants pour les intégrer à trois moments du spectacle. Les jeunes slameurs, racontant à leur tour comment ils ont vécu le confinement perturbant, trois rappeurs, dont une jeune fille revendiquant fièrement son droit au flow, et un chœur d’enfants pour le refrain d’un titre presque final. Sans oublier le moment de danse hip-hop avec Safwen qui bosse au Sillon.
Marcus & le petit chœur. Photographie © Patricia Segretinat.
Un concert festif et populaire très réussi, avec un groupe dont le premier album, sorti il y a un an, peut s’écouter ici.
Prochain concert de fin de résidence au Sillon le 27 février à 16 h 30 : les Divagabondes, groupe de vingt chanteuses.
Alain Lambert
19 février 2022
© musicologie.org
Cinq cédés jazzy à faire tourner les galettes de février — Priscilia Valdazo chante Barbara, enchanteuse de la nuit — Amélie Clément, OMEDOC, ORN, À la dérive des continents : un projet expérimental et créatif.
alain@musicologie.org ; Alain Lambert, tous ses articles.
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