musicologie

12 novembre 2022 — Jean-Marc Warszawski

Le Talistrio dans des œuvres de Casella, Rachmaninov et Yamada

Talistrio, Wenzel Gummer (piano), Elisa Gummer (violon), Takuro Okada (violoncelle), œuvres d'Alfredo Casella, Sergei Rachmaninov, Kōsaku Yamada. Solo Musica 2022 (SM 409).

Enregistré les 13-14 octobre 2021 et le 8 janvier 2022, Saal Baramundi, Kongress am Park, Augsburg.

Wenzel Gummer (piano), Elisa Gummer (violon), Takuro Okada (violoncelle), se sont réunis en Trio Talis, à Augsburg, au cours de l’année 2011. Depuis ils jouent essentiellement en Allemagne et au Japon.

Pour leur premier cédé, ils nous offrent un programme d’ampleur assez ambitieuse du début xxe siècle, d’Italie au Japon en passant par la Russie.

Les célèbres Sicilienne et Burlesque d’Alfredo Casella, son opus 23 composé vers 1914, pour flûte et piano, ont connu un très grand nombre d’arrangements pour pratiquement tous les instruments possibles, elles ont même été orchestrées. La version trio avec piano a été réalisée par Casella pour les besoins du Trio Italiano au sein duquel il se produisait avec succès (opus 23 bis). Une Sicilienne assez taciturne et sinistre, inquiétante, suivie par une vraie burlesque qui tire ses ressources de caricatures de marches militaires, mais non dépourvue d’une certaine sauvagerie. La guerre ?

Rachmaninov met les premières notes de son 2e trio élégiaque, quelques heures après l’annonce de la mort de Tchaïlowski, le 6 novembre 1893. D’une russophilie moins populaire que celle prônée par le Groupe des Six, Moussorgski en tête depuis une vingtaine d’années, Rachmaninov, comme Tchaïkovski, reste attaché à l’Occident.

Cette élégie est un immense souffle de près d’une heure, aux caractères élégiaques, rhapsodes et pathétiques. Les brefs élans de sérénité, voire de gaité, de colère sourde qui cogne le piano (roi), mettent en valeur, par contraste, le sentiment général de désolation, à la manière dont le sarcasme agit dans les œuvres de Chostakovitch, particulièrement dans les variations du second mouvement. Avec un sombre dernier mouvement qui s’achève rapidement « dans le sable », comme la 6e symphonie « pathétique » (ô combien) de Tchaïkovski.

Enfin Akatombo, une célébrissime chanson japonaise, sur un poème de Rofū Miki (Petite libellule rouge au coucher du soleil / Se reposant, attendant / Au bout d’une tige de bambou) composée pour les enfants en 1927 par Kōsaku Yamada (1886-1965). Une magnifique mélodie en huit mesures, qui sonne délicieusement suspendue et pourtant solide à l’oreille occidentale, parce que le mode pentatonique employé correspond à une gamme majeure de laquelle on aurait retiré le quatrième et le septième degré, nécessaires à asseoir la tonalité.

C’est un très bel enregistrement, virtuose, avec une excellente balance entre les instruments qui participe au superbe rendu sonore.

Sergei Rachmaninov, Trio élégiaque en mineur, opus 9, premier mouvement (extrait), plage 3.

Jean-Marc Warszawski
12 novembre 2022


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Samedi 12 Novembre, 2022 13:38