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Caen, 14 octobre 2022 —— Alain Lambert

Isango Ensemble : Treemonisha en création sud-africaine

Isango EnsembleTreemonisha, Isango Ensemble, Théâtre de caen. Photographie © Philippe Delval Théâtre de Caen.

Une création originale au théâtre de Caen, coproduite avec les théâtres de Luxembourg, Tourcoing et Créteil. Et une recréation pour cet opéra, Treemonisha, de Sott Joplin (1868-1917), écrit en 1911, mais jamais joué avant 1972, et peu rejoué ensuite. L’auteur n’avait pu éditer à ses frais que la partition piano-chant de son vivant.

C’est de cette partition que sont partis les artistes sud-africains de l’ensemble Isango pour adapter leur version à un orchestre de marimba, aux ondoiements rythmiques et boisés, en contraste avec le ruissellement métallique de piano du maître américain du ragtime. Oublions un peu la naïveté du livret, pas plus mièvre que de nombreux livrets d’opéra, tout en ayant le mérite de parler de la vraie vie des gens, avec de vrais problèmes propres à la communauté noire, qu’elle soit américaine ou sud-africaine.

Puisque l’argument a été transposé dans un township où l’éducation pourrait faire reculer les problèmes liés à la pauvreté et à la drogue. On retrouve d’ailleurs une mise en scène proche de leur relecture de La Flûte enchantée vue à Caen en 2019, sur une scène inclinée avec les marimbas chromatiques installés de chaque côté, où les chanteurs musiciens se relaient sous la conduite de Mandisy Dyantyis.

Les danses de mineurs et villageois transposent un peu plus le décor, comme les chants en langue xhosa ou zoulou, entre deux moments en anglais quand Treemonisha, intérprétée par Nombongo Fatyi, fait la classe ou dialogue avec le chœur des villageois, quand les dealers viennent vendre leur huile magique, ou l’enlever, une fois devenue la chef du village. Des chœurs remarquables, quelle que soit la langue chantée, de belles voix aussi, en particulier dans le beau duo entre Masakana Sotayisi, le père, et Paulina Malefane, la mère, qui croient leur fille toujours disparue.

Si l’éducation est nécessaire, elle n’est peut-être pas suffisante pour pardonner aux gangsters forcément repentis, comme semble le penser Joplin, mais son optimisme musical fait de son opéra populaire une fête joyeuse et ambiancée.

À voir encore à Créteil du 19 au 21 octobre, et à Luxembourg du 25 au 27 octobre.

 

 

Alain Lambert
2022
© musicologie.org


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alain@musicologie.org ; Alain Lambert, tous ses articles.

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