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3 mars 2022 —— Alain Lambert

Cinq cédés jazzy pour attendre le printemps.

Entre jazz acoustique ou électrique, toujours éclectique : Pronto du quartet de Daniel Erdmann & Christophe Marguet, Forêts du trio Tatanka, Winter suite du quartet de François Bernat, Nunataq² du trio d’Alexandre Herer et Building and piano studies de saxophoniste et pianiste Robin Nicaise en groupe et en solo.

 

Pronto (Mélodie en sous-sol 2022) est le disque d’un duo qui s’est créé en 2010, Daniel Erdmann au ténor et aux compos, Christophe Marguet à la batterie et aux compos, devenu quartet depuis avec Hélène Labarrière à la contrebasse et Bruno Angelini au piano. Francis Marmande en préface d’album semble reprocher au patois des Kritiques de jazz made in France  le mot « thème » qui me semble depuis longtemps utilisé par les musiciens quand ils annoncent leur « morceau » en concert, à cause de son caractère non totalement écrit, évolutif, et improvisé. Et c’est vraiment ce qui se passe avec la musique du quartet qu’on sent fluide, toujours en devenir, à l’écoute, prête (pronto) à se transformer lors du prochain concert. Un très beau disque tout en nuances acoustiques.

En concert de sortie justement le 1er avril à Fontenay-sous-Bois.

Forêts (La Bissonne 2022) est l’œuvre du Trio Tatanka mené par Emmanuelle Legros à la trompette, au bugle, au piano jouet ou aux voix, et aux compositions. Guillaume Lavergne est aux claviers et signe une compos, Corentin Quemener et à la batterie et aux percussions et signe une composition. Une musique inventive et colorée, comme la pochette aux pastels. Tout commence en symbiose entre trompette, claviers et batterie, avec un peu de piano-jouet et de voix à la fin. Puis, après quelques thèmes, le piano lancinant donne une autre tonalité à ce voyage musical, et la trompette se fait plus rêveuse. Avec Thelonious, In walked Bud devient java de bastringue. Avant d’accéder aux Ruines et au Jour d’après la nuit. Un bel album plein de surprises.

En concert le 7 mars au festival Jazz'Alp, le 8 avril au théâtre de Roanne , le11 juin à Saint-Claude (Jura), le 30 juillet à Annemasse.

 

Winter Suite (Jazz family 2022) est le fruit acoustique d’un quartette sans piano ni guitare mené par le contrebassiste et compositeur François Bernat avec Frédéric Borey au sax ténor, Paco Andréo au trombone et Stéphane Adsuar à la batterie. D’où le son parfois West Coast comme dans Bons baisers de Pantin,mais avec des sonorités aussi plus récentes, comme dans Révolte, car la New Thing est aussi passée par là. Et le jazz ne s’est jamais arrêté à une période précise. Les six derniers titres forment la « suite d’hiver » éponyme, en trois mouvements ouverts par un solo de basse puis séparés par un solo de batterie et un solo de cuivres en duo. Quelque chose de Jerry Mulligan relu par Eric Dolphy. Un univers extrêmement original en tout cas, à apprécier en toutes saisons.

Concert de sortie le 27 avril au Sunset à Paris.

 

Nunataq² (Onze Heures Onze 2022) est dû au trio du pianiste, claviériste et compositeur Alexandre Herer, très impliqué dans le collectif 11h11 et sa périphérie musicale. Accompagné de Gaël Pétrina à la basse électrique et de Pierre Mangeard à la batterie, le cédé débute par Fram, qui comme Arktos ou Tundra, sont plutôt pop jazz. Mais avec en invité Magik Malik à la flûte sur Choral and Sarabande, la musique enroulée de la flûte frise l’expérimental. Tor convie Julien Pontvianne au sax ténor, du collectif 11h11 lui aussi dans une quête du son apaisé .Ice Shelf fait entendre le sax alto tumultueux de Denis Guivarc'h. Et l’album se clôt sur 9-8-7-6-5 avec B.C. Manjunath au mridangam indien au rythme ensorcelant et au synthé ondulant et chantant. Un chouette album.

Concert de sortie le 23 mars à la Petite Halle à Paris.

 

Building and piano studies (Clapson 2021) est un album à double entrée, d’abord sur quatre titres, le quintette du saxophoniste ténor, pianiste et compositeur Robin Nicaise, avec Fred Pasqua à la batterie, Yoni Zelnik à la contrebasse, Sandro Zerafa à la guitare et Clément Simon au piano et Fender Rhodes, le tout enveloppé par un quatuor à cordes qui introduit les thèmes, Building. Waiting for other times, La source et les colore fortement. Le quatrième, Inner light, ajoute le son du piano électrique à l’arrangement de cordes d’où survient le saxophone. Que Robin Nicaise abandonne ensuite en se mettant au piano pour 13 études, s’ouvrant sur le même dernier titre. Un double jeu musical, du sophistiqué arrangé et improvisé, au minimalisme presque chantonné sur le clavier.

Alain Lambert
3 mars 2022
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Jeudi 3 Mars, 2022 4:28