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Caen, 16 et 19 mars 2022 —— Alain Lambert.

40e édition du festival Aspects des musiques d’aujourd’hui

K/D/M à gauche) et l'orchestre de Caen en répétition (à droite). Photographie © D. R.

Quanrante ans que ce festival, avec un nom un peu modifié, existe, un des rares en France, qui nous a fait basculer d’un siècle à l’autre pour les musiques contemporaines, et ses représentants conviés, joués par l’orchestre de Caen ou des interprètes invités dans le grand auditorium. Mais aussi par les élèves du conservatoire en avant-concert dans le petit auditorium. Travaillant parfois leurs partitions en masterclasse, comme ce mercredi après midi avec Martin Matalon, le compositeur franco-argentin, invité 2020 revenu en 2022, qui leur a écrit trois duos, et leur donne ses indications pour mieux les affiner, car ils se débrouillent plutôt bien.

Autre [aspect] du travail avec les jeunes, le mini-concert qui suit, permet à ceux qui comme moi n’ont pas pu assister au concert d’ouverture la veille, d’en réentendre les deux tiers. Et pour les très jeunes musiciens de venir avec leurs parents à un horaire moins tardif et une durée moins longue. Un vrai concert avec un vrai programme et un orchestre au grand complet dirigé par Léo Warinsky.

Au moins pour la première œuvre, de Martin Matalon justement, en écho à son duo de percussions mélodiques en fin de masterclasse. Le K/D/M concerto écrit en 2010 pour le trio K/D/M (Adélaïde Ferrière et Aurélien Gignoux aux percussions et Anthony Millet à l’accordéon), mais jamais joué en Europe encore. Et quel dommage ce serait de ne pas avoir entendu ce très grand orchestre, avec ses quatre cors qui rutilent et rugissent, parmi tous les autres, en répondant aux doubles marimbas, vibraphone, tambour au roulement frappé des mains, pour cadrer le rythme sans être trop militaire, plus toutes les plus petites percussions aux sons multiples. Dans la lignée de Varèse avec ce grondement d’orchestre puissant plein de parasites et ce ruissellement continu de sons percussifs. L’accordéon sonne un peu comme un bandonéon sur quelques mesures avant de produire des bruits déchirés au clavier et asthmatiques au soufflet. On en ressort tout étourdi et tout ébouriffé.

Il faut bien le changement de plateau pour se remettre et redécouvrir Ravel grandeur nature, avec une œuvre pour piano orchestrée en 1920. L’orchestre s’est réduit, mais le Tombeau de Couperin sonne superbement de toutes ses couleurs et de toutes ses danses aux allures anciennes, mais aux ruptures de rythme très modernes. Un plaisir centenaire.

Le quatuor en répétition. Photographie © D. R.

2022, 1920 et aussi 1982, année première du festival. Une dizaine de professeurs du conservatoire, tous remarquables, ont choisi ce samedi de rendre hommage aux compositeurs américains de cette année-là, et en Bluejeans pour symboliser l’époque, en choisissant quelques plus ou moins petites formes comme les Rational Melodies de Tom Johnson pouvant « être jouées par n’importe quel instrument, dans n’importe quelle octave ou transposition ». Six exemples sont proposés, au piano, à la voix, au violon, violon et violoncelle, voix et basson, flûte… mais auraient pu l’être autrement. C’est d’ailleurs tout le concert qui se déroule ainsi de façon détendue, aléatoire et créative, en commençant par un quatuor de Terry Riley, Sunrise of the planetary dream, composé lui de séquences aléatoires sans indications de jeu que les quatre interprètes ont joué de façon plutôt swing. Autres très beaux moments, la chanson de Philip Glass Hebeve song pour soprano, clarinette et basson, les pages pour piano d’Aaron Copland qu’il venait de retravailler alors, ou en final le Vermont Counterpoint de Steve Reich pour flûtes et bande magnétique. Bref un magnifique voyage dans un temps musical fort riche, et qui n’a pas pris une ride.

Prochain mini concert pour les enfants A seize cordes à Epron le 3 avril, car les miniconcerts tournent autour de Caen.

À noter aussi que le conservatoire pilote le projet DEMOS sur les quartiers populaires de Caen Hérouville, Colombelle Ouistreham en offrant à des enfants la possibilité d’apprendre un instrument (prêté) et de participer à un grand concert en juin.

Alain Lambert
16 et 19 mars 2022
© musicologie.org
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Lundi 21 Mars, 2022 13:44