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31 décembre 2021 —— Jean-Marc Warszawski.

Trois sonates fin de siècle pour violon et piano

Sonates françaises : Fauré, Saint-Saëns, Franck, Saskia Lethiec (violon), Jérôme Granjon (piano). Cascavelle 2021 (VEL 1654).

Enregistré les 29-31 janvier 2021, Salle Érard, Paris.

Originaire de Nice, Saskia Lethiec a étudié le violon au Conservatoire de Genève, puis elle s’est perfectionnée au Conservatoire national supérieur de Paris et à la haute école de musique de Cologne. Lauréate de concours notoires, elle a engagé une carrière de soliste et de chambriste, notamment au sein du trio Hoboken et du quatuor Lugha. Elle enseigne au Conservatoire de Versailles et anime des classes de maître en France et à l’étranger.

Originaire de Marseille, Jérôme Granjon a obtenu ses premiers Prix de piano et de musique de chambre au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Il mène une carrière internationale de soliste et de chambriste et enseigne au Conservatoire de Paris ainsi qu’au national supérieur de Lyon.

Siaska Lethiec et Jérôme Granjon se donnent la réplique depuis 2003 au cœur du trio Hoboken et forment, depuis 2016, un duo pianoforte- violon encordé en boyau, consacré aux répertoires des, xviiie et xixe siècles. Ils interprètent Carl Philip Emmanuel Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, Ludwig van Beethoven, Franz Schubert, Johannes Brahms, mais aussi, par ordre d’apparition à l’état civil, César Franck, Camille Saint-Saëns et Gabriel Fauré auxquels est consacré leur premier cédé à deux.

Une œuvre de jeunesse pour le dernier-né, avec la sonate opus 13, en la majeur, dédiée au violoniste Paul Viardot, dont la sœur est alors l’amoureuse de Fauré. Créée en 1877, cette sonate devance de dix ans celles de ses deux aînés.

La sonate opus 75 (1) de Saint-Saëns, en mineur, en deux mouvements, créée en 1885 par Martin-Pierre Marsick et le compositeur, est une œuvre de la maturité (comme toutes ses compositions en fait).

En 1886, César Franck est âgé de 64 ans quand il compose sa 5e sonate, en la majeur, créée la même année par Eugène Ysaÿe et Marie-Léontine Bordes-Pène.

Le duo nous fait entendre un échantillon de musique française (parisienne) de la fin du xixe siècle, qui ouvre le xxe, ou plutôt une musique qui cherche ou participe à fonder son identité nationale. Peut-être la germanophobie viscérale de Saint-Saëns amène-t-elle à considérer ce phénomène comme une réaction anti-allemande (anti-wagnérienne) après la guerre de 1870. Mais dans les milieux bourgeois, où l’on écoute (et joue) de la musique académique, c’est plutôt la haine du peuple et des communards qui emporte la réaction post 1870. Mais il est vrai que la recherche d’identité s’élabore souvent par le rejet en miroir des autres.

La recherche d’un ancrage territorial de la musique, national, voire populaire, historique est un mouvement général de toute l'Europe. Les gens ne sont plus les sujets de lignées aristocratiques transfrontalières, les grands centres d’activité musicale passent des cours et demeures seigneuriales aux salons et cercles bourgeois. On puise dans les musiques populaires jusque là méprisées ou dans une histoire fantasmée. L’exercice est un peu plus difficile, à plusieurs titres, pour les musiques française, allemande, italienne, qui monopolisaient les cours européennes, et qu’on a bizarrement considérées comme « universelles » en opposition aux musiques « nationales ».

Ces trois échantillons de musique française (parisienne) de la fin du xixe siècle sont pourtant trois chefs-d’œuvre de trois mondes différents. Les thèmes cycliques, les chromatismes, le sens théâtral, voire descriptif, de Franck, qu’on pourrait rapprocher de Franz Liszt. La clarté classique (se réclamant de Rameau), l’imagination, la virtuosité sans limites, et la précision horlogère de Saint-Saëns. La poésie particulière de Fauré cherchant la modernité dans des archaïsmes et des modalités d’un terroir ancien fantasque.

Nous aurions imaginé un violon un peu plus incisif, un peu plus conquérant dans les premières mesures et exposition de la sonate de Gabriel Fauré qui inaugure cet enregistrement, à part cela, nous nous sommes laissé porté par l’imagination des compositeurs et des interprètes sans l’ombre d’une objection.

Gabriel Fauré, Sonate pour violon no 1 en la majeur, opus 13, IV. Allegro quasi presto (plage 4).

plume 7 Jean-Marc Warszawski
31 janvier 2021


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Vendredi 31 Décembre, 2021 3:04