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Cormolain, le 5 novembre 2021 —— Alain Lambert.

Rhoda Scott, l’organiste « vintage » à Jazz dans les prés.

Jazz dans prés à Cormolain avec Rhoda Scott. Photographie Jean Maris.

Cormolain dans le Calvados, à presque 50 km de Caen et pas loin de Saint-Lô, de la forêt de Cerisy, d’Isigny et d’Omaha Beach au nord, vers la mer. On traverse la petite ville dans la nuit et on tourne à droite avant la campagne pour accéder au « zénith » (comme dit l’un des présentateurs) de Cormolain, une grande salle des fêtes spacieuse avec un parking et des lampadaires.

On l’a déjà dit ici, le principe de Jazz dans les près, c’est d’amener la culture hors des centres culturels urbains, pour les habitants des territoires ruraux, en neuf triples concerts par saison de mars à novembre, un dans le Calvados, le soir suivant dans l’Orne et l’après-midi d’après dans la Manche. Et ce soir, la salle est bondée, transformée comme d’habitude en salle de spectacle par l’équipe technique de JDLP, avec jeux de lumière, enceintes et acoustique impeccable. Manque juste une estrade pour les deux musiciens assis qu’on devine dans la forêt des têtes.

Ce concert a une longue histoire. Il devait ouvrir la sixième saison en mars 2020, le vendredi où le grand confinement a débuté, et il clôt donc la septième. Visiblement Rhoda Scott, l’invitée nationale et internationale est ravie de reprendre l’aventure, en voisine aussi car elle a une maison dans l’Orne. L’ami Jean, photographe du jour malgré l’éclairage surexposé, l’avait vue à Coutances et trouvée un peu en retrait des autres. Mais là, tout va bien, la dame aux pieds nus de 83 ans est en grande forme, tricotant du pédalier, contente du public, de jouer avec de jeunes musiciens locaux, Guillaume Chevillard, la cheville musicale de JDLP, à la batterie, Pierre Millet à la trompette et Manuel Decocq au violon (deux du trio Ana Kap). Elle nous présente fièrement les musiciens plusieurs fois, et aussi son orgue Hammond B3 facturé en 1965, « une année vintage » avant d’ajouter qu’elle est-elle même « une organiste vintage ».

La bonne idée du concert, au niveau de l’équilibre des timbres, c’est d’avoir juxtaposé à l’orgue et à la batterie une trompette et un violon (un clin d’oreille au trio magique HLP, Humair, Louiss, Ponty ayant marqué le jazz français dans les années soixante, vintage !). Un concert soul, funky et bluesy qui à part quelques rares morceaux moins connus nous rejoue les grands standards réinventés à chaque fois, quand on les reconnaît dès la troisième note. Les feuilles mortes, So What, Misty, Mercy, Mercy, Mercy, Take the A Train… Et en rappel Moonlight Serenade, une barcarolle, accolée à Isn't She Lovely avec son éclat de trompette. Une organiste lyrique au leslie symphonique, une batterie tout en nuances, une trompette aux dérapages bien contrôlés et un violon délié et éthéré. Un beau cocktail musical qui a emballé le public du voisinage.

En attendant la 8e saison de JDLP, le jazz revient au théâtre de Caen, pour le festival des Boréales, le 20 novembre à 15 h 30, dans les foyers encore, le Danois Carsten Lindholm et son trio nordique. Et au conservatoire de Caen le quartet Sleeper Train le 9 novembre.

Alain Lambert
5 novembre 2021
© musicologie.org


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Dimanche 7 Novembre, 2021 2:07