musicologie

janvier 2021 —— Jean-Marc Warszawski.

Pierre Fouchenneret et Éric Le Sage sonatent Brahms en piano et violon

Brahms, Intégrale de le musique de chambre (iv), sonates pour piano et violon, Pierre Fouchenneret (violon), Éric Le Sage (piano). B Records 2019 (LBM 020).

Enregistré au théâtre de Coulommiers le 31 octobre 2018.

Volume quatre de l’intégrale, enregistrée en public par B Records, de la musique de chambre de Johannes Brahms, consacré aux sonates pour violon et piano, avec les excellents Pierre Fouchenneret (violon) et Éric Lesage (piano).

Johannes Brahms a composé six sonates pour violon et piano, il en a détruit 3, il a également composé un mouvement en scherzo, en 1853, il a tout juste vingt ans, pour une sonate collective. Quarante-deux années séparent ce scherzo de la troisième sonate et 25 ans de la première.

À l’automne 1853, le célèbre violoniste Joseph Joachim arrive à Düsseldorf pour des concerts. Il y est accueilli par les Schumann et leur admiré Johannes Brahms. Ils ont décidé de lui offrir une sonate collective, et par amusement d’évoquer son état de célibataire avec une devise « Frei aber einsam » (F A E), « libre, mais seul », la devise donnant trois notes thématiques F (fa), A (la), E (mi). Albert Dietrich a composé le premier mouvement, Robert Schumann, le second et quatrième, Johannes Brahms le troisième. Joseph Joachim devant trouver qui avait composé quoi. Le scherzo fut publié en 1906, la sonate complète en 1935.

Vingt-cinq ans plus tard, il compose la première sonate au retour d’un voyage en Italie, en compagnie de son ami le chirurgien, Theodor Billroth. Une œuvre un peu suspendue entre modes majeur et mineur, non sans quelque mélancolie, et un mouvement lent funèbre, que l’on rapproche de la visite qu’il fit à son filleul Félix Schumann, fils de Clara et de Robert, alors à Palerme pour se faire soigner de la tuberculose. Theodor Billroth l’ayant examiné déclara l’état du malade irréversible. Brahms a versé au Fonds Schumann les 1000 thalers qu’il a reçus de son éditeur Simrock pour cette sonate.

La seconde, « Dans l’attente d’une amie chère » est tout aussi autobiographie et flottante. L’amie chère est la cantatrice Hermine Spies qui doit lui rendre visite, avec quelques amis, sur les r

rivages du lac de Thoune, en Suisse, où il séjourne. Le premier mouvement est construit sur des chansons qu’il a composées pour son amie : « Immer leiser wird mein Schlummer » et particulièrement « Wie Melodien zieht es », qui ressurgit en écho dans le second mouvement. Chant encore dans le troisième mouvement évoquant un chant à couplets alternés et une inflexion rustique, une sorte de ton folklorique norvégien.

Enfin, la troisième sonate, dans laquelle le piano prend le pouvoir, évoque ce que Brahms pensait être la musique hongroise, c’est-à-dire la musique tsigane.

Un beau moment de musique de chambre plein romantique, d’élans en tous genres et de sensibilité, de fougue en nostalgie.

 

 Jean-Marc Warszawski
janvier 2020


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Lundi 18 Janvier, 2021 3:41