musicologie

8 janvier 2021 —— Jean-Marc Warszawski.

Ludwig de quatre à cinq avec le quatuor Zaïde

Quatuor Zaïde et Bruno Delepelaire, Ludwig, Ludwig van Beethoven, sonate pour violon et piano opus 49 no 9, « Kreutzersonata » arrangée pour quintette à cordes, Quatuor no 3 opus 18. Nomadmusic 2020 (NMM 079).

Enregistré à la Seine Musicale en décembre 2019.

Réuni en 2009, le Quatuor Zaïde semble avoir bien fonctionné de suite, sur le front des concours à récompenses et les scènes à musique d’un peu partout au monde. Quatre femmes à la touche et seize chevilles : Charlotte Maclet (violon), Leslie Boulin Raulet (violon), Sarah Chenaf (alto), Juliette Salmona (violoncelle), avec pour cet enregistrement le renfort du violoncelliste Bruno Delepelaire, ce qui n'est pas rien.

Nous avons eu la chance d’entendre les Zaïde fêter leur dixième anniversaire et quatrième cédé au musée Gustave Moreau, à Paris. Même si rien ne vaut la musique en concert, nous retrouvons avec cet enregistrement les magnifiques qualités sonores et musicales, travaillant l’émotion à chaque coup d’archet, il n’est pas une note qui ne soit habitée. Nous ne sommes pas étonné que des pointures comme Gordan Nicolic aient apporté lumières et conseils aux débuts de l’ensemble, qui à son tour, par de nombreuses classes de maître, passe le flambeau.

Le cédé s’ouvre par une curiosité surprenante, surtout si, comme à notre habitude, on ne prend pas le temps de lire le livret et à peine la jaquette. Il s’agit en fait d’un arrangement pour quintette à deux violoncelles de la sonate no 9 opus 47 de Ludwig van Beethoven, dite « Kreutzersonata ». Cette sonate dédiée au violoniste anglais George Bridgetower, qui la créa au 24 mai 1803, avec Beethoven au piano. À la sortie du concert Bridgetower aurait tenu des propos insultants envers une femme, ce qui aurait fâché tout rouge tout noir Beethoven. Un coup de gomme deux coups de plume, la dédicace est alors passée à une autre bête sacrée française du violon : Rodolphe Kreutzer, lequel trouvant l’œuvre injouable ne la joua donc jamais. Il est vrai que cette sonate laissa le public un peu médusé par tant d’emportement et de nouveautés de ce Beethoven qui ne pouvait jamais faire comme les autres.

On ne sait qui a réalisé cet arrangement publié quelques années après la mort du quatrième grand Viennois, mais elle est magistrale, avec ici et là son effluve d’Est parfois épique, parfois élégiaque (mais aussi une tarentelle). Ce souffle qui a peut-être inspiré La sonate à kreutzer, le célèbre roman déprimé de Léon Tolstoï, publié en 1889.

En seconde partie, le quatuor no 3 opus 18, de quatre années plus jeune que la sonate. Plus proche de l’héritage de ses aînées Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart, moins romantique aussi, qui prend toutefois du large dans le deuxième mouvement et s’envole au quatrième.

Ludwig van Beethoven, sonate pour violon et piano opus 49 no 9, « Kreutzersonata » arrangée pour quintette à cordes, 3e mouvement, plage 3 (extrait).


 

 

 Jean-Marc Warszawski
8 janvier 2020


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Vendredi 8 Janvier, 2021 3:47