musicologie

samedi 23 octobre 2021

Journées Gabriel Dupont (1878 - 1914)

novembre 2022, Caen
Appel à projet musicologique (Contributions libres)
conservatoire-orchestre.caen.fr, 1 rue du Carel, 14000 Caen.

Le Conservatoire & Orchestre de Caen organisera en novembre 2022 des journées d’étude consacrées au compositeur Gabriel Dupont. Le présent appel à communication s’adresse aussi bien aux jeunes chercheurs qu’aux spécialistes confirmés et encourage  les  propositions  centrées  sur  le  parcours de ce musicien, sur ses productions ou encore sur le milieu musical dans lequel il a évolué.

Ouvertes aux disciplines musicologiques, historiques, ou littéraires, ces journées d’études accorderont également une place aux travaux sur l’interprétation et à l’audition des œuvres de Dupont, notamment ses mélodies. Masterclass et concerts compléteront ainsi les conférences et tables rondes organisées autour des chercheurs.

Les réponses à cet appel sont attendues avant le 20 janvier 2022 et doivent être adressées par mail à Constance Himelfarb : c.himelfarb@caenlamer.fr Elles doivent comprendre un titre, un résumé d’intervention en français (2000 signes max.) indiquant notamment les principales sources mobilisées, ainsi qu’une courte note biographique. Deux formats de présentations sont proposés : 20 ou 45 minutes.

Hommage à un « enfant du pays », ces célébrations témoignent de l’intérêt du Conservatoire & Orchestre de Caen pour le patrimoine musical local. Elles ne se limitent pas aux journées d’étude présentées ici, mais l’occuperont au cours des saisons 2021-2022 et 2022-2023. La numérisation et la mise en ligne du « fonds Dupont » conservé dans ses murs en sera une première étape. L’audition de l’intégrale des mélodies du compositeur à l’automne 2022 constituera un autre moment phare.

Trop proche ou trop lointain, le « moment 1900 » – berceau de notre modernité – reste pourtant méconnu et trop souvent résumé à l’activité de quelques artistes, tels Debussy ou Stravinski : ces arbres imposants cachent une forêt dont on aurait tort de supposer l’uniformité. Aussi bien Belle Époque que prélude à la Première Guerre mondiale, le tournant du siècle cherche inlassablement de nouvelles voies esthétiques, partagées entre une quête du progrès et une tentative de renouer avec le passé. Les révolutions industrielles ont permis une accélération exceptionnelle des temps de transports et de communication : la mondialisation des échanges musicaux est à l’ordre du jour, mais elle implique également une transformation du paysage sonore quotidien, parasité par le bruit incessant des machines. Gabriel Dupont, dont Le Chant de la Destinée fut dirigé par Edgar Varèse – son ancien condisciple de la Schola – à New York en 1919, bénéficia de cette internationalisation, tout en privilégiant, dans ses productions, un imaginaire symbolique situé dans des atmosphères champêtres ou désertiques. Les contributions pourront interroger la production de ce compositeur selon des angles tantôt normands, parisiens ou plus internationaux, en s’inspirant des axes listés ci-dessous.

Axes de recherche

Écoles et chapelles

Vocalité(s)

Contexte littéraire et esthétique

Les espaces de Gabriel Dupont

Comité de pilotage : Constance Himelfarb (Conservatoire & Orchestre de Caen) et Étienne Jardin (Palazzetto Bru Zane).

Éléments biographiques

Gabriel Dupont (1878 - 1914)

À la fin du siècle, une nouvelle classe de musiciens est mise à l’honneur en France. Le marché des pianistes-virtuoses de la monarchie de Juillet a vécu. Désormais la gloire des organistes-compositeurs est au zénith (parfois, celle de pianistes reconvertis!). L’orgue mythique du Trocadéro retentit en 1878 sous les doigts de Guilmant lors de l’inauguration de l’Exposition Universelle. À Paris, César Franck, Gabriel Fauré, Saint-Saëns incarnent sous la IIIe République les figures de proue musicales de l’âme nationale. La trajectoire de Gabriel Dupont, remarquable musicien natif du Calvados, puis actif dans la capitale, trace un sillon encore peu connu au sein d’une époque d’exaltation artistique.

L’enfant Gabriel paraît en 1878, alors que l’édifice du centre-ville se dote d’un orgue Cavaillé-Coll flambant neuf, inauguré à Caen en 1881 par Guilmant. Ainsi, Achille Dupont (organiste titulaire de l’église Saint-Pierre de Caen, ami de l’illustre Guilmant) forme son fils à l’instrument d’église. Dès lors, la carrière du jeune Caennais, depuis la Normandie native jusqu’aux ors de l’Opéra de Paris est lancée.

Fulgurante et discrète, elle s’interrompt à l’aube de la Grande Guerre. Jalonnée par la formation au Conservatoire de Paris, sous la protection de l’illustre Widor au tournant du siècle. L’accès privilégié à la composition est désormais acquis pour l’artiste. Vers 1900 un vaste catalogue s’étoffe : production de chambre, art lyrique comme mélodies de salon. Gabriel Dupont se lie avec le milieu symboliste. Son frère, bibliothécaire à Guimet et orientaliste a pu jouer là un rôle. L’autre frère, proche, fréquente l’atelier de peinture de Gustave Moreau. Gabriel montre de l’intérêt pour la Revue blanche, comme en atteste la qualité raffinée et sensible de ses mélodies.

L’hypothèse d’une inclinaison de l’artiste en faveur du courant scholiste et de ses idéaux semble plausible. Le sujet folklorique et régionaliste de son opéra La Glu (1913), convoque l’esprit de Vincent d’Indy : « Ces Parisiennes de malheur, ça ne vaut pas les belles filles du Croisic ! » y chante t-on en chœur, sur le livret de Richepin.

L’œuvre du jeune homme (disparu à 36 ans de la maladie du siècle, la tuberculose) frappe par un éclectisme stylistique fin de siècle. Un tel modèle renvoie-t-il à un ordre esthétique, social, ou encore économique?... Dénote- t-il encore une singularité psychique de l’auteur? L’œuvre si prolifique de Saint-Saëns, l’autre gloire normande ou celle de Massenet, gloire lyrique du temps ne pose-t-elle pas des questions analogues ?

Par-delà le plaidoyer de Jankélévitch pour la musique de Dupont, lié au climat profond et mélancoliques de ses titres, l’heure semble venue d’actualiser cette présence.

Éléments bibliographiques

. Maurice Léna, « Gabriel Dupont, Souvenirs » in : Le Ménestrel (18 mars 1921)

. Maurice Dumesnil, « Gabriel Dupont, Musician of Normandy » (1878-1914) in :The Musical Quarterly, vol. 30, no. 4, 1944, pp. 441–447

. Vladimir Jankélévitch, La Rhapsodie, verve et improvisation musicale, Paris, 1955

. Philippe Simon, Gabriel Dupont Musicien oublié, Séguier, 2001

. Emmanuel Sauvlet, Gabriel Dupont, du Vérisme à l’Impressionnisme, parcours d’un musicien français à l’entre-deux siècles (thèse). Presses Universitaires du Septentrion, Lille 1999.

. Manfred Kelkel, Naturalisme, vérisme et réalisme dans l’opéra de 1890 à 1930. Vrin, Paris 1984.



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Samedi 23 Octobre, 2021