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21 mars 2021 —— Alain Lambert.

Cinq cédés jazzy pour échapper au reconfinement

Cinq univers très divers pour quitter l'hiver. D'abord la Fractal Guitar de Stephan Thelen, entre rock allemand et jazz progressif, puis la guitare acoustique à double manche d'Abaji dans Blue Shaman, la grave voix de Laura Prince  dans Peace of Mine, le piano bluesy de Tristan Melia dans Mistake Romance. Enfin les Morricone Stories du quartet de Stefano de Battista sur grand écran.

Fractal Guitar 2 (MoonJune 2021) du guitariste américain d'origine suisse Stephan Thelen a été conçu en grande partie pendant le grand confinement de 2020, d'où ce besoin tangible d'explorer les paysages musicaux du rock allemand des années soixante dix, le premier long morceau s'intitule d'ailleurs Cosmic Krautrock. Puis Mercury Transit, Ladder to the stars, Celestial navigation... ce ne sont pas des synthés qui créent l'ambiance planante mais plusieurs guitares arpégées en boucles, plus une batterie lourde, alliée à des percussions profondes, qui propulse la mécanique sonore sur laquelle évolue la guitare « fractale » du soliste sur « des motifs de retard en cascade dans des signatures de temps impaires ». Un bel album hypnotique à la frontière du jazz progressif.

 

Blue Shaman (Absilone 2021) d'Abaji, musicien multi-instrumentiste, chanteur, compositeur né au Liban d'origine arménienne, vivant en France depuis 40 ans, et collectionneur de plus de 500 instruments dont il a appris à jouer, commence par Nâtir où, comme dans d'autres morceaux, il chante, en libanais et en français en s'accompagnant de sa guitare double manche, dont l'un sans frettes, de l'oud, du kemenche à archet et des percussions. Dans Celtic blues, et trois autres, il est accompagné de l'accordéoniste écossais Donald Shaw et du flûtiste Michael McGoldrick. Blue Shaman met en valeur la guitare à double manche, oriental et occidental. Un disque étonnant de musiques du monde, et plus encore.

 

Peace of Mine (CQFD 2021) de Laura Prince, née d'un père togolais et d'une mère française, est un superbe disque de jazz vocal, dont le directeur musical, le pianiste Gregory Privat, a trouvé le juste équilibre entre voix grave et piano envoûté, fort bien accompagnés par Tilo Bertholo à la batterie, Zacharie Abraham à la contrebasse, et Inor Sotilongo aux percussions. Pianiste, chanteuse, compositrice et ethnomusicologue, elle va se lancer, grâce à sa rencontre avec Grégory Privat, et ce premier cédé est enregistré à Meudon. On y découvre son univers au jazz intemporel, entre rythmique et ballade, mais aussi slammé dans Musical Inspiration, et accompagné d'un quatuor à cordes dans In your eyes, et Scared of dark. A écouter sans modération.

 

Mistake Romance (Jazz family 2021) de Tristan Melia, jeune pianiste et compositeur, commence par The essential dont l'intro romantique vire très vite au blues virtuose. Mistake Romance sonne aussi très classique, puis introduit syncope et swing dans le jeu des variations improvisées. Ready to Go redécouvre le plaisir du boogie. Les compositions alternent avec les standards, Soul Eyes de Mal Waldron, savamment déconstruit, Smile de Charlie Chaplin, limpide, introduit à Enfance où le piano devient boite à musique. Après la suite 500 Miles, Someday My Prince Will Comme, My Old Flame et The Nearness of You, Piano des souvenirs porte bien son nom, avec son sens de la mélancolie. Et aurait pu tout aussi bien servir de titre à ce joli album.

 

Morricone Stories (Warner Music 2021) du saxophoniste Stefano Di Battista est un hommage au grand compositeur disparu l'an dernier, façon jazz, avec un trio de bons truands pour l'accompagner, Fred Nardin au piano, Daniele Sorrentino à la contrebasse et André Ceccarelli à la batterie. À part Peur sur la ville, le thème au hautbois de  The Mission et The Good, The Bad and The Uggly, ce ne sont pas forcément  les plus connus du maestro, mais on reconnaît toujours le sens mélodique que le quartet réinvente très bien, avec ce saxophone, alto ou soprano, chaleureux, ce piano cascadant et chantant, cette contrebasse vibrante et la batterie à l'affût et toute en nuances. Flora avait été écrit pour le saxophoniste, qui prend grand plaisir à récréer ce riche répertoire.

Alain Lambert
8 avril 2021
© musicologie.org


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