musicologie

vendredi 12 mars 2021

Cherubini à l'Auditorium de Lyon

Jan Willem De Vriend. Photographie © Marcel Van Den Broek.

L’Orchestre national de Lyhon retrouve son premier chef invité, Jan Willem De Vriend dans un programme « héroïque » autour de grandes figures masculines du début du xixe siècle européen : les compositeurs Luigi Cherubini et Ludwig van Beethove, mais aussi ceux qui les ont inspirés : Louis xviii et Napoléon !

Luigi Cherubini est né à Florence, il s’installe à Paris à l’âge de vingt-sept ans, en 1787. Il fonde en 1789 une compagnie d’opéra parrainée par le futur Louis xviii. De par ses relations royales et l’apparition d’un nouvel opéra italien, la popularité de Cherubini chute jusqu’à provoquer sa ruine durant la période Napoléonienne. Il songe à abandonner la composition pour se consacrer à la peinture et à la botanique !

Cherubini renoue avec l’écriture en 1809 grâce à une œuvre d’église. Dès lors, il délaisse l’opéra qui a fait sa gloire pour composer des messes et de nombreux motets en latin. Le succès est tel qu'il est nommé, sous Louis xviii, surintendant de la musique du Roi. En 1817, il crée son plus grand succès, un Requiem, admiré par Brahms, Schumann et Berlioz. Beethoven admirait l’œuvre au point qu’on la joua à ses propres obsèques en 1827 !

D’une puissance saisissante, la courte marche funèbre est composée en 1820 pour les funérailles du Duc de Berry, l’héritier du trône. Si Beethoven considérait Cherubini comme le « plus grand compositeur vivant », on songe également aux foudroyantes pièces sacrées de Berlioz.

Jamais un compositeur ne s’était montré aussi grandiose que Beethoven avec sa 3e symphonie, tout en respectant le cadre formel de la symphonie. Rien que la durée de son premier mouvement (plus d’un quart d’heure) était inhabituelle à l’époque. Seul le célèbre Hymne à la Joie de la Symphonie no 9 sera plus long parmi les mouvements des œuvres de Beethoven. Par sa démesure et sa solennité, la symphonie no 3 dite « Héroique » ouvre grandes les portes du romantisme et inaugure une période novatrice et monumentale.

Vers 1800, comme beaucoup de ses contemporains, Beethoven considère Napoléon comme le sauveur de l’Europe voire de l’humanité entière. Chaque page de l’« Héroique » résonne de l’espérance d’une société nouvelle. En 1804, le soldat corse se couronne empereur lui-même, provoquant le dégoût et la colère du compositeur. De rage, Beethoven aurait déchiré le titre de sa symphonie pour changer l'inscription de « Bonaparte » (le premier titre envisagé) en « Sinfonica Eroica, composta per festeggiare il sovvenire di un grand uomo – Symphonie héroïque, composée pour célébrer le souvenir d'un grand homme ».

Il se pourrait bien que l’héros de la pièce soit en réalité Beethoven lui-même. Si le premier mouvement symbolise une victoire, le deuxième est une cuisante et tragique défaite. En 1802, le compositeur allemand signe son « Testament d’Heiligenstadt » dans lequel il exprime son désespoir face aux premières atteintes de sa surdité. Les deux derniers mouvements de l’« Héroïque » pourraient ainsi apparaître comme la reconquête d’un musicien renouant avec sa musique et avec lui-même.

Samedi 13 mars 2021, 20 heures, en retransmission vidéo, chaîne YouTube de l'Orchestre national de Lille.


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Vendredi 12 Mars, 2021