musicologie

dimanche 23 mai 2021

30 juin-1er juillet : Beethoven variations, Salle Colonne

La Nouvelle Athènes sauve une partie du Beethoven Variations Festival sur le piano Rosenberger 1820, initialement prévu en novembre 2020.

Le 30 juin à 19h30, pour la première fois à Paris, le duo Olga Pashchenko et Anna Besson joueront un programme Variations on Folksongs, qui met à l’honneur des airs britanniques variés par Beethoven, ainsi que d’autres pièces de Friedrich Kulhau, Eugène Walckiers et Franz Doppler.

Le 1er juillet à 19h et 20h15, sera consacré au trio « L’archiduc » et à la sonate « Waldstein ».

Michael Levinas propose une rencontre entre son trio Stimmung sur instruments modernes et celui de Laura Granero, l’ensemble Marie Soldat, sur le piano Rosenberger 1820 : deux interprétations successives des mêmes œuvres suivies d’une table ronde à 21h30.

30 juin, duo Olga Pashchenko et Anna Besson

Étonnamment, le répertoire romantique pour flûte est souvent méconnu, aucun compositeur « illustre » n’ayant écrit pour cet instrument. Pourtant, nombre de compositeurs – souvent flûtistes eux- mêmes – ont rendu hommage à l’instrument favori des musiciens amateurs au XIXe siècle, sans hésiter à déployer une grande virtuosité dans l’écriture.

Le pittoresque des airs populaires venant des brumes nordiques faisait partie de l’esthétique pré-romantique. C’est dans les premières années du XIXe siècle que l’éditeur écossais George Thomson se décide à réunir les talents du poète Robert Burns et du compositeur Ludwig van Beethoven. On connaît l’intérêt de ce dernier pour la variation — laboratoire de ses recherches formelles. 

Après 126 chansons arrangées pour piano et voix, le compositeur se lance en 1819 dans de nouvelles variations pour piano et accompagnement de flûte sur 17 airs populaires. Certaines de ces recherches seront reprises dans les variations Diabelli.

Ce concert proposé par deux artistes à l’avant-garde de la relecture du répertoire romantique fera dialoguer les deux opus 105 et 107 de Beethoven avec deux compositeurs contemporains Friedrich Kulhau — actif à Copenhague — et le flûtiste Engène Walckiers ainsi que leur héritier Franz Doppler. Complétant l’évocation de l’univers de l’époque, une chaconne inspirée de Händel sera le matériau baroque des variations pour piano solo WoO80.

Pour l’écoute des œuvres entendues aujourd’hui, je propose une lecture du processus créateur beethovénien qui me paraît procéder de ce mouve ment complexe et très complémentaire évoqué plus haut :

1. l’élaboration beethovénienne des formes, redistribue les dessins contrapuntiques inédits souvent brisés sur plusieurs registres, les grilles harmoniques et modulantes, les fonctions expressives. Il s’agit d’une exploration magistrale des « possibles » du système tonal, de l’héritage baroque à l’heure du tempérament égal, par delà les spécificités des timbres instrumentaux.

2. simultanément à l’héritage du XVIIIe siècle, la recherche « très moderne et anticipatrice » des timbres de la lutherie en pleine recherche évolutive, notamment la quête des nouvelles dimensions acoustiques de la résonnance sympathique et spatiale, l’amplification du son.

Ce sera notamment le cas pour le corpus des 32 sonates et la musique de chambre. Ces œuvres ouvriront la voie au piano romantique à l’orchestre du XIXe siècle, à un immense répertoire faisant référence souvent à Beethoven, et ce du 26 mars 1827 à nos jours.

Michael Levinas

1er juillet 2021, 19h :

Trio Stimmung : Michael Levinas (piano moderne), Christophe Giovaninetti (violon), Raphaël Chrétien (violoncelle).

Ensemble Marie Soldat, Laura Granero (piano Rosenberger 1820), Clive Brown (violon), Aldo Mata (violoncelle).

Au sein de ce festival valorisant l’interprétation inspirée des modes jeux historiques, ce concert ouvre l’écoute en proposant d’entendre le trio opus 97 «L’archiduc » et la sonate « Waldstein, opus 53, sur instruments modernes puis anciens.

L’écoute des interprétations successives — les unes faisant entendre les sonorités instrumentales de la fin du baroque et les modes de jeux faisant référence aux traités de l’époque, les autres sur instruments modernes — aidera à saisir une part du cheminement d’un Beethoven, homme du XVIIIe siècle polyphoniste et harmoniste, qui ouvre le passage au XIXe siècle.

Beethoven développait de nouvelles formes d’écritures qui reliaient les découvertes des structures inédites du système tonal et les recherches acoustiques d’une lutherie en pleine évolution. L’écriture du compositeur s’inspirait de ces recherches et les facteurs d’instrument répondaient aux exigences créatrices du compositeur. Ce processus de collaboration entre l’acousticien et le compositeur (méthode de travail typiquement beethovénienne) est encore bien actuel dans la création contemporaine…

Variations et méditations musicales atteignent ici les sommets que Beethoven s’est attaché à créer.

Une musique qui touche l’âme et au-delà comme il le signale à Schindler au sujet du trio « Archiduc » opus 97 : « L’Andante, je le considère comme l’idéal le plus élevé de la sainteté et de la divinité. Ici les mots ne signifient plus rien, ce sont de mauvais serviteurs de la parole divine, la musique l’exprime ».

Les variations de cet Andante ne sont plus motiviques mais selon Boucourechliev « chimiques, elles attaquent en profondeur la substance du thème, les instruments semblent accompagner quelque chose mais quoi ? C’est l’ombre du thème qui peu à peu s’épaissit dans la trame… ».

21h30 : Table ronde avec Michael Levinas, Laura Granero, Emmanuel Reibel.


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Dimanche 23 Mai, 2021